«LA LOI ET LA FOI NE SONT PAS ANTINOMIQUES»
Moustapha niasse se prononce sur la réouverture des lieux de culte

D’aucuns ont reproché au Président Macky Sall de s’être plié devant les autorités religieuses en rouvrant les lieux de culte alors que la menace sanitaire liée au coronavirus est toujours réelle. Moustapha Niasse est monté hier au créneau pour défendre la position du gouvernement et applaudir les nouvelles mesures prises par le chef de l’Etat tendant à assouplir l’état d’urgence.
Le président de l’Assemblée nationale s’invite au débat public pour répondre aux détracteurs du président de la République. Macky Sall est critiqué par une certaine partie de l’opinion qui estime qu’il s’est facilement plié au diktat des autorités religieuses. D’autres Sénégalais disent ne pas comprendre que le chef de l’Etat décide d’assouplir l’état d’urgence et le couvre-feu alors que les cas de patients du Covid-19 augmentent et le pic attendu dans les prochains jours. Mais Moustapha Niasse ne voit pas tout ça.
Selon le Secrétaire général de l’Alliance des forces de progrès (AFP), les réajustements annoncés par le Président Macky Sall, lors de son message à la Nation du lundi 11 mai 2020, participent d’une approche empreinte de sagesse, de réalisme et de pragmatisme, pour tenir compte des contraintes et des besoins vitaux de larges segments de la population sénégalaise. A en croire Monsieur Niasse, cet assouplissement n’exclut ni la responsabilité individuelle, ni la responsabilité collective, qui doivent animer plus que jamais les sociétés humaines, face à l’épreuve. «Le moment est donc venu d’actualiser et de consolider l’essence de la Nation, c’està-dire notre sentiment commun et partagé d’appartenir à une Communauté solidaire, dont les membres ont librement décidé d’adhérer aux règles et aux valeurs pérennes qui les régissent. La Loi et la Foi ne sont pas antinomiques », déclare-t-il.
Dans le même esprit, il martèle que la nécessaire poursuite du combat contre la pandémie n’est pas incompatible avec le projet de développement de notre pays. C’est dans ce sens qu’il convient, selon lui, de comprendre la déclaration du Chef de l’Etat selon laquelle nous devons apprendre à vivre avec le Coronavirus. « Sachons donc, ensemble, raison garder et maintenir le cap sur les priorités stratégiques de notre pays comme, entre autres, la stabilité et la sécurité, dans un environnement international où les repères vacillent et sont de plus en plus brouillés », a expliqué le président de l’Assemblée nationale. Toujours d’après Monsieur Niasse, la gravité de la situation, aujourd’hui reconnue par tous, doit amener les Sénégalais à une unité nationale solide, consciente, lucide, pour, ensemble, prendre en charge cette crise, en étant animé d’une volonté inébranlable et partagée, afin d’y mettre un terme. Pour y parvenir, soutient-il, il faut d’abord combattre le virus avec une discipline spartiate de tous les instants, plus particulièrement dans les Mosquées, les Eglises, les Temples, les marchés, les transports publics, les écoles, les daara et les établissements de santé. «Porter un masque, se laver régulièrement les mains avec de l’eau et du savon, ou utiliser le gel hydroalcoolique, observer la distanciation sociale et, d’une manière générale, l’ensemble des mesures barrières, là se trouve la seule voie qui nous permette d’empêcher la propagation du Coronavirus, pour le faire disparaître définitivement de notre espace de vie, au Sénégal et partout ailleurs, sur notre planète. Il ne faut ni désespérer, ni baisser les bras», a-t-il exhorté.
MOUSTAPHA NIASSE REPOND AUX DETRACTEURS DE L’ASSEMBLEE NATIONALE
Par ailleurs, il faut relever que de nombreuses personnalités n’ont pas apprécié que l’Assemblée nationale soit dans une latence en cette période exceptionnelle. Le militant des droits de l’Homme, Alioune Tine, avait même écrit dernièrement sur Twitter pour dire : «Il faut d’urgence déconfiner l’Assemblée nationale, pour que le débat public reprenne entre les élus et les membres du Gouvernement.» Comme s’il répondait au droit-de-l’hommiste, Moustapha Niasse a indiqué dans sa déclaration, hier, que l’Assemblée nationale, depuis le début du mois de mars 2020, dès l’apparition du premier cas de Covid-19, s’est engagée dans le combat entrepris contre la pandémie et a apporté son soutien sans faille aux initiatives et aux mesures prises par le Chef de l’Etat. «Depuis lors, jour après jour, l’Institution parlementaire, à travers le mécanisme de suivi qu’elle a mis en place au sein de ses Services, s’évertue à entreprendre les actions nécessaires pour sensibiliser les Députés et les personnels sur les mesures barrières et les précautions à prendre, face au virus, conformément aux recommandations pertinentes des Médecins, Chercheurs et Experts sénégalais », souligne-t-il.
Dans le même temps, il affirme que l’Assemblée nationale poursuit ses missions et ses Services, tout comme ceux des autres Institutions de la République continuent de travailler. «C’est ainsi que les textes de loi sont traités, programmés au niveau de la Conférence des Présidents et soumis à l’examen des Commissions permanentes, pour ensuite être discutés et adoptés en séance plénière conformément au Règlement intérieur.
Naturellement, il est tenu compte de la nécessaire règle de distanciation, sur la base du contingentement consensuel des Députés qui participent aux séances plénières. C’est dans cette ligne de permanence de l’Etat républicain que le Président de l’Assemblée nationale reste en contact avec le Chef de l’Etat. Ne nous y trompons pas », déclare Moustapha Niasse.Il estime que la gestion de cette pandémie inédite est ardue, eu égard à ses conséquences multiformes et à l’état des connaissances scientifiques, par rapport aux contours du virus et de la maladie, même si les progrès sont indéniables. «Il est donc humain que la situation engendrée suscite des interrogations, des angoisses, voire le désarroi », laisse-t-il entendre.