POURQUOI LA DIASPORA SÉNÉGALAISE DE FRANCE VOTE PEU ?
Le Sénégal fait partie des tout premiers pays d’Afrique subsaharienne à avoir accordé à ses ressortissants vivant à l’Etranger le droit de vote pour l’élection Présidentielle

Le Sénégal fait partie des tout premiers pays d’Afrique subsaharienne à avoir accordé à ses ressortissants vivant à l’Etranger le droit de vote pour l’élection Présidentielle.
En 1984, Le Président Abdou Diouf crée un poste de ministre délégué chargé des Sénégalais de l’extérieur. En 1993, c’est un tournant qui aboutit à la mise en place d’une Direction des Sénégalais de l’extérieur et, en 1995, a vu le jour le conseil supérieur des Sénégalais de l’extérieur.
A la suite des élections contestées de 1998, il fait des concessions à l’opposition et engage une réforme du Code électoral. Ce fut une négociation âpre qui a conduit à des innovations telles que la systématisation de l’isoloir, la représentation des partis dans les bureaux de vote, l’abaissement de l’âge du droit de vote à 18 ans et le droit de vote des Sénégalais de l’extérieur.
Cette dernière disposition, revendiquée par les immigrés, a engendré la création de différentes cellules affiliées aux partis politiques sénégalais. Contrairement aux idées reçues, la diaspora ne fait pas l’élection car, elle ne représente que 3,9% du corps électoral.
En 2009, la CENI (commission électorale nationale autonome) a interrogé l’intérêt sur le maintien du vote des sénégalais de l’extérieur au regard du nombre d’inscrits, du taux de participation et du coût que cette élection engendre. En France, l’inscription ou la réinscription sur les listes électorales relève du parcours de combattant.
En effet, une journée ou deux, souvent les samedis, sont consacrées aux Sénégalais qui souhaitent accomplir leurs devoirs de citoyens. Il faut parcourir parfois plusieurs kilomètres pour s’y rendent. Aussi, beaucoup de Sénégalais profitent de leur séjour au pays pour obtenir leur carte d’identité et s’inscrivent par conséquent sur les listes au Sénégal. C’est à l’heure du choix, qu’ils se rendent compte qu’ils ne peuvent pas voter en France. Le souci majeur demeure l’éloignement des bureaux de vote des liens de résidence de certains sénégalais.
Au Sénégal, les électeurs votent dans leurs villages ou dans leurs quartiers. En France, il faut parfois parcourir 80, voire 100 kilomètres pour choisir ses représentants. A titre d’exemple, les Sénégalais de Rouen sont amenés à voter au Havre, ville située à 90 kms environ. C’est simplement, demander aux Dakarois d’aller voter à Mbour voire à Joal. C’est souvent, les représentants des partis au pouvoir qui louent des cars pour acheminer les électeurs, dont, parfois, ils ne connaissent pas leurs appartenances politiques.
Les citoyens qui veulent exercer leurs droits doivent se rendre au Havre avec leurs propres moyens. Le coût total peut revenir à 45€ (30 000 F CFA) par véhicule individuel. Il faut donc être un citoyen extraordinaire ou un militant convaincu pour participer aux élections. Ces facteurs participent au faible taux de participation de la diaspora sénégalaise en France. Or, l’estimation du nombre de nos concitoyens est environ de 300 000, dont 33 000 inscrits sur les listes électorales. Il est important de souligner que l’électorat de la diaspora n’est pas déterminant pour choisir le Président de la République du Sénégal.
Le «Ndiguel» (recommandation) des immigrés n’est plus un facteur clef pour les élections sénégalaises. Gagner les élections en France n’est qu’un symbole. (Nous y reviendrons prochainement dans une de nos chroniques). Le vote de la diaspora coûte très cher à l’Etat sénégalais, (1% d’inscrits, plus de la moitié ne vote pas). Il est néanmoins le seul lien d’attachement démocratique que nos citoyens ont avec leur pays d’origine. C’est aussi un désir de vivre intensément ces temps démocratiques et sans procuration.