«LES AMENDES SONT A RECOUVRER, A DEFAUT, C’EST LA CONTRAINTE PAR CORPS»
Macky Sall sur le retour de Karim Wade au Sénégal

Karim Wade risque de retourner en prison dès qu’il foule les pieds sur le tarmac de l’Aéroport International Blaise Diagne de Dakar. Dans un entretien avec France24h, le Président de la République s’est voulu ferme sur la question : « Il a été condamné à six ans de prison avec des amendes. Il a bénéficié d’une grâce de ma part pour la partie détention. Les amendes sont à recouvrer, à défaut de recouvrement, c’est la contrainte par corps ».
Un homme avertit en vaut deux. Et Karim Wade risque de le vérifier à ses dépens s’il s’entête à revenir au Sénégal pour se présenter à la présidentielle de 2019. Car, cette fois-ci, ce ne sont pas les seconds couteaux qui ont parlé, mais le président de la République en personne. Le candidat du Parti démocratique sénégalais (Pds) risque de retourner en prison s’il ne paie pas l’amende de 136 milliards que lui avait infligée la Cour de répression de l’enrichissement illicite (Crei). Interpellé par France24 sur les risques que coure Karim Wade en rentrant au Sénégal, Macky Sall déclare : «Interrogez le droit. Que dit la loi ? Elle est claire là dessus. Il a été condamné à six ans de prison avec des amendes. Il a bénéficié d’une grâce de ma part pour la partie détention. Les amendes sont à recouvrer, à défaut de recouvrement, c’est la contrainte par corps ». En revanche, dit-il, «s’il choisit de rentrer au Sénégal, il est libre, il est un Sénégalais. Le reste, ce sera une affaire de droit et d’application du droit». Pour le président Macky Sall, le fait de ressusciter la Crei entre dans le cadre de son option irréversible en tant que candidat en 2012 de travailler pour renforcer la bonne gouvernance et protéger les ressources du pays. Donc, loin de lui de verser dans des règlements de compte.
«KHALIFA SALL N’A JAMAIS NIE LES FAITS POUR LESQUELS IL A ETE EMPRISONNE »
Le président Macky Sall qui s’est toujours défendu de se prononcer sur le dossier de Khalifa Sall y est allé cette fois-ci à fond. «Le second (Ndlr, Khalifa Sall) n’a jamais nié les faits pour lesquels il a été emprisonné. Il a dit que c’était une pratique. Ce n’est pas une réponse juridique», a argumenté le président Sall. «J’ai toujours évité de parler de dossiers judiciaires. Maintenant que la chose est jugée, je pense que personne n’a été éliminé volontairement. La preuve, il y a plus de cent et quelques candidats déclarés qui ont retiré leurs dossiers. S’ils remplissent les critères, ils seront candidats», explique-t-il. Le président de la République a battu aussi en brèche les arguments des avocats de l’ancien maire de Dakar sur l’arrêt de la Cour de justice de la Cedeao. «La Cedeao n’a jamais critiqué le Sénégal, je suis désolé. La Cour de justice de la Cedeao n’a jamais condamné le Sénégal. Il y a beaucoup d’amalgames. Ils prennent les aspects qui les intéressent sur les arrêts. Je ne suis pas là pour parler de ces sujets qui ont été traités par la justice», ranche le chef de l’Etat.
AMNISTIER KARIM ET KHALIFA?
Le président Macky Sall n’exclut pas d’amnistier Karim Wade et Khalifa Sall, une fois réélu en 2019. «Je n’ai pas parler d’amnistie. Cela ne vient pas de moi et le débat ne se pose pas à mon niveau. Je ne peux pas écarter des citoyens en tant que président de la République et dans une circonstance nouvelle d’une réélection, si c’est la volonté des Sénégalais, alors d’engager une nouvelle phase pour la reconstruction nationale, dans un esprit de renouveau national, de consensus national. Je pense qu’il faut savoir tourner les pages aussi», déclare-t-il.
DES FLECHES A AMNESTY INTERNATIONAL
Amnesty international en a aussi pris pour son grade. Le chef de l’Etat n’est pas du tout satisfait du comportement des responsables de l’organisation de défense des droits humains qui sont à yeux des opposants de son pouvoir. Pour lui, Amnesty gagnerait à revoir le statut de ses représentants au Sénégal. «Je respecte Amnesty comme toutes les ONG qui luttent quotidiennement, vaillamment pour les droits de l’homme. Mais lorsque les représentants de ces ONG marchent avec l’opposition, vont voter quand il s’agit de référendum dans le camp de l’opposition contre le pouvoir, ses avis n’ont aucun intérêt à mes yeux. Ceux-là gagneraient à quitter les organisations pour rentrer dans l’opposition. Et là, on est à l’aise. Mais quelqu’un qui manifeste avec l’opposition ne peut pas me donner un avis de société civile », raille le président Sall.