«IL FAUT DE NOUVEAUX CANDIDATS QUI INCARNENT L’ESPOIR»
Pr Ismaila Madior Fall, ministre d’état candidat à la mairie de la ville de Rufisque

Au détour d’une visite de terrain chez les femmes transformatrices de produits halieutiques à Ndeppé, le ministre d’Etat Ismaïla Madior Fall, candidat à la ville de Rufisque, nous a accordé un bref entretien dans lequel il revient sur le contexte de pré-investiture qui prévaut actuellement à Rufisque. Selon l’ancien Garde des Sceaux ministre de la Justice, Rufisque a besoin d’une nouvelle offre programmatique portée par de nouveaux visages. Entretien.
Le Témoin - Monsieur le ministre d’Etat, vous êtes à Ndeppe, un site qui accueille de nombreuses femmes transformatrices et des acteurs de la pêche. Qu’est-ce qui motive cette démarche ?
Pr Ismaïla Madior FALL - Je suis venu ici en tant que fils de Rufisque. Quand on était jeunes, entre 10 ans et 15 ans, c’est ici à Ndéppé qu’on venait les après-midis pour tirer les filets de poissons. On se regroupait sur la plage, on faisait du feu pour griller les poissons. La pêche est un secteur que je connais très bien. Je viens ici aussi en tant que ministre d’Etat auprès du président de la République dont le travail est de s’enquérir des problèmes qui existent dans tous les secteurs. J’ai le mandat et la mission de m’enquérir de tous les problèmes qui existent au niveau du pays et d’en rendre compte au président de la République dans des notes circonstanciées et de lui en parler de vive voix. Mais aussi, je suis candidat à la candidature à la mairie de ville de Rufisque. Si on est candidat à la mairie de Rufisque, on doit se demander quels sont les secteurs clés de l’économie rufisquoise et qu’est-ce qui permet aux fils de Rufisque d’avoir du travail et de participer au développement du pays ? Quand on parle d’une ville comme Rufisque, c’est surtout au secteur de la pêche qu’on pense. La pêche à Rufisque est un secteur clé qui est au cœur de l’économie. La pêche est l’un des poumons de l’économie rufisquoise mais c’est aussi l’un des poumons de l’économie du pays.
Vous avez écouté les actrices et acteurs du secteur de la pêche qui vous ont exprimé leurs préoccupations. Qu’est-ce qu’il faut pour sauver ce secteur stratégique de l’économie rufisquoise ?
Je connaissais les problèmes en tant que Rufisquois, mais quand on veut connaître les problèmes dans leurs précisions et dans leurs réalités, il faut parler aux acteurs, les écouter. C’est ainsi qu’ils vous expliquent la réalité crue des problèmes avec des réalités empiriques. Cela vous permet d’avoir une connaissance approfondie du secteur et une compréhension des difficultés pour avoir des solutions. Les solutions proviennent des acteurs qui nous ont expliqué le secteur. Ils ont amélioré notre compréhension et ils nous ont aidé à envisager des solutions. Nous avons entendu leurs préoccupations et ils nous ont expliqué des problèmes du secteur qui sont structurels. Il y a la façon dont elles brûlent le poisson par terre. Mais aussi, il y a des problèmes structurels. Par exemple, la toiture du marché a sauté lors des dernières pluies. Il faut distinguer deux choses. Il y a des problèmes qui relèvent des compétences de la mairie et que, malheureusement, les autorités locales n’ont pas pris en charge. Nous voulons, en concertation avec eux avec l’aide de Dieu quand nous serons à la tête de la mairie, trouver ensemble des solutions. En revanche, il y a des problèmes qui sont d’envergure plus importants qui relèvent de l’Etat. Nous allons relayer les préoccupations des acteurs de la pêche au président de la République et trouver des solutions à ces difficultés.
