LA MÉDIATION S'ACTIVE POUR APAISER LA CRISE
Pierre Goudiaby Atepa estime qu'un scrutin fin mai serait "raisonnable", bien loin du 15 décembre. L'architecte affirme avoir multiplié les rencontres avec Sonko, qui aurait posé comme préalable à tout dialogue "des gages"

Dix jours après l'annonce du président sénégalais Macky Sall de reporter la présidentielle prévue le 24 février, le mécontentement reste palpable au sein de la société civile. Si le chef de l'État n'a pour l'instant fait aucun signe d'un éventuel retour en arrière, certaines personnalités tentent de jouer les médiateurs pour apaiser les tensions.
C'est le cas de Pierre Goudiaby Atepa, influent architecte et président du Club des investisseurs du Sénégal. Dans une interview accordée à RFI ce 15 février, ce dernier a confirmé avoir été mandaté par Macky Sall pour rencontrer Ousmane Sonko, principal opposant emprisonné, et favoriser le dialogue. "Mandater est peut-être un mot trop fort, mais il m'a demandé de faire tout ce que je pouvais faire pour que les Sénégalais puissent se parler entre eux, y compris monsieur Sonko", a-t-il déclaré.
L'objectif affirmé est double : obtenir un "apaisement réel de la situation" et "trouver des solutions, qui devraient passer par des dates raisonnables pour tenir des élections". Pierre Goudiaby Atepa estime qu'un scrutin fin mai serait "raisonnable", bien loin de la date du 15 décembre avancée par Macky Sall.
Concernant Ousmane Sonko, emprisonné, l'architecte affirme avoir multiplié les rencontres avec lui. "Le président souhaite un climat apaisé, il souhaite, éventuellement, que tout le monde puisse être candidat, y compris vous", lui aurait-il rapporté. L'opposant aurait posé comme préalable à tout dialogue "des gages" comme "la libération des prisonniers politiques".
Pierre Goudiaby Atepa laisse entendre qu'une libération d'Ousmane Sonko "n'est pas un problème" pour Macky Sall. Le président serait également favorable à la libération d'"un millier" de détenus d'ici quelques jours. Preuve selon l'intermédiaire "qu'il faut du temps" pour apaiser les tensions.
Interrogé sur ceux qui demandent le respect du calendrier électoral initial ou d'une décision du Conseil constitutionnel, Pierre Goudiaby Atepa estime qu'un "petit glissage" au mois de mai est une option envisageable "pour avoir la paix et des élections inclusives". Il appelle les acteurs politiques à "mettre un peu d'eau dans leur bissap" et à ne "pas s'accrocher" à des dates intenables, dans un contexte où "des gens voudraient profiter de l'instabilité" au Sénégal.
Cet entretien révèle les coulisses des tractations en cours, sous l'égide de Macky Sall, pour tenter de sortir de la crise politique qui secoue le pays suite au report controversé de la présidentielle. Le chef de l'État semble privilégier la voie du dialogue et de la médiation.