LES RAISONS POSSIBLES D’UN RENVOI AU 08 MAI PROCHAIN
Le procès en appel pour diffamation opposant le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, au leader de Pastef a été renvoyé d’office au 8 mai. Sans donner d’explications, le juge Amady Diouf, après avoir appelé le dossier, a décidé de renvoyer l’affaire.

Le procès en appel pour diffamation opposant le ministre du Tourisme, Mame Mbaye Niang, au leader de Pastef a été renvoyé d’office au 8 mai. Sans donner d’explications, le juge Amady Diouf, après avoir appelé le dossier, a décidé de renvoyer l’affaire. Cette décision pourrait s’expliquer par le souci de permettre aux avocats d’Ousmane Sonko de faire appel de sa condamnation en première instance prononcée le 30 mars dernier. Le délai que la loi accorde à l’opposant pour se pourvoir en cassation courant toujours, Amady Diouf n’a sans doute pas voulu violer les droits de la défense. Surtout que les avocats de Sonko le récusent vu qu’il avait été le procureur de la République qui, en première instance, avait dirigé les poursuites contre leur client. Pour rappel, le prévenu avait été condamné à une peine de trois mois de prison avec sursis et à verser des dommages et intérêts d’un montant de 200 millions de francs au plaignant. Insatisfait de ce verdict, Mame Mbaye Niang avait fait connaître dès le lendemain son intention de faire appel. Le parquet également, non content d’avoir été débouté pour les incriminations d’injures publiques et de faux en écritures publiques qu’il avait ajoutées à celle de diffamation visée par le ministre du Tourisme, en avait fait de même. Ousmane Sonko n’a pas encore dit s’il compte faire appel.
La désignation de l’actuel président de la Cour d’appel de Dakar, Amady Diouf, pour juger Ousmane Sonko en appel dans l’affaire l’opposant à Mame Mbaye Niang est une anomalie que comptent combattre les avocats du leader de Pastef. Ceci, étant donné que le magistrat a dirigé les poursuites contre leur client dans l’affaire de diffamation l’opposant à Mame Mbaye Niang et celle de viol pour laquelle une masseuse du salon « Sweet Beauté » le poursuit devant les tribunaux. Dans tous les cas, en attendant la tenue du procès en appel pour la diffamation, le 08 mai prochain, les dispositions de l’article 650 du Code de procédure pénale précisent que tout juge, conseiller ou président de chambre peut être récusé pour les faits ci-après : S’il a connu du procès comme magistrat, arbitre ou conseil ou s’il a déposé́ comme témoin sur les faits du procès. Or, le président Amady Diouf se trouve dans l’un des cas énumérés ci-dessus
La partie civile justifie l’enrôlement !
Après le renvoi du procès, hier, un des avocats de la partie civile, Me El Hadj Diouf, a expliqué que l’enrôlement ne signifie pas le jugement. Le tonitruant « avocat du peuple » estime que les gens sont très vite allés en besogne pour dire qu’on n’a pas attendu l’expiration des délais d’appel. « Vous aurez constaté que les droits de tout le monde sont respectés. Ce renvoi consacre le respect de tous les droits de toutes les parties », a soutenu Me El Hadj Diouf. Son collègue de la partie civile, Me Boubacar Cissé, lui emboite le pas. « La loi ne fixe aucun délai pour l’enrôlement. Cela dépend des diligences. L’enrôlement est un acte administratif mais pas un acte judiciaire. Donc, cela dépend de l’administration du greffe. Si le dossier ne présente aucune difficulté rien n’empêche qu’on l’enrôle», a précisé Me Baboucar Cissé.
Biram Souley Diop : «on ne peut pas accepter qu’une partie de la Justice soit le premier filtre au parrainage pour choisir qui sera candidat ou qui ne le sera pas»
Selon Birame Souley Diop, le président du groupe parlementaire de la coalition Yewwi Askan Wi à l’Assemblée nationale, le projet, à travers cet appel effectué en mode fast track, vise tout simplement à rendre inéligible Ousmane Sonko. Birame Souleye Diop assure que les responsables et les militants feront face aux tentatives du régime pour arriver à sa fin. « Ce que nous avons à dire, c’est que notre conviction est profonde et établie. Ce procès, c’est pour interdire à Ousmane Sonko d’être candidat en 2024, mais il sera candidat. Nul ne pourra l’en empêcher. Nous restons mobilisés et déterminés parce qu’on ne peut pas accepter qu’une partie de la justice soit le premier filtre au parrainage pour choisir qui sera candidat ou qui ne le sera pas », a mis en garde le maire de Thiès Nord. Qui s’est également prononcé sur l’affaire de deux députés du PUR dont le procès en appel a été renvoyé jusqu’au 15 mai prochain. « Dans toutes les démocraties du monde, les gens se chamaillent à l’Assemblée nationale, relativise-t-il. On ne peut pas accepter que le pouvoir règle les contentieux du pouvoir législatif. L’Assemblée a toutes les capacités pour régler ces contentieux », a ajouté Birame Souley Diop.