Vous êtes candidat à la candidature pour la ville de Rufisque. Mais il faut dire que votre candidature ne fait pas encore l’unanimité au regard des nombreuses sorties de vos camarades de parti à Rufisque. Qu’en dites-vous ?
Le consensus ne se décrète pas et ne s’obtient pas du jour au lendemain. Il s’obtient au bout d’un processus. Et nous avons engagé ce processus en discutant de la candidature au sein de l’Apr. Je suis membre de l’Apr et je suis membre du secrétariat exécutif de l’Apr. Je suis le seul Rufisquois membre du secrétariat exécutif national qui est l’instance de décision nationale de l’Alliance pour la République. Je suis en train de mener ces concertations au niveau de l’Apr pour que cette candidature, à défaut d’être unanime, soit consensuelle. Si elle n’est pas consensuelle, qu’elle soit au moins largement majoritaire. Le deuxième niveau, c’est de discuter de cette candidature au sein de la coalition Benno Bokk Yakaar puisque l’Apr est dans une coalition gouvernante. Aujourd’hui, nous sommes en train de prendre des initiatives pour organiser la discussion au niveau de la coalition Benno pour que ma candidature soit légitimée, acceptée et promue. Au-delà de la sphère politique, je ne voudrais pas être un candidat politique, je voudrais aussi être un candidat citoyen. Cela veut dire qu’au-delà de l’Apr, qui est notre socle de légitimité, au niveau de la coalition Benno Bokk Yakaar, qui est l’étendard politique, nous voulons que ce soit aussi une candidature citoyenne. C’est-à-dire une candidature portée par les acteurs de la pêche, les acteurs du transport, de l’artisanat. Nous voulons être un candidat politique mais aussi un candidat citoyen.
Au-delà de votre candidature, il y a celles de MM. Souleymane Ndoye et de Boubacar Albé Ndoye. Espérez-vous pouvoir porter la bannière de l’Apr à ces joutes ?
Jusque-là, je pensais que M. Souleymane Ndoye était candidat au Conseil départemental. Parce que je sais qu’il a un mandat comme président du conseil départemental. Il a eu à faire des choses. Je croyais qu’il allait rendre compte de sa gestion et solliciter un autre mandat. Et jusqu’à ce jour, c’est ce que je crois. Moi Ismaël Madior Fall, je n’ai jamais entendu Souleymane Ndoye déclarer sa candidature. Si un jour il la déclarait, on pourrait, en tant que membres du même parti politique, en tant que parents Rufisquois et concitoyens, en discuter et arrêter de concert la meilleure formule qui soit gagnante aux élections locales. Parce qu’au fond, c’est de cela qu’il s’agit. Il se passe que Rufisque, depuis plusieurs décennies, est dans l’opposition. Le président Macky Sall gagne partout. Il gagne lors de la présidentielle mais aux locales ses candidats sont battus. Il y a un problème. Cela veut dire qu’il faut renouveler l’offre de candidats. Il faut renouveler le visage des candidats. Cela veut dire qu’il faut de nouveaux candidats qui incarnent l’espoir pour Rufisque.
Vous soutenez que Rufisque doit choisir ses candidats. Ne soupçonnez-vous pas par là le ministre Omar Guèye d’immixtion dans les investitures à Rufisque ?
Il n’y a pas de dualité entre moi et le ministre Omar Guèye. Omar et moi, nous avons des relations correctes, cordiales. Nous ne sommes pas en compétition parce qu’il n’habite pas Rufisque. Il est citoyen de Sangalkam. A Sangalkam, il peut se battre pour voir qui sera investi. Il ne faut pas s’immiscer dans le processus d’investiture de Rufisque. A Rufisque, nous voulons un processus endogène. Cela veut dire un processus qui soit mené par les enfants de Rufisque. Il y a déjà certains qui prétendent que la bataille pour le contrôle de la mairie de Rufisque sera comme celle de Troie. Je voudrais leur dire qu’elle sera comme celle de Troie. Elle n’aura pas lieu.