LES POPULATIONS DE KEUR MASSAR EXIGENT UNE PROROGATION DE LA RÉVISION DES LISTES ÉLECTORALES
Le délai est jugé trop court par certains demandeurs de la localité

Ayant démarré depuis le 31 juillet dernier, les demandes d’inscription sur les listes électorales devraient prendre fin hier, ce mercredi 8 septembre 2021. Mais le délai est jugé trop court par certains demandeurs au niveau de Keur Massar. En plus, ces derniers déplorent le non-déploiement d’une équipe conséquente dans certaines localités du département. Toutes choses qui les incitent à exhorter le gouvernement à prolonger la date pour permettre aux citoyens de s’inscrire massivement.
Sauf changement de dernière minute, les citoyens sénégalais qui n’ont pas pu s’inscrire jusqu’à ce mercredi sur les listes électorales vont être forclos. A Keur Massar, hier, à quelques heures de la clôture des opérations de révision sur les listes électorales, des centaines de citoyens ont assiégé tôt le matin l’école élémentaire Massar Dièye qui abrite l’unique commission administrative de Keur Massar nord, pour s’inscrire ou changer leurs adresses électorales. C’est le cas de Moussa Sané. La vingtaine, masque couvrant totalement le visage, il ne cache pas son inquiétude de ne pas pouvoir s’inscrire sur les listes électorales. «C’est la troisième fois que je viens ici depuis l’ouverture de la commission, et je n’arrive toujours pas à m’inscrire. On me dit souvent que les listes d’attente sont pleines», se désole ce jeune qui a tout l’air d’être un primo votant. En plus, poursuit-il, il n’y a qu’une seule commission ; c’est donc très normal qu’elle ne puisse pas inscrire tout ce monde. «Les autorités devraient normalement déployer au moins 3 à 4 équipes pour faciliter l’enrôlement, mais malheureusement, depuis le début, il n’y a qu’une seule équipe déployée», s’offusque M. Sané qui invite les autorités à prolonger le délai pour permettre aux Sénégalais de pouvoir remplir cette condition primordiale devant permettre de s’acquitter de son droit de citoyen aux élections locales.
Embouchant la même trompette, Mme Guissé déplore le manque d’organisation et la discrimination constatée dans les o p é r a t i o n s d’enrôlement. «Nous sommes là depuis 5h du matin pour un seul bureau, alors qu’ils devraient ouvrir les autres salles de classe pour que les gens puissent s’inscrire rapidement et vaquer à leurs occupations. Malheureusement, on constate une ferme volonté de décourager les citoyens de s’inscrire», déplore notre interlocutrice. Poursuivant sa complainte, elle informe que les organisateurs des opérations de révision ont créé des listes parallèles pour permettre à leurs militants de s’inscrire. «Il y a absence de transparence sur les listes. Je trouve cette situation très regrettable. Vu que nous sommes tous des citoyens, tous égaux en droits et devoirs, nous devons être traités sur le même pied», sérine amèrement Mme Guissé. Elle invite par conséquent les Sénégalais à rester déterminés parce que, selon elle, il s’agit du destin de leurs localités. «Les Sénégalais doivent tous s’inscrire», peste-t-elle.
PAPE ABDOULAYE TOURE : «LES AUTORITEES FONT DES MANŒUVRES POUR SABOTER LES OPERATIONS D’ENROLEMENT»
Le coordonnateur de Noo Lank, Pape Abdoulaye Touré, venu s’inscrire sur les listes, abonde dans le même sens. Il estime que les autorités font des manœuvres politiques afin de saboter les opérations de révisions électorales. «On demande aux citoyens notamment les primo votants d’aller chercher des cartes d’identité dans les commissariats de police ou des services de la Direction de l’Automatisation des Fichiers (Daf) déployés dans les différentes localités avant de revenir pour s’inscrire sur les listes et avoir deux cartes, alors qu’ils pouvaient le faire une seule fois», déplore l’activiste. Selon lui, il s’agit juste d’une mise en scène des autorités pour décourager les jeunes. «Heureusement que la population a compris ce jeu. Même si c’est dur, les jeunes continuent de venir pour arracher leur droit fondamental qui est le vote», se réjouit pape Abdoulaye Touré. Il appelle les autorités à savoir raison garder et à prolonger la date des inscriptions. «Le délai est trop court. En plus, il y a un problème de communication. L’Etat n’a pas mis en place un dispositif conséquent pour informer les citoyens à temps sur les procédures. Vu que tout cela n’a pas été fait, nous les invitons à donner une seconde chance aux citoyens pour qu’ils puissent s’inscrire», soutient-il. A l’image de l’école Masser Dièye, la préfecture de Keur Massar grouille de monde. Une longue file d’attente des jeunes venus récupérer leurs cartes nationales d’identité donne un nouveau décor au terminus des bus Tatas 71.
Aissata Sy, teint clair, le masque bien noué sur la moitié de son visage, attend patiemment son tour. Depuis presque 3 jours, elle court derrière sa pièce d’identité pour aller s’inscrire sur les listes électorales. «Je suis là depuis 7 heures, malheureusement le service est un peu lent mais j’espère récupérer la carte aujourd’hui et aller directement à la commission électorale où je me suis déjà fait préinscrire sur la liste d’attente», souligne notre interlocutrice. Contrairement à Aissatou, Sidiya Diédhiou n’a pas eu le temps de s’inscrire sur les listes d’attente de la commission électorale. Il compte cependant, dès la réception de sa pièce, aller tenter sa chance pour voir s’il pourra être enrôlé dans les prochaines listes électorales. «Je n’ai jamais voté ; vraiment j’aimerais remplir ce devoir citoyen. C’est pourquoi, je prie les autorités de me donner cette chance en prolongeant le délai», plaide-t-il.