LES GUINEENS DE DAKAR MARCHENT ET DISENT «AMULANFE»
Soutenus par de nombreuses organisations de la société civile, les Guinéens de Dakar ont battu le macadam pour s’opposer à une modification constitutionnelle qui permettrait à Alpha Condé de se présenter à la présidentielle guinéenne en 2020

La lutte contre un troisième mandat du Président Alpha Condé s’internationalise. Soutenus par de nombreuses organisations de la société civile, les Guinéens de Dakar ont battu le macadam pour s’opposer à une modification constitutionnelle qui permettrait à Alpha Condé de se présenter à la présidentielle guinéenne en 2020. Ex-N°2 de l’Ufdg (principal parti d’opposition dirigé par Cellou Dalein Diallo), Bâ Oury et des responsables du Front National pour la défense de la Constitution (Fndc) ont participé à la marche
Samedi dernier, la Place de l’Obélisque a été le point de convergence de nombreuses personnes venues participer à la marche contre le 3e mandat du Président guinéen, Pr Alpha Condé. Vêtus de rouge et agitant des pancartes et autres banderoles sur lesquelles on peut lire des slogans hostiles à leur Président, les Guinéens résidant à Dakar ont manifesté leur opposition à toute tentative de Condé de briguer un troisième mandat. Dès 15 heures, les ressortissants guinéens étaient sur place, prêts à battre le macadam. La plupart des manifestants arboraient des tee-shirt à l’effigie du Front National pour la Défense de la Constitution, section Sénégal (Fndc).
Petit à petit, la foule grossit en enregistrant l’arrivée de jeunes, de femmes et d’adultes venus jouer leur partition dans le combat contre le dessein du Pr Condé de participer à la prochaine présidentielle. «Un peuple qui ne dit jamais non, n’est pas victime, mais complice», «Non à un troisième mandat en Guinée», «Seule la liberté te libère»… sont quelques uns des slogans déclamés par les manifestants. Mais c’est le slogan «Amulanfé» (Ndlr : ça ne passera pas) devenu le cri de guerre des opposants à un 3e mandat qui est repris en boucle duranttoute la durée de la marche. De la Place de l’Obélisque à la Rts (itinéraire de la procession), l’ancien coordonnateur du mouvement «Y en a marre», Fadel Barro martelait «Gassata», un autre slogan utilisé lors des récentes manifestations en Guinée.
Pour la secrétaire administrative du Fndc section Sénégal, Fatoumata Thiam Ndiaye, il est impératif de protéger la Constitution guinéenne en s’opposant au projet de troisième mandat. «Pour nous, c’est une manière de lancer un message fort aux autorités guinéennes afin qu’elles respectent la loi, mais aussi la population», clame la secrétaire administrative du Fndc. Elle appelle les dirigeants de son pays à avoir pitié du peuple qui a tant souffert et continue de souffrir. Bâ Oury : « Alpha Condé doit renoncer à son projet de changement constitutionnel «Fatoumata Thiam Ndiaye a réclamé la libération de jeunes Guinéens emprisonnés juste pour s’être opposés à la volonté du chef de l’Etat de briguer un mandat de plus. «La dernière sortie d’Alpha Condé ne peut rien changer car, jusque-là les corps des personnes tuées lors des manifestations n’ont pas été rendus aux familles pour les besoins de l’enterrement. Pour le moment, nous disons juste qu’il n’a pas reculé dans son ambition de participer à la prochaine présidentielle», soutient-elle.
Ex-N°2 du l’Union des Forces Démocratiques Guinéennes (Ufdg) de Cellou Dalein Diallo, Bâ Oury trouve que certains Guinéens dont Alpha Condé veulent détruire ce qui a été difficilement obtenu en 2010 avec la rédaction d’une nouvelle Constitution. «Alpha Condé doit renoncer au changement constitutionnel qu’il veut faire. Cela ne va pas dans l’intérêt de la Guinée encore moins de la sous-région», martèle-t-il sous les ovations des manifestations.
Très en verve, il invite l’actuel Président à ne se laisser piéger par ceux qui veulent que la Guinée recule. En du mouvement «Y en a marre», de Africa Jom Center, de Frapp France Dégage, de nombreuses organisations de la société civile ont pris part à la marche. Ancien opposant au Président Lansana Konté, Alpha Condé est arrivé au pouvoir en 2010. Il a été réélu en 2015 pour un dernier mandat de cinq.