«JE N’AURAI MEME PAS ACCORDE LA GRACE A KARIM WADE»
Abdou Ndéné Sall ministre délégué, coordinateur de l’Apr à Tivaouane

Le chef de l’Etat, Macky Sall n’a jamais dit qu’il accorderait l’amnistie à Karim Wade et à Khalifa Sall, dans la mesure où c’est à l’Assemblée nationale de le faire. C’est la précision du coordinateur de l’Alliance pour la République (Apr) à Tivaoune. Abdou Ndéné Sall reste, par ailleurs, formel que s’il était à la place du président de la République, il n’aurait même pas accordé la grâce présidentielle au fils de l’ancien chef de l’Etat et à Khalifa Sall qui doivent rembourser jusqu’au dernier centime ce qu’ils ont pris. Le ministre délégué chargé du Développement du réseau ferroviaire qui s’est, en outre, réjoui de l’arrivée de la première rame du Train express régional (Ter) ne doute point du coût du TER estimé exactement à 662 milliards en hors taxe, hors douane. Dans cet entretien accordé à Sud quotidien à son domicile de Tivaoune, en marge du Gamou édition 2018, le ministre a tiré à boulets rouges sur l’opposition qui ferait dans «l’amalgame», le «mensonge» et la «désinformation».
Pour l’édition 2018 du Gamou de Tivaoune, le thème retenu est «Les traces d’Al Amine: ensemble pour la paix». Que vous inspire ce thème ?
C’est un thème qui est d’actualité. Parce que comme vous le savez, la paix est le socle de toute société qui tire à la modernité. Sans paix, les gens ne pourront rien construire. L’ensemble des penseurs ont déjà établi ce qu’on appelle la pyramide des besoins motivants. Après les besoins physiologiques de manger, d’avoir où habiter, etc., ce sont les besoins de sécurité qui viennent avant les besoins d’appartenance, de reconnaissance et de réalisation. Donc, c’est extrêmement important pour que la paix et la sécurité soient assurées pour que les gens puissent accéder à d’autres besoins motivants qui puissent amener le développement, l’émergence. S’il n’y a pas la sécurité, en définitive, les problèmes sociaux vont nous rattraper. Donc, c’est très important que l’Islam, qui est une religion de paix, de sécurité, que les enseignements de l’Islam puissent être divulgués par les Khalifes, parce que les gens ont une bonne écoute pour les Khalifes. La première salutation de l’Islam c’est la paix. Alors, c’est très important d’avoir la paix car sans elle, même vous qui faites votre travail, vous ne pourriez pas le faire. Donc, nous devons réfléchir sur les forces, les faiblesses et les opportunités. C’est très important que toutes les décisions qui ressortent de ces grands penseurs puissent être divulguées pour que les gens puissent s’y conformer, pour construire la paix dans la durée.
Aujourd’hui, dans un contexte politique tendu, que peut-on attendre de ces guides religieux ?
Mais non. Il n’y a pas de tensions. Les gens pensent qu’il y a un contexte politique tendu, mais il n’est pas tendu. Le problème c’est qu’il y a un ensemble de personnes qui sont de l’opposition qui ne veulent pas reconnaitre la réalité. Parce que, quand même, le Sénégal est un pays de paix, qui a une tradition démocratique et politique très poussée. Nous avons 3 alternances (sic) sans problème. Nous avons une stabilité politique extrêmement importante. Le problème c’est que, maintenant, tout le monde veut être président, alors qu’ils n’ont pas d’arguments. La violence est l’art des personnes qui n’ont pas d’arguments. Ça doit être la force de l’argument et non l’argument de la force. On peut discuter et essayer de convaincre la population par des arguments, comme le président l’a fait, lorsqu’il a voulu le pouvoir. Il a fait le tour du Sénégal. Il a parlé avec les sénégalais, puis a fait ce qu’on appelle le PSE qui est la quintessence de la demande d’avenir exprimée au président de la République Macky Sall. Il a pris tout ce que les gens lui ont demandé. C’est pourquoi je dis que le Pse est la vision du président de la République, mais ça émane des populations. Il a pris tout ce que les gens ont dit en termes de ressentiment, il l’a fait en projet pour abréger la souffrance des gens. Il a fait le Pse soutenu par