POUR UN DIALOGUE NATIONAL SUR LE SYSTÈME POLITIQUE INCLUSIF
L'opposition, malgré quelques voix discordantes, devra y participer afin de faire connaître sa position sur toutes ces questions et il ne devrait en être autrement car elle porte la voix de milliers de sénégalais qui ont voté pour elle

Après la brillante élection du président Bassirou Diomaye Diakhar Faye le 24 mars 2024, l'heure est à la réforme du système politique sénégalais qui a pris de sacrés coups durant les dernières années de la présidence Macky Sall à cause du 3e mandat recherché. Le peuple sénégalais, lors de la dernière présidentielle, a émis un sérieux avertissement à la classe politique qui croit détenir la légitimité du pouvoir, oubliant de tenir compte des attentes de ses électeurs ou s'entêtant à les contourner.
En effet, au cours du déroulement du processus électoral de la présidentielle de 2024, divers dysfonctionnements ont été relevés par les parties prenantes et les observateurs : le refus de mettre à la disposition des concernés le fichier électoral sur la base duquel la quête de parrains devait être faite, la « non fiabilité » de ce fichier décriée par les candidats lors de la vérification des fiches de parrainage, les interdictions systématiques de manifestations servies aux partis politiques de l'opposition et à la société civile, la restriction des données mobiles, foulant au pied la liberté des populations à s'informer. Aucun contrôle, aucune vérification des faits rapportés plus haut n'a semble-t-il été fait pour confirmer ou infirmer les dysfonctionnements constatés et dénoncés tout haut par la majorité des acteurs.
Le président de la République Bassirou Diomaye Diakhar Faye, après avoir annoncé la convocation des forces vives de la nation au dialogue politique lors de son adresse à la Nation le 03 avril dernier, a signé un communiqué officiel daté du 24 avril 2025, désignant Cheikh Guèye de la société civile comme facilitateur général de ce processus.
Ce dialogue prévu du 28 mai au 4 juin 2025 se tiendra dans un contexte relativement favorable. En effet, la période semble propice pour la concertation car aucune échéance électorale n'est en vue. Ces assises devront regrouper les partis politiques, la société civile, les syndicats les plus représentatifs, l'administration, les cours et tribunaux, etc.
Les participants au dialogue politique, même si des TDRs ont déjà été établis et soumis à validation par les acteurs, devront travailler à apporter des solutions durables à des sujets cruciaux comme la réforme du système électoral, le statut du chef de l'opposition, la réforme du système de parrainage, la nécessité de remplacer la Commission électorale nationale indépendante autonome (Cena) par la Commission électorale nationale indépendante (Ceni), le rôle de la justice dans le processus électoral, la question du bulletin unique, la rationalisation du nombre de partis politiques et leur financement, l'inscription automatique sur le fichier électoral concomitamment à la délivrance de la pièce nationale d'identité, le cumul des fonctions de chef de l'État et chef de parti politique, le cumul des postes politiques, un encadrement des dépenses de campagne électorale, ainsi que la prise en compte des questions de liberté et de liberté de la presse, entres autres sujets à inscrire à l'ordre du jour et à débattre. En outre, une plateforme digitale a été installée pour permettre au citoyen sénégalais de donner son opinion sur les questions d'intérêt général. On ne pouvait faire mieux pour rendre ce dialogue inclusif.
L'opposition, malgré quelques voix discordantes, devra y participer afin de faire connaître sa position sur toutes ces questions et il ne devrait en être autrement car elle porte la voix de milliers de sénégalais qui ont voté pour elle lors des dernières joutes électorales. La pratique de la chaise vide serait un suicide politique pour elle.
Le Sénégal a besoin d'une transformation profonde de ses pratiques politiques. Osons espérer, dans un élan de patriotisme, la participation de toutes les forces vives afin de repartir du bon pied.
Le dialogue politique devra donc être inclusif, sincère et républicain pour le bien de notre pays et de nos enfants à qui nous devrons léguer un pays stable, démocratique, où il fait bon vivre, sans distinction d'appartenance politique, religieuse, d'idéologie ou de couche sociale.
Les conclusions de ce dialogue, prises sur la base de décisions consensuelles et respectant à la lettre la Constitution, devront être applicables par l'Exécutif pour l'intérêt du pays. Ainsi, la démocratie sénégalaise sera renforcée et la stabilité politique préservée.