LA GAMBIE PERD SON PREMIER PRESIDENT
Dawda Jawara a tiré sa révérence, hier, à l’âge de 95 ans. L’homme décrit comme le père de la nation gambienne est le premier président de ce pays et a conduit les destinées de la Gambie indépendante entre avril 1970 et juillet 1994

Dawda Jawara a tiré sa révérence, hier, à l’âge de 95 ans. L’homme décrit comme le père de la nation gambienne estle premier président de ce pays et a conduit les destinées de la Gambie indépendante entre avril 1970 et juillet 1994.
Mardi 27 août 2019. Cette date restera gravée à jamais dans les pages tristes de l’histoire de la Gambie indépendante. Son premier président est décédé, hier, dans sa résidence de Bakau vers 8heures. Dawda Kairaba Jawara est né le 28 avril 1924 dans une famille mandingue musulmane, à Barajally, dans le centre du pays, où son père tenait un commerce. Il a fait ses études au Ghana, puis en Grande-Bretagne, à Glasgow. Etudiant en Écosse, le futur chef de l’Etat gambien commence à s’intéresser à la politique, en côtoyant le mouvement des jeunes du parti travailliste britannique, ainsi que de futurs responsables politiques d’État du Common wealth. Revenu en Gambie en 1953, il exerce la fonction de vétérinaire et se convertit au christianisme pour épouser en février 1955 Augusta Mahoney, fille d’un influant homme politique, d’origine aku et de confession chrétienne. Jawara entre en politique en 1960 et devient le dirigeant du Parti populaire progressiste (PPP), et ministre de l’Éducation au sein du gouvernement autonome gambien, sous la tutelle de la Couronne britannique. En 1962, il devient le chef du gouvernement autonome gambien. En février 1965, la Gambie devient la dernière colonie britannique à acquérir son indépendance.Toujours la même année, Jawara divorce de sa première épouse, se reconvertit à l’Islam et se marie à nouveau, en 1967, avec la fille de Momodu Musa N’Jie, d’origine peule. N’Jie était un homme politique et l’un des bailleurs du parti gambien,l’United Party. Dawda Jawara, en 1970, proclame la République dont il devient le premier président. Il est ensuite réélu tous les cinq ans, de façon démocratique et avec une majorité nette, par l’Assemblée nationale jusqu’en 1982, puis au suffrage universel après la réforme constitutionnelle de 1982.Daouda Jawara a fait face durant son règne à trois tentatives de coup d’Etat. Les deux premiers ont eu à échouer grâce à l’intervention des troupes sénégalaises..32
TROIS COUPS D’ETAT SOUS SON REGNE
La première tentative de Putsch s’est déroulée à Banjul en octobre 1980. Le président gambien Dawda Jawara avait fait appel à Dakar qui lui a aussitôt envoyé, en novembre 1980, des militaires lourdement armés pour neutraliser les Fields Forces. Cette opération du nom de Fodé Kaba I permettra à Dawda Kaïraba Jawara d’arrêter tous ses opposants, de réduire les libertés individuelles et d’interdire toutes les formations politiques. Pour justifier l’intervention des Diambars, Léopold Sedar Senghor avait prétexté anticiper sur une déstabilisation du Sénégal fomentée par la Libye. Pour beaucoup de spécialistes, les prémices de l’insurrection du mouvement des forces démocratiques de Casamance (Mfdc) avaient poussé Senghor à agir.La deuxième tentative de coup d’Etat a eu lieu le 30 juillet 1981. En l’absence du président Jawara, un coup de force est encore organisé par des opposants radicaux dirigés par un certain Kukoy Samba Sagna.Apres avoir pris possession des principaux sites stratégiques de la Gambie de la capitale gambienne, ils ont créé un conseil suprême de la révolution. Le Sénégal déclencha l’opération Fodé Kaba II. « Le but de l’opération était de débarrasser Banjul des putschistes qui avait perpétré un coup d’état contre le président Daouda Jawara.L’opération fut une réussite. Le président Jawara a été remis rapidement sur son fauteuil. A partir du 06 Aout toute la Gambie passa sous le contrôle de l’Armée sénégalaise», a expliqué le colonel Seyni Diop dans son livre «Fodé Kaba II, les Jambars dans le vent». A l’en croire, le Sénégal n’avait fait que jouer son rôle de puissance dans son cercle intérêt stratégique, faisant ainsi respecter la légitimité internationale. Il faut dire que Fodé Kaba II a été une véritable opération de guerre. Le Sénégal y laissera 33 morts dont 2 officiers, et 84 blessés. La confédération sénégambienne mise sur pied à l’issue des événements ne survivra pas aux «différences de compréhension des objectifs de la confédération». Le Sénégal y mettra fin officiellement le 21 septembre 1989.
En définitive, le 22 juillet 1994, un nouveau coup d’État militaire, mené par Yahya Jammeh,réussit et renverse le régime démocratique. Jawara embarque avec sa famille et ses proches sur un navire de guerre américain, en escale technique à Banjul, pour venir s’installer à Dakar et Londres plus tard. Il sera amnistié par son successeur en 2010, et ce dernier n’épargnera rien pour fêter le retour du père de la nation le 31 décembre 2010. Il va vivre dans son pays natal paisiblement jusqu’à son décès hier à l’âge de 95 ans.