DOUDOU, L'AUTRE WADE
Neveu d’Abdoulaye, cousin de Karim, Amadou Moustapha Wade a été choisi par sa coalition pour disputer la bataille de Dakar, la plus importante du scrutin du 23 janvier. Ce briscard du Parti démocratique sénégalais peut-il faire la différence ?

« Bonjour, nous avons rendez-vous avec M. Wade. » Le responsable de l’accueil répond du tac au tac – « Il n’est pas là » – avant d’aussitôt se reprendre : « Attendez, quel M. Wade ? » Il est vrai qu’il aurait été de bon ton de préciser le prénom. Car au siège du Parti démocratique sénégalais (PDS), immanquable sur la Voie de dégagement nord (VDN) de Dakar, M. Wade c’est d’abord Abdoulaye Wade, le fondateur du parti et ancien chef de l’État. Ou à la rigueur son fils, Karim Meïssa Wade, candidat débouté à la présidentielle de 2019 et déjà déclaré à celle de 2024. Pour pénétrer dans l’imposant bâtiment, paré des flamboyantes couleurs du parti, il faut d’ailleurs passer entre les portraits souriants du père et du fils.
Mais celui qui fait l’actualité, ce 3 novembre, c’est le neveu de l’ancien président, Amadou Moustapha Wade, dit Doudou. Secrétaire général adjoint du PDS « chargé des conflits », il a été investi par la coalition Wallu Sénégal pour mener sa liste aux locales du 23 janvier à Dakar. En ce début de mois de novembre, alors que tous se pressent pour déposer leurs listes avant le délai final (le 3 novembre à minuit), l’ancien député a pris le temps de nous recevoir au siège de son parti. Car le voilà désormais propulsé dans la bataille la plus importante de ce scrutin municipal.
À Dakar, tous en sont conscients : la lutte pour la capitale, aux mains de l’opposition depuis 2014, sera rude. À l’époque, la victoire du socialiste Khalifa Sall contre Aminata Touré avait coûté à cette dernière son poste de cheffe du gouvernement. Depuis, Macky Sall rêve de récupérer le contrôle de la ville. Du côté de la majorité, on se frotte les mains en voyant que la grande coalition de l’opposition, à laquelle devait participer le PDS aux côtés de Khalifa Sall et d’Ousmane Sonko, a volé en éclats. Six candidats – deux pour la majorité et quatre pour l’opposition – sont d’ores-et-déjà déclarés. Parmi eux, le ministre de la Santé Abdoulaye Diouf Sarr et l’opposant Barthélémy Dias sont donnés favoris. Mais Doudou Wade veut croire en ses chances.
Bataille capitale
Cette mairie, cela fait longtemps qu’il en rêve. En 2002 déjà, simple député à l’Assemblée nationale, il espérait être investi par le PDS pour diriger la capitale. C’est finalement Pape Diop, un proche d’Abdoulaye Wade qui l’a débauché du secteur privé à son arrivée au pouvoir en 2000, qui sera sélectionné. En militant « discipliné », Doudou Wade se rangera à l’avis du parti. Il deviendra l’adjoint de Pape Diop jusqu’en 2009. Depuis, celui-ci a quitté le PDS et créé son propre parti, Bokk Guiss Guiss. Un temps membre de Wallu Sénégal aux côtés du PDS, il en a claqué la porte fin octobre et a présenté sa propre candidature. Il n’a pas supporté que le PDS tente de s’imposer à la tête de la coalition.
Doudou Wade l’assure : sa propre candidature lui a été « annoncée » lundi 1er novembre, et il a eu un peu de mal à s’en remettre. Depuis quelques jours, la rumeur courait dans la capitale que c’était son oncle, Abdoulaye, qui allait être tête de liste. Mais « on » en a décidé autrement. Qui est ce « on » ? Doudou Wade répond « le parti », mais on peut comprendre « Abdoulaye ». Ou peut-être Karim, qui passe pour être le véritable chef du PDS.