COVID-19 «PLOMBE» LES ETATS-MAJORS
Dans une note rendue publique hier, mardi 6 juillet, le Grand Parti (GP) informe avoir décidé de suspendre, à partir du 7 juillet, la tournée nationale initiée par son leader, Malick Gakou, jusqu’à nouvel ordre.

Dès la publication du décret n° 2021 – 562 du 10 mai 2021, fixant la date des prochaines élections locales au 23 janvier 2022, les états-majors des différentes formations politiques avaient initié une campagne électorale qui ne dit pas son nom, avant l’heure. Toutefois, les chiffres alarmants de la propagation de la Covid-19 au Sénégal semblent être partis pour donner du fil à retordre à certains acteurs politiques pour qui l’heure est à la mise en berne des tournées politiques. Reste maintenant à savoir si la mesure sera générale, d’autant que beaucoup de partis de l’opposition se sont résolus à marquer à la culotte le chef de l’Etat qui a lui décidé… «de tenir les manifestations et événements officiels dans la sobriété… ».
Dans une note rendue publique hier, mardi 6 juillet, le Grand Parti (GP) informe avoir décidé de suspendre, à partir du 7 juillet, la tournée nationale initiée par son leader, Malick Gakou, jusqu’à nouvel ordre. Sur les raisons, la source indique que le Bureau politique du Gp a pris cette décision suite «à la montée fulgurante des cas de Covid-19».
Bien avant Malick Gakou et ses camarades du Gp, le chef de l’Etat, Macky Sall avait décidé, en Conseil des ministres extraordinaire du lundi 5 juillet dernier, «de tenir les manifestations et événements officiels dans la sobriété et le respect strict des mesures barrières». La raison évoquée est la même que celle avancée ci-dessus par le Grand parti. Il s’agit, en fait, de la situation de la pandémie Covid-19, avec notamment l’augmentation journalière des cas de contamination, selon les chiffres fournis par le ministère de la Santé et de l’Action sociale.
Ainsi donc, cette troisième vague de la pandémie oblige les acteurs politiques, qui s’étaient lancés dans une précampagne qui ne dit pas son nom, dès l’annonce de la date des élections locales au 23 janvier 2022, à revoir leur stratégie politique. En effet, il avait été noté une reprise et une intensification des activités de remobilisation politique chez les différents états-majors.
A la tête de cette opération de charme en perspective des échéances électorales prochaines, le chef de l’Etat Macky Sall qui avait initié ses tournées «économiques» au Sud-Est et au Nord du pays. Histoire pour le camp de la majorité, sorti groggy des tumultes du mois de mars dernier, suite à l’affaire de viol supposé opposant le leader de Pastef/Les Patriotes, Ousmane Sonko, à la «masseuse», Adji Sarr, de jauger sa cote de popularité quelque peu écorchée.
Le leader du mouvement «Gueum sa bopp», Bougane Guèye Dany n’avait pas voulu céder le terrain politique au chef de l’Etat et ses camarades de la majorité. Avec son opération «Tibbi Tank», il a essayé de suivre les pas du président Sall dans le Walo et le Fouta. Même le président du Gp n’a pas été en reste. D’ailleurs, la décision de suspendre ses tournées nationales a été prise au moment où il se trouvait dans le département de Foundiougne pour visiter les communes de Passy, Toubacouta, Sokone, Karang, Nioro Alassane Tall et Keur Saloum Diané.
Quid de la tournée nationale annoncée par Ousmane Sonko, lors de sa sortie au vitriol contre le président de la République et sa tournée politique, marquée par des cas de violence commis par des nervis sur des manifestants antiMacky ?
En effet, le vendredi 18 juin dernier, le leader de Pastef, après avoir fait une diatribe contre Macky Sall, avait annoncé une tournée nationale, à partir du 23 juin, «pour s’enquérir des difficultés des Sénégalais». Va-t-il, lui aussi, surseoir à cette tournée de remobilisation à cause de la recrudescence des cas de Covid-19 dans le pays ?
Une question somme toute légitime pour le président Sall qui, lors du Conseil des ministres du 23 juin dernier, avait invité son gouvernement à se préparer en conséquence pour les prochaines tournées économiques. Elles auront lieu en priorité «dans les régions de Louga, Kolda, Sédhiou et Ziguinchor où il sera procédé au lancement de l’agropole Sud, des travaux de la route Sénoba - Ziguinchor et à l’inauguration du barrage d’Affiniam nouvelle génération», renseigne la note de cette réunion gouvernementale. Lui qui décide de tenir ses manifestations officiels dans la sobriété, pourra-t-il interdire à ses ténors de se livrer à une bataille de mobilisation, dans l’espoir d’entrer dans les bonnes grâces du patron, au moment du choix de la liste pour les élections locales ?
Le moins que l’on puisse dire, c’est que cette résurgence de la pandémie survient au moment où les acteurs politiques, à leur tête le chef de l’Etat, mobilisent à tout va pour préparer les prochaines joutes électorales, ô combien déterminantes pour les législatives de 2022 et la présidentielle de 2024.