VIDEOL'APR BOYCOTTE LE DIALOGUE
Le parti de l'ancien président Macky Sall, qui s'exprimait ce vendredi à Dakar, accuse le nouveau régime de vouloir « décapiter » l'opposition à travers des poursuites judiciaires ciblées contre ses dignitaires

Lors d'une conférence de presse tenue ce vendredi 9 mai 2025 à Dakar, l'Alliance pour la République (APR), parti de l'ancien président Macky Sall, a catégoriquement refusé de participer au dialogue national convoqué par le président Bassirou Diomaye Faye pour le 28 mai prochain.
Dans une déclaration virulente, le porte-parole du parti a dénoncé ce qu'il qualifie de "politique de vengeance" orchestrée par le nouveau régime contre les anciens responsables gouvernementaux. "L'APR ne peut pas et ne participera pas à ce dialogue", a-t-il martelé, tout en rappelant paradoxalement que le dialogue politique avait été instauré comme tradition nationale par Macky Sall lui-même depuis 2016.
Le parti s'insurge particulièrement contre la récente mise en accusation par l'Assemblée nationale de cinq anciens ministres du régime Sall, à savoir Mansour Faye, Ismaïla Madior Fall, Mustapha Diop, Ndèye Saly Diop et Sophie Glamida. Cette procédure est qualifiée de "cabale orchestrée" visant à "humilier" les anciens ministres et à "prononcer la sentence de leur culpabilité définitive avant l'étape judiciaire".
"L'APR refuse que ses serviteurs de l'État soient érigés en trophée de guerre par un pouvoir qui n'a rien d'autre à offrir au grand peuple du Sénégal", a déclaré Seydou Gueye, exprimant sa solidarité avec les anciens ministres mis en cause ainsi qu'avec d'autres personnalités détenues, comme le député Farba Ngom et le ministre Lat Diop.
Le parti accuse également le nouveau régime de porter atteinte aux libertés démocratiques, d'interdire illégalement des sorties du territoire, et de procéder à des licenciements massifs dans les sociétés nationales et agences publiques pour des motifs politiques. Il dénonce un climat où "parler, critiquer, s'opposer sont des délits" et où la presse indépendante et les magistrats seraient "systématiquement agressés".
Tout en saluant certaines décisions de justice récentes, notamment celle de la Cour de justice de la CEDEAO condamnant l'État du Sénégal à verser 5 millions de francs à "un détenu politique", l'APR a appelé la justice à "faire preuve davantage d'objectivité, de neutralité, d'impartialité".
Malgré cette position ferme de non-participation au dialogue, le parti a tenu à préciser que cette décision ne l'éloignerait pas "du reste de l'opposition qui pourrait en toute souveraineté participer au dialogue", rappelant son "attachement à toute recherche de pacification de l'espace politique et à la paix sociale".
En conclusion, le porte-parole a réaffirmé que l'APR continuait de "travailler à l'avènement d'un Sénégal de paix, stable et mobilisé pour le progrès économique et social de son peuple", malgré ce qu'il considère comme une tentative de "décapitation" du parti avant "toute dissolution finale".