MACKY ENVOIE SON GOUVERNEUR AU CHARBON, ET SE MET EN RETRAIT
La 3ème vague ayant déferlé au lendemain d’une tournée « économique » qu’il avait effectuée dans les régions de Saint-Louis et Matam, Macky Sall a choisi de se mettre prudemment en retrait cette fois-ci

Contrairement à ce qui s’est passé lors des première et deuxième vagues où ce sont le président de la République, Macky Sall, et son ministre de l’Intérieur qui prenaient eux-mêmes les mesures de restrictions pour freiner la propagation de la pandémie, avec l’actuelle 3ème vague, c’est le gouverneur de Dakar — du moins pour ce qui est de la région abritant la capitale — qui est en première ligne. Mardi dernier, Al Hassan Sall a ainsi pris la décision de faire reporter tous les événements sportifs et culturels au niveau de sa zone de compétence. Il s’agit notamment des combats de lutte avec frappe, des 8èmes de finale de la Coupe du Sénégal de football et de concerts musicaux. Cette stratégie de rester à l’arrière-plan est-elle un moyen pour le Président d’éviter le mécontentement populaire comme ce fut le cas lors des manifestations meurtrières de mars 2021...?
Après avoir chuté de manière importante au cours de plusieurs mois d’affilée, le nombre de cas de Covid-19 connait une hausse depuis début juillet faisant ainsi parler de troisième vague. Le 23 juillet 2021, le Sénégal comptait officiellement 55 861 cas d’infection au Covid-19 dont 44 611 guéris (80 %), 1 264 personnes décédées (2,2 %), 1 personne évacuée (décédée en France) et 9 985 sous traitement selon un communiqué officiel du ministère de la Santé. En réponse à la « multiplication fulgurante » des infections au Covid-19, « aux plans mondial, continental et national », Macky Sall a préféré exhorter à plus de sensibilisation. Il a notamment insisté sur le port systématique du masque, la limitation des rassemblements, mais aussi, et surtout, l’accélération de la campagne de vaccination. Pourtant, pour moins que ça, au début de la pandémie en mi-mars 2020, le même Macky Sall avait pris toute une batterie de mesures restrictives, pour ne pas dire répressives (interdiction de manifestations, fermeture des écoles, suspension des formalités liées au hadj et aux pèlerinages nationaux etc.). Ensuite, il avait pris la décision de présider deux fois par semaine, et plus si besoin, un conseil national de sécurité sur la question.
La fermeture des frontières était décidée le 20 mars. Le 23 mars 2020, au tout-début de la pandémie, dans une adresse aux Sénégalais, il avait décidé de relever le niveau de riposte. L’état d’urgence était décrété puis prolongé par la suite jusqu’à début juin 2020. Macky Sall ne s’en était pas arrêté là. A côté du bâton, il avait aussi sorti la carotte et, surtout, le chéquier. C’est ainsi qu’il avait conçu un Plan de résilience économique et sociale et un Fonds de riposte et de solidarité baptisé ForceCovid-19 dont le but était, via des ressources publiques et privées, de mobiliser 1000 milliards de francs CFA. Ceci, afin d’accompagner les entreprises, les ménages et les membres de la diaspora. Près de soixante-dix milliards de francs CFA étaient, à cet effet, consacrés à l’aide alimentaire d’urgence aux populations vulnérables (environ un million de ménages). Le vendredi 28 mai 2020, le président Macky Sall avait décidé d’une prolongation, jusqu’à fin juin, de l’état d’urgence décrété le 23 mars et assorti d’un couvre-feu nocturne pour combattre la Covid-19. Il s’agissait de la deuxième prolongation après celle du 3 avril 2020, date à laquelle l’état d’urgence a été prorogé pour la première fois. En novembre 2020, le Président avait pris plusieurs mesures d’allègement des restrictions avec notamment la reprise des liaisons maritimes Dakar-Gorée et Dakar-Ziguinchor, la levée de la limitation du nombre de passagers dans les transports en commun (le port du masque reste obligatoire), la réouverture du parc de Niokolo Koba, du Musée des civilisations noires et du monument de la Renaissance.
Lors de la deuxième vague, Macky avait encore pris ses responsabilités...
