ARRESTATION «MUSCLEE» DE ME BABACAR NDIAYE DE PASTEF
L’ordre des avocats exprime sa stupéfaction et exige sa libération sans délai

Me Babacar Ndiaye de Pastef ne sera pas seul dans son face-à-face avec la justice. Ses confrères se sont déjà constitués en boucliers autour de la robe noire. Dans un communiqué rendu public hier, le Conseil de l’Ordre des avocats lui a manifesté son soutien total; non sans exiger sa libération sans délai.
Après avoir dissout le Pastef, le pouvoir s’est orienté dans une purge des partisans d’Ousmane Sonko pour différentes raisons. Pour la plupart, ils sont poursuivis pour appel à l’insurrection, et actes de manœuvres de nature à compromettre la sécurité publique.
Mais pour Me Babacar Ndiaye, c’est tout à fait autre chose. Le militant de Pastef et conseil d’Ousmane Sonko a été arrêté vendredi dernier par la Sûreté urbaine du commissariat central de Dakar parce que suspecté d'avoir participé à l'évasion de son collègue français Juan Branco qui était entré dans le pays en cachette en trompant la vigilance des gardes frontaliers du côté de la Gambie. Me Ndiaye est ainsi placé en garde-à-vue sur instruction du Procureur Général pour recel de malfaiteurs.
Mais le Conseil de l'Ordre des Avocats du Sénégal ne l’entend pas de cette oreille. Dans un communiqué signé par son Secrétaire général, il exprime sa stupéfaction suite à cette interpellation en violation des règles de procédure. Dans la note, il est écrit que cette arrestation, intervenue à la suite d'une simple lettre d'information du Procureur Général reçue le même jour par leBâtonnier, est une violation flagrante de l'article 6 du Règlement N°05 de l’UEMOA sur l’harmonisation des règles de la profession d'avocat dans l'espace, qui prescrit la consultation préalable du Bâtonnier avant toute poursuite, arrestation ou détention. «Maître Babacar NDIAYE a été nuitamment appréhendé dans les locaux de la section de recherches de la gendarmerie de Colobane, où il se trouvait dans le cadre de l'exercice de ses fonctions», déplore l’ordre des avocats. Qui fustige dans la foulée le fait que Me Ndiaye ait été violemment interpellé, les mains menottées dans le dos, avant d’être acheminé manu militari à la Sûreté urbaine, où, jeté au violon, il est gardé à vue depuis lors, toujours sur instruction du Procureur Général.
Selon le Conseil de l’ordre des avocats, le Parquet Général ne saurait, suivant les intérêts du moment, s'arroger la liberté d'une interprétation erronée des textes ou celle de les ignorer pour quelque motif que ce soit. Face à ces graves dérives et n'ignorant pas que les avocats ne sont pas au-dessus des lois, l’Ordre des Avocats du Sénégal appelle au respect scrupuleux par les pouvoirs publics des droits et libertés accordés par la loi et à la cessation de toute entrave à l'exercice de la profession d'avocat au Sénégal.
Il dénonce et condamne avec la plus grande fermeté la violation des règles de procédure définies par la loi, ainsi que le caractère inopportun, arbitraire, volontairement humiliant et dégradant des conditions d'arrestation et de détention de Maître Babacar NDIAYE.
L'Ordre des Avocats du Sénégal réclame aussi la cessation immédiate des poursuites initiées contre Maître Babacar NDIAYE et exige sa libération sans délai. Il dit se réserver en définitive le droit de donner toutes suites appropriées au maintien des poursuites entreprises par le Procureur Général contre Maître Babacar NDIAYE etinvite tous les avocats du Sénégal à rester mobilisés pour la défense de la défense.