sa vision pour un Sénégal qui avance, un Sénégal plus prospère, un Sénégal de tous et un Sénégal pour tous. Le Pse a été décliné en programmes et réformes qui sont en train de faire avancer le pays. Parce qu’on ne peut pas quitter une croissance de 1,7% pour aller à une croissance de 7,2% sans travail. La croissance est le fruit du travail, parce qu’il n’y a que l’investissement qui amène la croissance et l’emploi. C’est ce qui important. Mais, ce sont pas les attaques personnelles, les débats faits d’intoxication, d’amalgame, de mensonge, de mauvaises nouvelles pour nous dévier de notre trajectoire qui est d’améliorer les conditions de vie des populations. Nous sommes en train de le faire à travers le Pse qui est un programme à l’horizon 2035. En dehors du Pse, le président Macky Sall a mis des programmes pour rattraper, puisque le pays était en retard. Je ne peux pas comprendre que depuis 52 ans qu’on est indépendant, qu’on continue de voir des villages qui n’ont pas d’électricité ou de l’eau. C’est impensable ! Ça suppose que tous les gens qui ont acquis le pouvoir n’ont pas travaillé pour les sénégalais. C’est pourquoi nous avons des tensions parce que le Président veut tout régler en même temps. Il a mis le Pudc pour régler le problème de transport au niveau rural, les problèmes d’alimentation en eau, ceux de l’électrification rurale, et pour atténuer les difficiles conditions de travail des femmes en leur dotant de machines pour transformer les céréales. Il y a aussi Promovilles, car vous avez remarqué quand dans toutes les villes, il n’y avait qu’une route qui passe, comme ce fut le cas à Tivaoune. Le président a imaginé des perpendiculaires au niveau de ces routes pour doter les grandes villes des infrastructures afin d’améliorer leur viabilité économique.
Le Sénégal vient de recevoir la première rame du TER. Peut-on maintenant espérer que les échéances seront respectées et que répondez-vous à vos détracteurs qui n’y croyaient pas ?
Nous sommes dans le temps de l’action, nous travaillons. Ce qui compte, c’est les résultats et le service qu’on va donner à la population pour améliorer sa mobilité urbaine. Le TER, c’est une réalité. Les gens doivent saluer la performance du président de la République et du gouvernement qui l’accompagne. C’est un gouvernement d’ingénieurs. Le président lui même est un ingénieur. Il y a 11 à 12 ministres ingénieurs qui accompagnent le président de la République. C’est pourquoi nous sommes en train de délivrer. Pour le projet du Ter, il y a d’autres pays qui ont le même projet. Ils sont restés 4 ans sans le réussir. En 2 ans, le président a fait le plus grand projet de chemin de fer sur l’Afrique occidentale. C’est une révolution du chemin de fer. C’est sous le magistère du président Macky Sall que la problématique du maillage ferroviaire optimal a été replacée au cœur des politiques publiques avec un diagnostic en amont dans le cadre du Pse. C’est de sa vision que nous avons actuellement le Ter qui est de transport express régional. Le maillage ferroviaire commence actuellement avec le Ter. Parce que pour mailler le pays, il faut commencer par la capitale. Comme nous allons commencer la réhabilitation du Dakar Bamako ferroviaire, les gens peuvent, par le train partir jusqu’à Tambacounda ou à Saint Louis.
Que répondez-vous à ceux qui estiment que le Ter n’est pas une priorité et qu’il était mieux de fer un chemin de fer vers Ziguinchor par exemple ?
Les gens, parfois ne comprennent pas. Ils disent qu’il faut faire un chemin de fer vers Ziguinchor. Avant de faire Ziguinchor, il faut trouver l’origine du Ter. C’est Dakar qui doit être relié aux autres capitales régionales. Donc, il faut que le train quitte Dakar pour aller à Ziguinchor, Tambacounda ou autres. Donc, nous faisons un maillage ferroviaire en fonction de l’opportunité économique dont le transport nous sert. Donc, il ne faut pas faire un projet pour simplement en faire, c’est une viabilité économique. Quand il y a une demande de transport ferroviaire viable jusqu’à Saint-Louis, nous mettrons le chemin jusqu’à Saint-Louis.
