ABDOUL MBAYE SABLE LE COUSCOUS DU GOUVERNEMENT
Le leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le Travail (AcT), Abdoul Mbaye, est revenu dans un long texte sur le satisfecit donné par le Fonds Monétaire International (FMI), le mois dernier, au Sénégal.

Le leader de l’Alliance pour la citoyenneté et le Travail (AcT), Abdoul Mbaye, est revenu dans un long texte sur le satisfecit donné par le Fonds Monétaire International (FMI), le mois dernier, au Sénégal. L’ancien premier ministre et banquier de formation estime que ce ne sont que de fausses solutions et la confirmation d’un nécessaire réajustement structurel.
En lisant le communiqué du FMI publié le 23 septembre dernier, l’homme politique a été frappé par la manière dont le document a été rédigé. Il soutient qu’il a été fait par des diplomates et non par des économistes. «Son analyse oblige donc à s’interroger sur le sens des oublis, les temps de conjugaison utilisés, sans omettre quelques contradictions économiques et financières. Cette analyse est d’autant plus nécessaire que beaucoup se sont empressés d’en considérer le contenu comme un satisfecit délivré par le FMI à la politique économique du Sénégal», a dit l’ancien patron de la CBAO. Selon lui, une telle attitude à caractère hautement politique ne saurait bien entendu ne pas provoquer une réplique.
Dans ce satisfecit, Abdoul Mbaye n’a pas manqué de relever des oublis qui touchent plusieurs secteurs de notre économie. «L’accompagnement du FMI devrait porter sur la mise en œuvre d’un programme économique baptisé «Phase 2 du PSE ». Mais nulle part la phase 1 de ce même Plan Sénégal Émergent (PSE) et son bilan ne sont évoqués. La raison est celle d’un échec sur lequel il ne serait pas convenable de s’étendre ; il s’agit non pas de celui d’une «phase 1 du PSE» qui n’a jamais existé, mais du début de la mise en œuvre de ce PSE», a constaté celui qui a été le premier chef du gouvernement sous l’ère Macky Sall. Abdoul Mbaye estime que l’entrée dans une pré-émergence ne s’apprécie pas au regard d’un taux de croissance, mais à la construction de fondamentaux qui donnent une assise à une croissance durable.
Or, pour l’ancien chef du gouvernement, ces fondamentaux n’ont pas pu être bâtis au cours des premières années du PSE. «Le renforcement du capital humain n’a pas eu lieu, l’amélioration de l’environnement des affaires devant porter l’accroissement du rôle du secteur privé dans l’accélération de la croissance a été absent, la compétitivité de l’économie ne s’est pas renforcée de manière significative à la faveur notamment d’une énergie qui demeure trop chère et insuffisamment disponible, la diversification de l’économie n’a pas eu lieu», lance-t-il. Ter ET Airbus NEO Il cite d’autres aspects de l’économie nationale devant être la locomotive du développement, mais qui connaissent toujours du retard. C’est le cas du développement industriel et de la diversification des exportations qui sont au point mort .Il soutient que la réalisation des infrastructures n’a pas été pensée dans l’objectif de construire de la compétitivité, mais plutôt pour la satisfaction d’égos politiciens et en vue de projeter l’image d’un «président bâtisseur » dans la perspective de futures élections. Le coût du TER et l’acquisition d’avions Airbus Neo n’ont pas été épargnés par le leader du parti ACT.
Et les fondamentaux n’ayant pas pu être réalisés, l’ancien premier Ministre en déduit que les mauvaises décisions prises compliquent grandement le démarrage de cette phase 2 du PSE. «Et c’est pour cette raison que l’oubli du FMI devient blâmable car il permet de taire l’évidence suivante : il est bien plus difficile de construire les bases de l’émergence aujourd’hui que cela ne l’était en 2014, date du début du PSE», a-t-il constaté. Dans la deuxième partie de son texte, l’homme politique explique les fausses solutions que veut imposer le FMI au Sénégal.
Et pour lui, dans le but de rassurer les populations, les bailleurs et autres investisseurs, les autorités ont remis au goût du jour les vieilles recettes et vieux engagements de l’exécutif, ressassés depuis plus d’une vingtaine d’années. «Ainsi, le secteur public étant désormais hors du coup pour justifier une croissance aussi élevée (plus de 6% par an), il est prévu que le secteur privé prenne le relais. Mais puisqu’il ne l’a pu jusqu’à présent, cela passe par un certain nombre de réformes en cours depuis vingt ans», regrette-t-il. En guise de conclusion, Abdoul Mbaye déclare que le FMI est satisfait de l’option prise par le Sénégal, consistant à privilégier le service de la dette par des mesures d’accroissement de recettes qui contribueront malheureusement à l’éviction du secteur privé national.