Dès le début du mois de décembre, la seconde vague de coronavirus avait commencé à secouer Dakar, avec une multiplication des cas et des décès. Face au regain épidémique, le Président Sall ordonne de nouvelles restrictions pour tenter de contenir la circulation du virus sur le territoire national. Dakarois et Thiessois sont encore soumis à un couvre-feu allant de 21 heures à 5 heures du matin. Ce, dès le mercredi 6 janvier 2021. Des émeutes éclatent dans plusieurs quartiers de Dakar et sa banlieue. Ils sont matés sans ménagement par la police. Les manifestants prendront leur revanche deux mois plus tard. Ils ont profité de l’arrestation du leader de Pastef dans l’affaire de viol l’opposant à la demoiselle Adji Sarr en début de mars 2021 pour obliger Macky Sall à lever ses restrictions.
Macky recule face à la pression de la rue...
Le 09 mars 2021, ce dernier décide ainsi d’alléger le couvre-feu lié à l’état de catastrophe sanitaire décrété dans les régions de Dakar et de Thiès, ramené auparavant de minuit à 05h00. Ce sous le prétexte de la campagne de vaccination alors en cours et de l’amélioration de la situation épidémiologique dans le pays. Dans une adresse télévisée, il avait fait savoir que cette mesure allait contribuer à élargir le champ des activités productives et au retour progressif à une vie normale dans ces deux régions (Thiès et Dakar) qui concentrent l’essentiel des activités économiques du pays.
Dans une adresse à la Nation prononcée au lendemain des manifestations meurtrières du mois de mars, le Président avait rappelé les efforts déployés par son gouvernement dans le cadre du Fonds de riposte et de solidarité contre les effets du COVID-19 (FORCE COVID-19) s’élevant à 1.000 milliards de Francs CFA pour le soutien aux ménages, aux entreprises, aux travailleurs et à différents corps de métiers, y compris le secteur des Arts et de la Culture. Seulement voilà, avait-il dit, le constat était que tous les efforts, jusque-là consentis, en matière de formation, d’emploi et de financement dédiés aux jeunes et du Fonds de financement de la formation professionnelle et technique, restent encore insuffisants. « C’est pourquoi, m’adressant à vous, les jeunes, je voudrais vous dire que je comprends vos inquiétudes et vos préoccupations », avait-il indiqué. M. Sall avait également annoncé qu’il engagerait dans les meilleurs délais une réorientation des allocations budgétaires pour améliorer de façon substantielle et urgente les réponses aux besoins des jeunes en termes de formation, d’emploi, de financement de projets et de soutien à l’entreprenariat et au secteur informel. La suite on la connait…
Avec la 3ème vague, Macky envoie au front son gouverneur à Dakar…
La troisième vague ayant déferlé au lendemain d’une tournée « économique » qu’il avait effectuée dans les régions de Saint-Louis et Matam où il avait eu droit à à des rassemblements monstres, échaudé par les manifs de mars, Macky Sall a choisi de se mettre prudemment en retrait cette fois-ci. Il a donc envoyer au charbon son gouverneur à Dakar afin sorte le bâton à sa place. Al Hassan Sall ne s’est pas gêné pour jouer le rôle du méchant. C’est ainsi que les matchs comptant pour les huitièmes de finale de la Coupe du Sénégal de football, qui devaient se jouer hier mercredi 28 et aujourd’hui jeudi 29 juillet 2021, ont été reportés à une date ultérieure. La ligue de football de Dakar l’a fait savoir dans un communiqué daté du mardi 27 juillet 2021. Motif ?
L’absence de service d’ordre pour assurer la bonne tenue des rencontres dans la région de la capitale. Deux jours auparavant, le combat de lutte qui devait opposer Néko Rel de l’écurie Lansar à Marley a été reporté pour le même motif de « défaut de service d’ordre ». Ces événements n’ont pas été les seuls à être reportés par le gouverneur de Dakar. Des concerts de musique dont celui de Waly Seck sont aussi annulés. Sans oublier les grandes affiches de lutte avec frappe Balla Gaye 2 vs Bombardier, Siteu vs Papa Sow, Boy Niang 2 vs Tapha Tine, etc. qui sont aussi renvoyées à des temps meilleurs.
Cette décision de Macky d’envoyer en première ligne son gouverneur à Dakar afin qu’il joue un rôle de fusible en même temps que celui du méchant de service n’est sans doute pas irréfléchie dans la mesure où, accusé, même si ce n’est pas vrai, d’avoir favorisé la 3ème vague par son déplacement imprudent dans son « Titre foncier » du Fouta, et en baisse de popularité depuis les événements de mars, le Président se devait de faire profil bas. Il s’est souvenu opportunément qu’il avait un gouverneur pour manier la matraque à sa place...