Pourtant le coût du Ter prête toujours à confusion…
(Il coupe). Non, attendez. Les gens sont dans un débat fait d’intoxication, d’amalgame, de désinformation et de déformation. Les gens sont dans le mensonge. Parce que, quand tu livres de fausses nouvelles à la population, c’est peut être 80% qui ne vont pas te croire, mais il y a 20% qui vont croire. Les gens qui n’ont pas été touchés, peut-être, par la croissance, peut-être, ils vont croire à cela. Quand on lance un appel d’offre, les gens viennent soumissionner. Il y a au moins 72 entreprises qui ont soumissionné dans cet appel d’offre avec 12 nationalités différentes. L’appel d’offre international a été financé par la Bad, par la Bid, par l’Afd, par le trésor français, le Sénégal. A l’issue de l’appel d’offre, nous avons choisi 5 entreprises, lot par lot pour exécuter ce projet. Ces entreprises ont soumissionné. Quand tu fais un appel d’offres, tu fais le dépouillement technique et toutes les entreprises qui sont aptes à faire le projet, avant d’ouvrir les offres financières et tu donnes le projet à celui qui est moins disant. C’est la meilleure offre que nous pouvons avoir sur cet axe parce qu’on a pris l’offre le moins disant parmi toutes ces entreprises qui étaient intéressées par le projet. Le coût du projet, il ne devait même pas avoir de discussion sur ça. Parce que, quand on te donne un marché, tu l’exécutes à un montant, c’est ce montant là qui est le coût du projet. Donc, c’est vraiment ne rien comprendre, ou vouloir faire de l’amalgame, c’est pourquoi on parle de coût de projet.
Aujourd’hui, quel est son coût réel?
J’affirme que le coût du projet était à 568 milliards, on a augmenté 16% d’avenant parce que la loi nous autorise à faire jusqu’à 30% d’avenant. Nous sommes exactement à 662 milliards en hors taxe, hors douane. Tous ceux qui parlent de 1000 milliards, je vous le répète, c’est des mensonges et je les défis. Je les ai défiés sur tous les plateaux, mais ils n’ont pas répondu. On ne va même pas à la télé. On peut aller au stade et faire un débat public pour vous dire que c’est des mensonges. Ils n’ont jamais répondu à ce défi. Même lorsqu’ils ont écrit une lettre à l’Assemblée nationale pour demander le coût, j’ai répondu avec les données exactes. Mais, ils ont laissé la réponse de coté en continuant leurs mensonges. La réalité au Sénégal, les gens savent que le président de la République est la seule per sonne à détenir uns stratégie crédible pour faire émerger le pays et que la population croit à ce président, à ce capitaine. C’est pourquoi, depuis 5 ans, toutes les élections qui se sont succédé, le président les a gagnés haut la main. Quand tu n’as pas d’arguments, tu utilises d’autres arguments, soit la force, soit le mensonge, soit tu utilises des bombes de destruction massive. Parce qu’en fait, ils savent qu’il y a peut être beaucoup de gens qui ne sont pas informés. Dans un appel d’offre transparent, on ne doit même plus parler de prix. Quand on dit que ces 100 francs, cela suppose que c’est le meilleur prix sur cet axe. Il y a certains vendeurs d’illusion, comme Goudiaby (Pierre) qui disent 1 km d’autoroute, 1 km de chemin de fer, 1 km de Tgv, etc. Ce n’est pas la même chose. Tu ne peux pas comparer deux projets sur la longueur. Impossible. Ce qu’on compare, c’est les Item. Il faut comparer des études similaires. Par exemple, sur les longueurs de rails, on peut dire : le Sénégal a acheté à combien ses rails comparé au Maroc. Comment on a acheté des trains de même type par rapport à un autre pays ? Combien on a acheté des trains de même type ? Mais, on ne peut pas comparer deux projets qui n’ont pas les mêmes Item, qui n’ont pas les mêmes composantes. C’est impossible. Parce que les gens oublient que sur ce projet, nous avons mis 45 milliards pour libérer l’emprise. Nous avons dépensé 10 milliards pour l’accompagnement social des gens, parce que nous avons construit des marchés qui ne font pas parti du projet. Nous avons construit un terrain à Thiaroye, parce que les gens avaient l’habitude de faire du sport là bas. Donc, nous avons dépensé beaucoup d’argent qui ne fait pas parti du projet. Il faut que gens comparent item par item, la comparaison du nombre de kilomètres ce n’est pas bonne. Je veux que les ingénieurs, les professionnels et les assermentés parlent parce que quand tu es assermenté tu ne dois pas parler d’autre chose. Je veux que ces gens là parlent. Mais laisser les politiciens qui sont vraiment motivés par autre chose, parce qu’ils savent que le président Macky Sall est très loin par rapport à eux. Et donc, pour le rattraper, la seule stratégie que l’opposition a, c’est le mensonge, l’amalgame et la déformation. Ils sont en train d’ennuyer la population. Ce qui est important, aujourd’hui, pour la population, c’est leurs demandes, leur avenir avec le pétrole et le gaz. Quels sont les projets ? Quelles sont les perspectives ? Il n’y a que le président qui a élaboré un programme qui a donné des résultats, parce qu’on ne peut pas améliorer la croissance de 1,7% à 7,2% sans pour autant qu’il y ait une amélioration significative de l’économie. Avec le Pse, le président a déjà tracé tout ce qu’il faut faire sur 20, 30 ans. Mais, les gens là sont dans le court terme, ils n’ont pas de projets. Ils sont dans l’amalgame. Vraiment, parfois, je suis écœuré. Parce que ce qu’il faut mettre en avant c’est la puissance de l’argument et non l’argument de la force. Ils ne veulent pas aller aux élections, c’est pourquoi ils sont en train d’inventer des choses absurdes comme le fichier électoral, les cartes d’identité etc., alors que tout a été distribué. Pour les cartes d’identité sur 6.500.000 cartes, il y a 6.200.000 qui ont été distribuées. Or, certains ne peuvent même pas avoir des parrains. On exige un pourcentage de 50% pour être président. Pour le parrainage, on leur demande juste d’être parrainés par 1% du fichier. Quelqu’un qui ne peut pas avoir 1% pourquoi veut-il demander 50% ? C’est retarder les gens. Il faut que l’opposition revienne à la raison et qu’elle discute des problèmes du Sénégal. Moi, j’ai des attentes dans la critique de la vision du président, dans la critique de l’ambition du président et de ses projets. Mais la violence, l’insulte, la transformation de la réalité : cela ne grandit pas.
