LABORIEUX EXERCICE D’EXPLICATIONS D’ISMAËL MADIOR FALL
Etat de santé de Sonko, liberté provisoire de Juan Branco…En conférence de presse hier, le ministre de la Justice, Ismaël Madior Fall, a soutenu que le leader du parti dissous Pastef, Ousmane Sonko, a mis fin à sa grève de la faim depuis samedi

En conférence de presse hier, le ministre de la Justice, Ismaël Madior Fall, a soutenu que le leader du parti dissous Pastef, Ousmane Sonko, a mis fin à sa grève de la faim depuis samedi. Une grève que le maire de Ziguinchor avait entamée deux jours après son arrestation et imitée par plus de 300 détenus à travers l’ensemble des maisons d’arrêt et de correction du pays. A en croire toujours le ministre, de tout ce lot, seul l’avocat franco-espagnol Juan Branco, expulsé hier nuit du territoire national, a observé une grève de la faim totale, refusant de manger et de boire. Ce contrairement à Ousmane Sonko et Cie qui observeraient une grève de la faim partielle consistant à refuser de s’alimenter tout en buvant de l’eau salée pour ne pas se déshydrater. Le ministre de la Justice a aussi expliqué pourquoi une liberté provisoire a été accordée à l’avocat franco-espagnol. Selon lui, il n’y avait plus de raison de le garder en détention. Et de toutes façons, précise-t-il, cette liberté provisoire peut être révoquée à tout moment. Il s’y ajoute que Branco pourrait être jugé lorsque l’information sera clôturée au cas où elle ferait l’objet d’un renvoi devant une juridiction de jugement.
Le ministre de la Justice, Pr Ismaël Madior Fall, a fait le point hier sur l’état de santé d’Ousmane Sonko et des détenus qui avaient entamé une grève de la faim pour se solidariser avec lui. « Il résulte des comptes rendus de l’administration pénitentiaire que Ousmane Sonko a mangé le samedi matin. Donc, il a interrompu sa grève de la faim de même que plusieurs autres détenus », a soutenu le ministre de la Justice. Pr Ismaël Madior Fall s’est voulu rassurant sur l’état de santé d’Ousmane Sonko qui, à l’en croire, se porterait mieux. Le leader de Pastef est interné à l’hôpital Principal de Dakar dans un centre où il y a un plateau technique répondant à son état. « Ousmane Sonko a été transféré à l’hôpital Principal, ça c’est vrai. J’ai vu les gens de son parti dire qu’il est mal en point, que son état est préoccupant. J’ai un conseil à donner aux militants de son parti. Quand votre leader fait une grève de la faim, il faut montrer qu’il est courageux, qu’il est robuste, qu’il est fort, mais pas montrer le contraire lorsqu’on manipule l’information sur Ousmane Sonko. Il a reçu des soins à l’hôpital Principal, mais il va bien » a ajouté le ministre de la Justice. Ousmane Sonko n’était pas le seul à être admis aux urgences médicales. L’état de santé du journaliste d’investigation Pape Alé Niang et celui du chroniqueur à Walf Tv Cheikh Bara Ndiaye inquiétaient également l’opinion publique. Pour ce qui est du patron de Dakarmatin, Ismaël Madior Fall a confirmé que ce dernier refuse des soins et a décidé de poursuivre sa grève de la faim.
Sur le cas de Me Babacar Ndiaye !
Membre du pool des avocats d’Ousmane Sonko, Me Babacar Ndiaye a bénéficié d’une liberté provisoire hier après avoir été inculpé pour recel de malfaiteurs. Il reste cependant sous contrôle judiciaire, a annoncé le ministre de la Justice. Selon lui, il y a des éléments et des indices graves qui montrent que Me Ndiaye aurait aidé son confrère, Me Branco, à entrer sur le territoire national. Selon Ismaïla Madior Fall, l’arrestation de Me Babacar Ndiaye a été conforme aux règles de l’art. Ce contrairement à ce que soutient l’Ordre des avocats du Sénégal. « L’arrestation de l’avocat est conforme aux règles de l’art. Le procureur général a informé le Bâtonnier de l’Ordre des avocats. Il ne s’agit pas d’avoir son avis ou son aval », a-t-il indiqué tout en soutenant que nul n’est au-dessus de la loi y compris les avocats.
Branco, un cas à part
S’exprimant sur la liberté provisoire accordée à Juan Branco, Ismaël Madior Fall explique qu’Il n’y avait pas de quoi le garder en détention. Selon le Garde des sceaux, l’avocat franco-espagnol s’est illustré par des attaques contre l’Etat du Sénégal, contre ses institutions en essayant d’expérimenter sa théorie de la révolution de l’insurrection au Sénégal, et a appelé les gens à brûler, à casser. « Il y a, sur la base de ces infractions, un mandat d’arrêt international qui a été émis à son encontre. Il a été présenté à un juge d’instruction qui l’a inculpé et lui a accordé la liberté provisoire. Parce que les infractions visées sont les plus hautes poursuites. Ce sont des infractions délictuelles pour certaines, criminelles pour d’autres. Ça veut dire que sa détention pour les besoins de l’information judiciaire peut même dépasser six mois. Il se trouve que, pour ces faits, il ne peut pas être jugé en flagrant délit. Il n’y avait pas de raison de le garder dans les liens de la détention ». Telle est l’explication tirée par les cheveux livrée par le ministre de la Justice au sujet de l’arrestation suivie de l’inculpation et de la libération en mode fast-track d’un avocat sur qui pèsent quand même des charges criminelles ! Toutefois, l’avocat d’Ousmane Sonko n’est pas sorti de l’auberge. A en croire Ismaïla Madior Fall, toutefois, Juan Branco ne se serait pas totalement tiré d’affaire. « C’est le juge qui a souverainement décidé de l’inculper et de lui accorder la liberté provisoire.
Le parquet ne s’y oppose pas parce qu’il n’est pas ressortissant sénégalais. Nous avons des accords de coopération judiciaires très sérieux qui nous lient avec la France. À tout moment, s’il y a besoin d’administration de la justice, la procédure de l’information judiciaire continue à son encontre. Il est possible que son contrôle judiciaire soit révoqué. Il peut être jugé lorsque l’information sera clôturée. Il peut faire l’objet d’un renvoi devant une juridiction de jugement », a dit sans trop de conviction le ministre de la Justice. Heureux sans doute de s’être débarrassé de cette patate chaude qu’est Me Juan Branco !