DIVERGENCES AUTOUR DU MONTANT DE LA CAUTION AUX LOCALES
La rencontre des acteurs politiques convoquée par le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique pour échanger sur le montant de la caution pour les élections locales et départementales du 23 janvier prochain s’est soldée par un échec

Réunis autour du ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique hier, vendredi 20 août 2021, les acteurs politiques n’ont pas pu s’entendre sur le montant de la caution pour les prochaines élections locales et départementales du 23 janvier prochain. Les représentants des différents pôles (majorité, opposition et les non-alignés) ont campé sur les montants proposés lors du dialogue politique.
La rencontre des acteurs politiques convoquée par le ministre de l’Intérieur et de la sécurité publique pour échanger sur le montant de la caution pour les élections locales et départementales du 23 janvier prochain s’est soldée par un échec. Les représentants des différents pôles qui avaient déjà étalé leurs divergences sur cette question du montant de la caution lors du dialogue politique au sein de la commission cellulaire n’ont pas varié dans leur position.
Conduite par l’ancien ministre, Benoît Sambou, la délégation du pôle de la majorité a remis sur la table ses vingt millions pour chaque type d’élection proposés lors du dialogue politique pour, dit-elle, «éviter la floraison de candidatures» pouvant rendre difficile l’organisation de ces prochaines élections. « La position de la majorité a été constante. Lors du dialogue, nous avions rappelé que lors des élections locales de 2014, il y avait une flopée de listes à travers le pays, ce qui avait rendu difficile l’organisation des élections. Alors que ces élections ne concernaient que les partis politiques.
En 2016, nous nous sommes dotés d’une nouvelle Constitution qui ouvre la voie aux indépendants et la libre participation à toute forme d’élections, notamment les élections locales. Et si nous ne prenons pas garde, nous allons nous retrouver avec des centaines de milliers de listes qui feront courir le risque à notre pays, de connaître des élections très mal organisées ou encore un système électoral décrédibilisé », a expliqué Benoît Sambou, le chef de file du pôle de la majorité.
Du côté de l’opposition, cette proposition de la majorité présidentielle est cependant perçue comme « un prétexte pour remettre en cause la liberté de candidature ». «Nous avons proposé dix millions à raison de cinq millions pour chaque type d’élection. Il est important de rappeler que cette proposition entre en droite ligne avec la recommandation faite par les experts évaluateurs sur la question de la caution. Ensuite, nous devons éviter que le montant de la caution ne puisse pas être un prétexte, une occasion que le pouvoir en place va utiliser pour remettre en cause la liberté de candidature », a martelé le porte-parole du jour du pôle de l’opposition Aldiouma Sow, par ailleurs chargé des élections de Pastef/Les Patriotes.
Et d’ajouter que les « experts évaluateurs avaient dit que la caution doit être fixée à un montant raisonnable de sorte qu’elle ne remette pas en cause la liberté de candidature. Parce que l’enjeu aujourd’hui, c’est de préserver la liberté de candidature. Mais au-delà, puisqu’il s’agit d’élections locales, il s’agit surtout de préserver le mouvement associatif local sans lequel ce second pilier de la décentralisation, à savoir la participation perd tout son sens. C’est pourquoi nous avons rappelé au ministre de l’Intérieur qu’il n’est pas en état de pouvoir discrétionnaire parce que son esprit doit le lier avec l’histoire ».
Parti prenant à cette rencontre, le coordonnateur du Pôle des Non-alignés, Déthié Faye, rejetant lui aussi les vingt millions proposés par la majorité, accuse Benoît Sambou et ses camarades de chercher à créer une diversion à travers leur proposition « pour laisser une large marge de manœuvre au ministre de l’Intérieur ». «On ne peut pas pour l’élection présidentielle demander une caution de vingt-cinq millions, demander une caution de quinze millions pour les législatives et maintenant pour les élections territoriales demander quarante millions, cela n’a pas de sens», a-t-il fustigé.
Face à ce désaccord, le ministre de l’Intérieur Antoine Félix Abdoulaye Diome a désormais entre ses mains pleins pouvoirs de fixer après concertation avec le président de la République, le montant exact que chaque liste de parti ou coalition devra débourser pour pouvoir prendre part à ces prochaines joutes électorales.