L’OPPOSITION EN ORDRE DE BATAILLE
Les incidents meurtriers du début de mois ont entrainé une reconfiguration soudaine de l’espace politique avec une légitimation du leader des Patriotes en tant que chef de l’opposition

Longtemps dispersée, l’opposition est en phase de former un grand bloc pour affronter le régime de Macky Sall. Elle est actuellement dans les tractations pour créer un grand cadre d’unité d’action pour certainement faciliter le rapport de force avec le pouvoir.
Les dernières manifestations notées dans le pays, aux allures de révolte populaire, ont eu pour effet immédiat la libération Ousmane Sonko. Ces incidents ont entrainé également une reconfiguration soudaine de l’espace politique avec une légitimation du leader des Patriotes en tant que chef de l’opposition. Les partis et coalitions, jusque-là en perte de vitesse, ont été remis dans le jeu. Ils sont redevenus tout d’un coup actifs. Parmi ceux-ci, on peut citer le Front de résistance nationale (Frn) qui avait perdu certains de ses membres tandis d’autres, sans le quitter, ne cessaient de remettre en cause ses décisions. Mais avec la nouvelle donne, le Frn retrouve une nouvelle âme. Il retrouve petit à petit son lustre d’antan.
C’est dans ce sens d’ailleurs que le Parti démocratique sénégalais (PDS) a repris ses activités en son sein. Aujourd’hui, le FRN est en pleine tractation pour créer un bloc solide et imposer un rapport de force au régime de Macky Sall. Le coordonnateur, Mouhamadou Moctar Sourang et Cie ont d’ailleurs tenu une rencontre samedi dernier avec les partis politiques de l’Opposition, le M2D, la coalition Jotna, le CRD, les mouvements et associations de la Société Civile, les syndicats de travailleurs, les Activistes et Lanceurs d’alertes de tous bords.
A l’issue de la réunion, il a été annoncé la mise en place prochaine d’un Grand Cadre d’Unité d’Action, conformément à la dernière résolution de la conférence des leaders du Frn. Un comité ad hoc a été mis en place pour proposer les règles de fonctionnement de ce cadre d’unité d’action ainsi que la stratégie qui seront soumis à la prochaine rencontre, lit-on dans la note parvenue à «L’AS». Et d’après le Frn, cette Plateforme unitaire se donnera pour tâches prioritaires l’élaboration d’un Plan d’Action en vue de mener des manifestations de contestation de masse pour la restauration de la Démocratie au Sénégal ; la visite et la sensibilisation des Chefs religieux et coutumiers ; et la sensibilisation de toutes les couches de la population.
Le FRN soutenait dans un communiqué signé le 4 mars dernier, que cette Plate-forme allait s’organiser en Coordinations locales, communales et départementales «pour arrêter et éradiquer la dictature rampante en cours dans notre pays ». Il est ainsi évident que si cette plateforme se crée et se densifie, les trois années restantes risquent d’être compliquées pour le Président Macky Sall. A moins qu’il joue les négociateurs et privilégie le dialogue et la concertation dans tout ce que qu’il va entreprendre sans l’assentiment au préalable de l’opposition. Cependant, la question de la viabilité de la plateforme demeure tout aussi entière.
En effet, un problème de leadership risque de se poser entre les différents leaders quand il s’agira de prendre certaines décisions phares. Sans compter les questions de confiance qui par le passé avaient sapé l’unité du Frn, particulièrement au niveau du dialogue politique. Finalement, le pôle de la majorité présidentielle était obligé de se positionner en arbitre entre les différents camps au sein même du pôle de l’opposition. Et l’histoire a montré que les pouvoirs en place ont toujours leurs pions dans les grandes coalitions de l’opposition. Il en était ainsi de Mankoo Wattu Senegaal qui a vu nombreux de ses adhérents rejoindre la majorité présidentielle aux législatives de 2017 et plus tard à la présidentielle de 2019.