Thiès compte pas moins de 10 candidats déclarés. Ne pensez vous pas que cela pourrait effriter votre électorat ?
Non, parce qu’il faut revoir tous ces candidats là, ils ont déjà été en élection. Ce sont des gens qui n’ont même pas eu cette petite portion là pour être député. Donc, si tu ne peux même pas être député, tu n’as même pas de mairie et tu veux être président. Quand même ! Il faut que les gens regardent, analysent la faisabilité. Il faut que chacun, quand il veut faire quelque chose, fasse une analyse et regarde quelles sont ses chances pour pouvoir être président. Parce que, vraiment, aller aux élections pour seulement y aller, parler dans les radios, avoir une tribune, parler de n’importe quoi, les Sénégalais doivent dépasser cela. Nous sommes une Nation jeune, avec les retards que nous avons trouvés, parce que les régimes passés n’ont pas fait grand-chose. Il n’y a que le président Macky Sall, au bout de 7 ans, qui a fait une transformation structurelle importante en augmentant toutes les productions. Les gens n’avaient pas d’ambition, ils n’avaient pas de vision. C’est pourquoi le Sénégal est très en retard. Heureusement, 52 ans après les indépendances, nous avons eu la chance d’avoir un président qui est un ingénieur, qui a de l’ambition, qui a une grande vision et qui travaille pour le pays. Moi, je peux juger tous les régimes qui se sont précédés parce que j’ai travaillé avec le régime de Senghor, de Diouf et de Wade en tant que consultant. Mais, la manière dont les gens travaillaient, ce ne sont pas les mêmes références. Ce ne sont pas les mêmes directions. Les gens ont pris 100 milliards pour mettre dans un festival de danse (Fesman, Ndlr) que nous continuons à payer jusqu’à présent à cause de la continuité de l’État. Nous, on a pris 100 milliards pour faire le désenclavement de l’île à Morfil, pour faire l’axe Ndioum Bakel, qui est de 367 kilomètres. C’est la première fois. Il faut écouter les discours du président. Dans ses discours ressort trois axes que sont la transformation sur les économies et croissances, l’émergence mais dans un État de droit et dans la sécurité, la réforme des institutions. Ce sont les trois axes qu’il a toujours développés
Le chef de l’Etat serait disposé à accorder une amnistie à Karim Wade et à Khalifa Sall, s’il est réélu. Pourquoi devrait-il attendre le second mandat pour accorder l’amnistie à ces derniers ?
Le président n’a jamais dit cela, parce que l’amnistie, c’est l’assemblée qui le fait. Le président n’a pas la capacité de le faire. Il a dit que c’est une possibilité parce que tant qu’il y a la vie il y a l’espoir.
Pourquoi cette possibilité n’est pas faisable avant la présidentielle?
Pourquoi avant l’élection ? Quand même ! Tu ne peux pas prendre quelqu’un qui a fait 110 fausses factures et qui a détourné 1 million par jour… (il ne poursuit pas sa pensée). Si j’étais le président même la grâce je ne l’aurais pas fait. Ce n’est pas possible. Il faut que les gens paient le déficit. Khalifa Sall a fait 110 fausses factures et prenait 1 million de francs par jour. Son comportement est lâche. Karim Wade a détourné combien d’argent ? Plus de 100 milliards. Il ne mérite pas la grâce. Il faut que les gens paient pour que ce gaspillage arrête.