LA FIDH ALERTE SUR LE RECUL DEMOCRATIQUE AU SENEGAL
La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) suit de très près la situation politique au Sénégal.

La Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) suit de très près la situation politique au Sénégal. Elle s’est indignée de la décision radicale du gouvernement de dissoudre le parti Pastef, qui est à l’origine de mouvements insurrectionnels dans le pays. La FIDH pense que cette mesure constitue une menace sur la démocratie, l’État de droit et les droits fondamentaux.
«A travers ses dirigeants et ses instances, le Pastef a fréquemment appelé ses partisans à des mouvements insurrectionnels, ce qui a entraîné de lourdes conséquences, incluant de nombreuses pertes en vies humaines, de nombreux blessés, ainsi que des actes de saccage et de pillage de biens publics et privés. Les dernières en date sont les graves troubles à l’ordre public enregistrés au cours de la première semaine du mois de juin 2023, après ceux du mois de mars 2021.» C’est à travers ces mots que le ministre de l’Intérieur, Antoine Diome avait essayé de justifier lundi dernier la décision du chef de l’Etat de dissoudre par décret le parti politique Pastef.
Mais cette motivation n’agrée pas les organisations de défense des droits de l’Homme, particulièrement la Fédération internationale pour les droits humains (FIDH) et ses organisations membres au Sénégal qui, dans un communiqué parvenu à la rédaction, ont exprimé leur profonde préoccupation suite à la dissolution du principal parti d’opposition au Sénégal. Cette décision intervient à sept mois de l’élection présidentielle prévue le 25 février 2024.
Selon la FIDH, la démocratie sénégalaise est confrontée à un grave tournant. Elle rappelle que la dissolution d’un parti politique est une mesure extrêmement grave, qui ne devrait être utilisée qu’en dernier recours et ce, conformément aux principes démocratiques et au respect des droits fondamentaux.
«Toute mesure restrictive prise à l’encontre d’un parti politique et a fortiori sa dissolution, doit l’être après que la matérialité des faits allégués ait été établie par une juridiction indépendante et impartiale dans le cadre d’une procédure juste et équitable», a déclaré Alassane Seck, président de la Ligue Sénégalaise des Droits de l’Homme. Il ajoute qu’en vertu des articles 19, 21 et 22 du pacte international relatif aux droits civils et politiques, la liberté d’association et d’expression est un droit fondamental qui doit être protégé en tout temps.
«Les partis politiques jouent un rôle essentiel dans la démocratie en permettant aux citoyens de participer au processus politique et de faire entendre leurs voix. En agissant ainsi, les autorités sénégalaises privent un partie importante des citoyens de leur liberté d’expression», soutient Sadick Niass Secrétaire Général de la RADDHO.
La FIDH appelle à l’apaisement politique pour aller à une Présidentielle libre et transparente Dans la foulée, Me Drissa Traoré, Secrétaire Général de la FIDH, a invité urgemment toutes les parties prenantes à engager un dialogue ouvert et constructif afin de résoudre tout différend politique de manière pacifique et démocratique. «Le gouvernement sénégalais doit s’engager à respecter et à protéger les droits fondamentaux, ainsi que le droit des partis politiques à fonctionner librement et à participer pleinement au débat politique», affirme-t-il.
La FIDH et ses organisations membres disent s’engager en faveur des actions de protection et de promotion des droits humains, de l’État de droit et de la démocratie. Elles appellent à l’apaisement politique afin de favoriser un environnement propice à la tenue d’élections libres et transparentes.
Toujours dans la note parvenue à «L’AS», elle fait savoir que le pluralisme politique est essentiel à la vie démocratique, en particulier à l’approche d’élections générales prévues au Sénégal en février 2024. «La dissolution du principal parti d’opposition dans ce contexte renforce le constat fait par les organisations membres de la FIDH d’une intensification de la répression contre les membres de l’opposition politique au Sénégal», regrette en définitive l’organisation de défense des droits de l’Homme dans le communiqué parvenu hier à «L’AS».