«LE DIALOGUE POLITIQUE N’EST PAS QUE LA NEGOCIATION POLITIQUE»
L’appel au dialogue du président de la république dans le contexte politique actuel du Sénégal laisse perplexe l’analyse de politique Atab Badji qui souligne, en effet, d’emblée qu’«en démocratie, le dialogue est un non-évènement.

L’appel au dialogue du président de la république dans le contexte politique actuel du Sénégal laisse perplexe l’analyse de politique Atab Badji qui souligne, en effet, d’emblée qu’«en démocratie, le dialogue est un non-évènement. il est à la démocratie ce que la routine est au quotidien. Par contre, l'évènement, c'est justement quand le dialogue devient un événement». Constant que «le dialogue politique n’est pas que la négociation politique», le Dr Badji rappelle que «le dialogue est avant tout un échange de procédés. Et contrairement à la négociation politique, sa finalité n'est pas forcément un consensus ou un accord, mais un enrichissement mutuel». Dès lors, estime-il, «il convient de s’insurger avec force contre l'erronée idée, et soutenue par plusieurs observateurs et analystes du jeu politique, que la nécessité du dialogue est sous-tendue par une crise au sens classique du terme occasionnant une entrave à la bonne marche du pays. ce n'est pas parce que les institutions marchent qu’un dialogue est sans objet».
En effet, pour l’analyste de politique, «ce serait une vision fort réductrice du concept de dialogue. ce serait le réduire à ces rencontres dites ‘dialogues de sortie de crise’, de ‘négociations politiques’ (dont la finalité, c'est un accord politique moyennant renoncement symétrique ou asymétrique selon les rapports de force ou les ambitions) qui sont souvent la conséquence justement d'une absence de dialogue en amont. La finalité du dialogue politique, ce n'est pas le silence. Mais celle de la négociation politique, c'est bien le silence politique. silence politique n'est point synonyme de paix sociale, c'est même parfois une menace démocratique avec l’émergence de forces spontanées et inattendues». insistant sur le fait que «le dialogue politique n’est pas un dialogue électoral, mais un dialogue de politique», il martèle : «nous refusons de penser que le dialogue politique doit se résumer au simple dialogue (entre quatre murs et en aparté) des politiciens avec comme seul ordre du jour les élections et institutions afférentes dont les dysfonctionnements relèvent de leur propre jeu politicien».
«Le dialogue doit être un dialogue de politiques, non pas de personnes»
Pour lui, «le dialogue doit être plutôt un dialogue de politiques, non pas de personnes, mais de vision de personnes sur les fondements de la vie de la nation : économie, santé, éducation, social. dialogue de politique publique de santé, d’économie, éducative telle que vue par les uns et les autres». selon lui, «c'est le choc des idées, des conceptions, des concepts, des visions, des actions... bref des politiques comme outils de gestion de notre cité. il faut se garder de faire la dichotomie entre la politique et l'économie. L'économie, c'est de la politique. La santé, c'est de la politique. L'éducation, c'est de la politique... et toutes, rien que ça !».
Le Dr Badji est même d’avis qu’«il est temps d'arrêter de réduire la politique à la vie des partis politiques et des politiques partisanes qui, souvent, font tout sauf de la politique. d’eux, le véritable dialogue de politique que nous attendons, c’est des propositions et des contrepropositions concrètes pour une meilleure économie, avec notamment des projets politiques clairs pour la gestion de nos ressources notamment pétrolières et gazières entre autres, de notre système santé qui peine à décoller, de notre éducation en crise avec une école en déroute, de notre jeunesse en mal de repère. et devant la spécificité du mandat 2019-2024, un tel dialogue reste un impératif».