QUELLE SORTE DE DEMOCRATIE EST LA NOTRE ?
Le président Senghor, en quittant volontairement le pouvoir disait ceci : « Si vous vous adonnez à la démocratie, le pays sera promis à un avenir radieux. »

Le président Senghor, en quittant volontairement le pouvoir, a tenu, dans son dernier message à la nation, le 31 Décembre 1980, à recommander aux sénégalais, la démocratie. En substance, il disait ceci : « Si vous vous adonnez à la démocratie, le pays sera promis à un avenir radieux. »
Nous n’avons pas le droit d’oublier cette parole de sage, quelles que soient les circonstances auxquelles nous seront confrontées. La démocratie et la démocratie seulement pour accéder au pouvoir. Mais quelle sorte de démocratie avons-nous ? Une démocratie s’apprécie surtout à son fonctionnement. La majorité gouverne et l’opposition s’oppose, mais dans l’élégance, le respect mutuel comme cela se passe dans les grandes démocraties tels les Etats-Unis, la France, l’Allemagne ou le Royaume-Uni, par exemple.
Notre démocratie repose sur une constitution, des partis politiques, des élections, des tribunaux, mais aussi sur le parlement dit Assemblée Nationale. Chacun de ces piliers, joue sa partition dans la marche de notre expérience démocratique. La constitution, en tant que texte juridique qui présente des lois et des règles et qui organise l’exercice du pouvoir politique est l’élément fondamental de la démocratie. Les « Toubab » sur qui nous copions presque tout en ont un respect quasi religieux. Il ne la taille pas, ni à la mesure de ceux qui exerce le pouvoir, ni à ceux de l’opposition mais à l’intérêt exclusif du peuple. Cependant, elle doit s’adapter à l’évolution des mœurs. Sa protection est assurée par le conseil constitutionnel.
Tout le monde doit se confronter à ses arrêts. « BUKO DEFE, JAMM AME. » Une démocratie, c’est aussi des partis politiques. Il en existe à foison au Sénégal. Même les grandes démocraties n’en comptent pas autant. Mais cela témoigne tout de même de la vitalité de notre démocratie. Le rôle des partis, entre autres, est d’inviter les citoyens à participer activement à la vie politique. De ce point de vue, la démocratie ne se limite pas au choix des dirigeants. Elle ne se ramène pas à l’obtention d’un résultat politique particulier, comme certains le croient – Président de la République, député ou conseiller municipal – C’est un processus grâce auquel le citoyen s’instruit par sa propre participation.
Aussi, découvre-t-il son aptitude à diriger ; mais en outre concertée au processus gouvernemental – notamment au niveau local – il contribue à son éducation personnelle. Comme l’affirme Aristote, celui qui porte la chaussure sait où elle blesse. Que veut dire le philosophe ? A mon sens, il veut dire par là que, dans une démocratie, celui qui fait le mauvais choix peut en subir les conséquences ; il veut également dire qu’en portant la chaussure on apprend à mieux choisir la prochaine fois. Ou, comme le dit John Stuart Mill, la fin dernière de la démocratie n’est pas de produire des Lois, mais de développer l’entendement des citoyens. Donc, mes chers concitoyens, Attention au choix de 2024 ! « Bu Lèène Kène nax » ! Une démocratie qui fonctionne bien, c’est aussi et surtout des élections régulières et transparentes à date échue. Le calendrier électoral doit être respecté et rigoureusement. Il ne doit obéir à aucun calcul « politicien ». Sous ce rapport, nous devons aspirer à atteindre le niveau, pourquoi pas, des grandes démocraties américaines et européennes.
En matière d’élection, quelle qu’elle soit, du reste, l’attitude de l’électeur est simple. Il doit se dire ceci : « J’échange mon vote contre une promesse contenue dans un « programme » – « Yonu Yokuté » - par exemple : si les dirigeants tiennent cette promesse, je renouvellerai l’échange. Sinon, la prochaine fois – 2024 -, j’échangerai mon vote contre les promesses et le « programme » d’un autre candidat. » Ce modèle de démocratie est logique et sensé, et il tient compte des complexités de la vie moderne.
Par ailleurs, dans une démocratie digne de ce nom, le rôle majeur que doivent jouer les cours et tribunaux doit être sans équivoque. Ici, celui du conseil constitutionnel, épine dorsale de notre vie démocratique, ne doit souffrir d’aucune suspicion. Sur la question d’une « éventuelle candidature », les « sages » sont bien sûr, attendus.
Rappelons qu’une constitution n’est que l’ensemble des lois fondamentales qui dans un pays tel que le nôtre règle l’organisation et les rapports du gouvernement – pouvoirs publics – et qui éventuellement détermine les principes qui régissent les relations entre les gouvernés et les gouvernants – droit de manifester par exemple – Une démocratie, c’est aussi une Assemblée Nationale. Nous l’avons. L’Assemblée Nationale, pour rappel, est un corps législatif dont les membres sont les députés qui représentent l’ensemble de la nation – et pas un président. Elle est investie d’une double mission, qui sont le rôle législatif et le rôle budgétaire.
En effet, elle élabore, amende et vote les Lois, contrôle le budget ainsi que l’action du gouvernement, dans le cadre de la séparation des pouvoirs – Théoriquement – Mais tout de même, elle existe et fonctionne tout bien que mal, en tant qu’institution. Au Sénégal, toutes les institutions fonctionnent sous l’œil vigilant de la presse.
Autrement dit, la liberté de la presse, d’expression qui est une garantie constitutionnelle est une réalité chez nous. Comme on le voit, tous les piliers qui soutiennent une démocratie digne de ce nom, sont bien en place au Sénégal. Dès lors ne peut-on pas dire que le Sénégal est une démocratie ? Si, elle l’est ! Elle est même une démocratie moderne et pluraliste !
Aussi, dois-je marquer mon désaccord avec ceux qui soutiennent que le Sénégal est en recul démocratique. Pas du tout ! Sa démocratie est bouillonnante. Sinon, les EtatsUnis, avec l’invasion du capitole seraient-ils en recul démocratique ? Non quand même ! Comme toute œuvre humaine, la démocratie n’est pas parfaite. Elle est toujours à faire. J’invite les acteurs politiques – moi, je suis loin d’en être un – pouvoir comme opposition, à jouer le jeu avec élégance et démocratie ; mus par un seul souci : Le bien-être et l’intérêt supérieur du Sénégal ; «Ni balles, ni pierres !»