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PAR ABDOULAYE AHMED SEYE

NI VENGEANCE, NI OUBLI, UNE CATHARSIS RÉPUBLICAINE

Le vote par l’Assemblée nationale de la loi d’interprétation de l’amnistie de mars 2024, bien qu’il s’inscrive dans un registre juridique, constitue un événement éminemment politique et symbolique. Il marque un moment de bascule...

Abdoulaye Ahmed Seye  |   Publication 19/04/2025

Le vote par l’Assemblée nationale de la loi d’interprétation de l’amnistie de mars 2024, bien qu’il s’inscrive dans un registre juridique, constitue un événement éminemment politique et symbolique. Il marque un moment de bascule, une tentative de réinscription du pays dans une trajectoire de réconciliation, de reconnaissance des fautes, et de reconstruction démocratique. Ce geste, au-delà de son apparente technicité, est une forme de parole institutionnelle et mémorielle : il acte que les violences subies entre 2021 et 2024 ne relèvent ni de l’oubli, ni de l’indifférence, mais d’une histoire collective que le pays décide d’affronter lucidement.

Car ce fut bien plus qu’une opposition politique que le pouvoir en place à l’époque a cherché à faire taire. C’est un peuple tout entier qui a été confronté à une dérive autoritaire, marquée par la systématisation de la répression, l’instrumentalisation de la justice, et la banalisation des atteintes aux droits fondamentaux. Le pouvoir ne s’en était pas rendu compte, mais le peuple, lui, avait franchi un seuil : il était devenu révolutionnaire. Dans l’épreuve, il a acquis une conscience politique nouvelle, forgée par l’expérience directe de la brutalité d’État. Comme l’écrivait Sartre à propos de l’Occupation : « Jamais nous n’avons été plus libres que sous l’Occupation. » Cette liberté paradoxale naît du dévoilement des rapports de domination, et de la nécessité vitale d’y résister.

La répression, dans ce contexte, n’a pas seulement pris la forme spectaculaire que l’on associe aux dictatures les plus brutales. Elle s’est aussi exercée dans la routine des arrestations arbitraires, dans la violence banalisée des forces de l’ordre, dans le zèle administratif de fonctionnaires , parfois même dans l’indifférence générale. Le concept de banalité du mal, forgé par Hannah Arendt, trouve ici un écho saisissant : le mal ne s’impose pas toujours dans la cruauté, mais souvent dans l’ordinaire. Il devient un automatisme, une tâche accomplie , peut être , sans haine ni passion, mais avec une efficacité bureaucratique. Ce caractère dirimant du mal – sa capacité à neutraliser tout sursaut moral en se dissimulant dans l’ordre établi – est l’un des traits les plus inquiétants de la période écoulée.

Au demeurant, ce mal ordinaire n’aurait pu se perpétuer sans un mécanisme d’impunité soigneusement entretenu. L’absence de sanctions, le silence des institutions de contrôle, et la couverture légale offerte aux auteurs d’abus ont produit un climat où l’illégalité devenait une forme de gouvernance. La violence n’était plus l’exception : elle était intégrée à la gestion du pouvoir. Elle devenait un outil de régulation du dissentiment, un langage politique assumé.

La loi d’interprétation ne saurait être comprise comme une simple mesure procédurale. Elle est, en profondeur, un acte cathartique. Une tentative de réaffirmer les principes d’un État de droit à partir de l’expérience de leur déni. Elle est une reconnaissance des souffrances, mais aussi un miroir tendu aux anciens détenteurs du pouvoir. Ceux-là – politiques, intellectuels, religieux, journalistes – qui ont, par leur silence, leur rhétorique ou leur collaboration active, contribué à édifier une architecture d’oppression, doivent aujourd’hui faire acte de contrition. Non au nom d’un règlement de comptes, mais d’un impératif moral et démocratique. Car il ne peut y avoir de réconciliation sans reconnaissance. Pas de pardon sans lucidité.

Dans cette séquence où la nation cherche à reconstruire une mémoire politique lucide, il est moralement et historiquement inconcevable que certains anciens responsables du régime déchu s’expriment aujourd’hui avec autant d’assurance, parfois même avec condescendance, depuis les tribunes républicaines. Eux qui furent aux avant-postes du pouvoir – ou qui en validèrent les dérives par leur silence ou leur rhétorique – devraient, par devoir de conscience, faire preuve de retenue. Leur parole publique, en ce moment précis, ne peut être neutre. Elle engage une responsabilité devant l’histoire. Ceux qui n’ont pas su prévenir l’irréparable, ceux qui ont légitimé l’oppression, ceux qui se sont tus alors que la justice était instrumentalisée, ne peuvent aujourd’hui se dédouaner sans un minimum de lucidité morale. Le silence, dans leur cas, n’est pas un renoncement : c’est le seul hommage possible à la douleur des victimes.

Certains moments de l’histoire imposent le silence à ceux qui ont failli, la honte à ceux qui ont trahi et la justice à ceux qui ont souffert. Aujourd’hui est un de ces moments. Aujourd’hui, nous devons dire tout ce qui s’est passé, sans détour, sans compromis, sans faux-semblants. Car les crimes commis contre le peuple sénégalais entre 2021 et 2024 ne doivent pas rester impunis. Ceux qui ont tué, ceux qui ont ordonné, ceux qui ont justifié méritent la même punition et la même honte que les dirigeants nazis à Nuremberg.

Le moment politique que traverse le Sénégal est donc moins un retour à l’ordre qu’un passage initiatique. Il s’agit de penser une démocratie post-crise, non plus fondée uniquement sur l’alternance ou la légalité formelle, mais sur la mémoire, la redevabilité et la transformation des institutions. La vigilance citoyenne doit désormais être inscrite dans la culture politique, au même titre que le respect des lois. Ce n’est plus aux seuls gouvernants de garantir les libertés : c’est à la société tout entière de maintenir la promesse démocratique vivante.

La résistance populaire – multiple, protéiforme, pacifique ou militante – a montré qu’il est possible de briser le cycle de l’impunité. Elle est devenue un contre-pouvoir, un principe actif de reconfiguration du lien civique. Ce n’est qu’en maintenant cette tension démocratique que le pays pourra construire une mémoire politique apaisée et féconde. Et c’est aussi la condition pour que le droit, l’histoire et l’éthique cessent d’être des domaines cloisonnés, pour devenir les instruments conjoints d’un avenir plus juste.

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