LES RAISONS STRATEGIQUES D’UNE «BOUSCULADE» POLITIQUE AU SIEGE DU CONSEIL CONSTITUTIONNEL
Présidentielle 2019 - Dépôts de candidatures

De la bousculade, des coups de poings, des blessures entre autres. Tels sont les faits qui ont marqué hier l’ouverture des dépôts de candidatures au siège du Conseil Constitutionnel sis à Ngor. Qu’est-ce qui est à l’origine de toute cette agitation ? Le Témoin livre les raisons de cette bousculade « politique »…
Dès l’ouverture des dépôts de dossiers de candidatures à la présidentielle dans la nuit du lundi 10 au mardi 11 décembre 2018 au siège du Conseil Constitutionnel, chacun des mandataires des candidats déclarés voulait entrer le premier dans le bureau du greffier commis à la réception des dossiers pour lui remettre celui de son mandant. Et personne parmi eux ne voulait céder la priorité ou le passage à l’autre. Pourquoi tout ce tohu-bohu et cette bousculade alors que les candidats disposent de 16 jours (la date de clôture est prévue pour le 26 décembre prochain, ndlr) pour déposer leurs dossiers de candidatures au niveau du Conseil Constitutionnel ? Explications du mandataire de la coalition « Madické Président », Ibra Diouf Niokhobaye : celui qui vient en premier est avantagé par rapport à ceux qui viennent après. Pourquoi ? Parce que, quand vous déposez vos documents de parrainages, il peut y avoir des doublons. Et dans ce cas de figure, on considère, dans le cas où un citoyen aurait donné sa signature à deux candidats, par exemple, que seule celle figurant dans le premier dossier déposé est valable. « C’est la raison pour laquelle, la coalition Benno Bokk Yaakar a tout fait pour déposer en premier même si objectivement parlant elle ne devrait pas occuper le premier rang dans l’ordre des dépôts. Mais, si elle manœuvre de la sorte, c’est pour coincer les candidats qui vont déposer leurs listes de parrains après la coalition Benno Bokk Yaakar. Je pense que cela n’est pas sérieux. Nous le disons de la manière la plus ferme. Le président de la République et son ministre de l’Intérieur font actuellement tout pour passer au premier tour mais cela ne peut se passer comme ça », développe Ibra Diouf Niokhobaye. Renchérissant, le candidat de la coalition de « l’Espoir », El Hadj Malick Gakou, renchérit en soutenant que l’ordre de passage est très important d’autant plus que « comme vous le savez, par la magie du trucage et du hold-up électoral, le président Macky Sall et son régime ont crée le système de parrainage ». Et dans cette loi qu’il considère comme inique, le leader du Grand Parti soutient que Macky Sall et son régime ont introduit un certain nombre de dispositions qui peuvent être des menaces à l’expression de la démocratie.
Malick Gakou : « Ils disent que quand quelqu’un parraine Malick Gakou et Macky Sall à la fois, c’est celui d’entre eux qui dépose en premier sa liste qui bénéficie de ce parrainage »
Et l’ancien ministre de la jeunesse de marteler : « Vous savez bien que quand quelqu’un parraine Malick Gakou et qu’il parraine aussi Macky Sall, bien évidemment, celui qui dépose en premier son dossier remporté légalement ce parrainage controversé. Ce qui est d’ailleurs une incohérence d’autant plus que la loi devrait dire que c’est celui qui parraine deux candidats qui devrait voir son parrainage annulé. Malheureusement, après avoir fait exprès de créer cette confusion, les gens de Bennoo ont tout fait pour déposer leur dossier en premier lieu. Ce de manière à faire annuler le maximum de signatures des autres listes ». Ils ont tout fait pour mettre en place toute stratégie pour déposer en premier ». Mais contrairement à Ibra Niokhobaye Diouf et El Hadj Malick Gakou, la coalition ‘’Fippou’’, elle, dit n’avoir aucun problème par rapport à ces dispositions règlementaires. C’est du moins ce que soutient le directeur de campagne du candidat Boubacar Camara, Ibrahima Sylla. « On n’a aucune crainte par rapport aux doublons parce que jusqu’à aujourd’hui nous recevons des parrainages. Nous avons déposé le nombre requis tout en disposant d’un stock de sécurité. Nous avons réglé cette formalité sans faire de bruit », assure le représentant de l’ancien directeur général des douanes. Accusée de s’être imposée pour déposer en premier, la mandataire du candidat de la coalition Benno Book Yaakar soutient que son camp a juste pris ses dispositions pour venir très tôt, plus précisément à 15h42mn lundi (avant-hier, ndlr). D’après l’ancien Premier ministre Aminata Touré, elle est arrivée la première ce lundi au Conseil Constitutionnel.
Mimi Touré : « C’est une opposition qui n’a pas l’habitude de travailler et de venir à l’heure »
« Quelques mandataires de certains opposants sont venus par la suite. D’ailleurs, dès notre arrivée, nous avons pris une photo qui est une preuve qu’on a fait la queue avant eux. C’est une opposition qui n’a pas l’habitude de travailler et d’arriver à l’heure », réplique la responsable du pôle parrainage et mobilisation de la coalition Benno Bokk Yaakar. Mais, pour Malick Gakou, le président de la République et sa coalition n’avaient pas besoin de se précipiter si le peuple aime tant Macky Sall comme il le prétend et si son Plan Sénégal émergent est en train de mettre le pays sur la rampe du développement économique et social. « Pourquoi tricher ? Déjà, on lui demande de choisir un ministre de l’Intérieur en dehors de son camp, il refuse. Or, cela a toujours été le cas lors des magistères des présidents Diouf et Wade. Donc, vous savez bien que ce Président ne croit pas en lui. Et ce n’est qu’en trichant, ce n’est qu’en faisant un holdup électoral qu’il compte arriver à ses fins. Mais, je voudrais lui dire que trop c’est trop. Le Sénégal ne lui appartient pas », assène en conclusion Malick Gakou.