MACKY SANS MO À MARRAKECH
Pourquoi Macky Sall, fraîchement coopté par la Fondation Mo Ibrahim, ne s'exprimera-t-il pas lors du prestigieux sommet de Marrakech ? L'ancien président sénégalais sera présent mais muet, alimentant les spéculations sur les raisons de ce profil bas

La Fondation Mo Ibrahim, qui vient de coopter Macky Sall en son sein, organise un gros évènement ce week-end, dans la belle ville de Marrakech. Même s’il assure qu’il sera bien présent, notre ancien chef de l’Etat sera la seule haute personnalité à ne pas s’exprimer au cours de cette rencontre. Ce qui pousse à s’interroger sur ce silence bien inhabituel de sa part.
Demain dimanche, s’ouvre, à Marrakech, au Maroc, La Ibrahim Governance Week-end de la Fondation Mo Ibrahim. L’évènement est prévu pour durer jusqu’au mardi 3 juin. Sur Facebook, la fondation annonce que «des parties prenantes africaines et internationales issues des gouvernements, de la Société civile et du secteur privé seront réunies pour échanger sur les solutions de financement aux enjeux de développement les plus urgents en Afrique».
Placé sous le Haut patronage du Roi Mohammed VI du Maroc, l’évènement verra la participation de tout le gratin mondial de dirigeants, anciens ou nouveaux, du monde et des milieux d’affaires, qui aspirent ou pensent à jouer un rôle dans le développement de l’Afrique.
Il faut dire que les thématiques traitées sont importantes. Elles concernent le financement du développement de l’Afrique, dans un contexte de crise de leadership, tant au niveau des pays africains et du continent dans sa globalité que sur le plan mondial. On aura ainsi, durant ces 3 jours, des interventions de personnalités comme Josep Borrell, l’ancien Haut-représentant de l’Ue pour les Affaires étrangères, récemment coopté dans la Fondation Mo Ibrahim, Moussa Faki Mahamat, Lord Mark Malloch-Brown, ancien ministre pour l’Afrique de la Grande Bretagne et ancien administrateur du Pnud, et Macky Sall.
Il est d’ailleurs remarquable que toutes ces personnalités soient appelées à faire une présentation au cours de ce Week-end de gouvernance à Marrakech, sauf… le résident de la ville, l’ancien Président Macky Sall ! Le Quotidien a dû vérifier à deux reprises pour s’assurer qu’il sera bien présent à l’évènement, mais n’a pas pu connaître les raisons de son silence.
Ainsi, juste après le discours d’ouverture, qui sera en fait un message royal de sa Majesté le Souverain chérifien, c’est M. Borrell, nouveau coopté du Conseil de la Mif, qui prendra la parole. Le lendemain, dans la matinée, l’ancien président du Conseil de l’Ua, Faki Mahamat, tiendra ce qui est appelé «Une Conversation avec…», suivie de débats. Mark Malloch-Brown, lui, interviendra un peu plus tard, au cours d’une session qui va faire le point sur «les réformes toujours en cours du système financier multilatéral, et évoquera notamment les attentes fortes en matière de restructuration de la dette, de mécanismes d’allocation des Dts, de financements concessionnels et mixtes, ou de couverture des risques».
Parmi les personnalités sollicitées pour s’exprimer au cours de différentes sessions, on note Amadou Hott, récent candidat malheureux du Sénégal à la présidence de la Bad, Vera Songwe, qui a eu à diriger le bureau du Sénégal de l’Ifc, ou Aliko Dangote, que personne ne présente plus en Afrique.
Même l’ancienne dirigeante du Liberia, Mme Ellen Johnson Sirleaf, membre également de la Fondation Ibrahim, fera une intervention bien notée. C’est dire que plusieurs des personnalités présentes vont prendre la parole. Plusieurs, sauf notre Macky national.
Des personnes qui lui sont proches ont assuré que le président de l’Apr a affirmé qu’il sera présent à l’évènement qui se tient dans sa ville. Cela renforce les interrogations sur le silence qui lui est imposé au cours de cette rencontre. Serait-ce dû au mouvement d’humeur manifesté par ses adversaires politiques lors de l’annonce de sa cooptation au sein de la Fondation Mo Ibrahim ? Le milliardaire anglo-soudanais aurait-il demandé à l’adversaire de «Sonko moy Diomaye» de faire profil bas ? Nous ne sommes plus là dans du journalisme, mais dans la conjecture…