CHRONIQUE D’UNE TROISIÈME VAGUE ANNONCÉE DE LA PANDÉMIE DE CORONAVIRUS
Les vendeurs de masques ont du mal à… masquer leur satisfaction !

Les instructions données par le président de la République au cours du Conseil des ministres de lundi dernier allant dans le sens du respect des gestes barrières et du port du masque redonnent le sourire aux vendeurs de cet accessoire. Ils espèrent que leur activité, en berne depuis plusieurs mois, va reprendre des couleurs.
Il est 10 h du matin devant le centre commercial de Keur Massar. Une dame, en compagnie de son jeune garçon, est assise sur un banc devant une table sur laquelle se trouvent de petits cartons contenant des masques. Chacun d’eux en renferme 50. « Aux premiers jours de la pandémie, je vendais jusqu’à dix cartons par jour. Chaque masque coûtait cent francs. Après, lorsque les mesures ont été desserrées, les gens ne portaient plus de masques. De ce fait, nous avions jugé nécessaire de faire descendre le prix jusqu’à 50 francs l’unité. Mais depuis quelques jours, les gens recommencent de nouveau, même si ce n’est pas le grand rush, à acheter nos produits. Cela nous arrange, car nous ne comptons que sur ce commerce », explique la dame Ndèye Ndiaye.
A l’en croire, même si son chiffre d’affaires a baissé ce derniers mois, le fait d’être installée devant le centre commercial lui permet de vendre. Le port de masque étant obligatoire dans ledit centre, les gens qui viennent sans masques sont obligés de se rabattre sur elle pour s’en procurer. En ce qui concerne les décisions prises lors du Conseil des ministres de lundi, la vendeuse pense que le président a parfaitement raison de rappeler aux citoyens les règles à adopter. Parce qu’à ses yeux, les gens devraient redoubler de vigilance pour venir à bout de la pandémie. Plus loin, une autre vendeuse trois masques contre une pièce de 100 francs. Même chose au niveau du garage, juste sur le trottoir, où une autre dame propose trois masques à 100 francs « Trois masques à 100 francs « Bayilen degër Bop, takk leen mask », s’époumone-t-elle. Votre serviteur s’étant procuré trois masques, elle nous interpelle sur l’approche de la Tabaski, une fête qui, selon elle, doit pousser les Sénégalais à se procurer des masques pour se protéger de la Covid. A l’en croire, c’est sa façon de mener sa propre opération de Tabaski pour sortir de la crise.
A Grand-Yoff, ruée sur les masques !
A Grand Yoff, l’ambiance est totalement différente de celle qui prévaut à Keur Massar. De l’autre côté de la route, à la sortie de la Patte d’Oie, un jeune apprenti toque la porte du véhicule de transport avec des pièces entre les mains, criant à haute voix sa destination. « Six ! Six », une manière de désigner le rond-point Liberté VI. Les usagers font d’incessants va-et-vient sur l’asphalte. Un jeune sorti de nulle part propose quatre masques à… 100 francs. Son commerce est pris d’assaut. En moins de dix minutes, tout sont stock lui est arraché des mains. « Si je ne porte pas le masque, je risque de choper le rhume. Et vu qu’il y a beaucoup de poussière, donc mieux vaut se protéger » explique Astou Diallo, la trentaine et portant de larges lunettes lui couvrant presque une bonne moitié du visage.
A quelques mètres de la station d’essence du rond-point Liberté VI, le débat sur une éventuelle troisième vague du coronavirus occupe les discussions. « Si tous les gens faisaient des efforts, je vous assure que la pandémie allait quitter le pays depuis fort longtemps. Mais le pays est ce qu’il est », se désole Paul, un jeune étudiant en marketing. Son amie est d’autant plus réceptive réceptive aux discours du chef de l’Etat que cela fait plus d’un an qu’elle porte le masque. Ce qui, selon elle, n’est pas facile. Au terminus Liberté 6, Modou Fall, un jeune vendeur de masques, a augmenté sa commande car les informations faisant état d’une éventuelle nouvelle vague de la pandémie lui donne de l’espoir pour préparer la grande fête musulmane.
« Depuis deux semaines, nos chiffres d’affaires sont en hausse. Nous voulons que la maladie quitte le pays, mais que faire ? Dans chaque malheur, il y a quelque chose de bien. Et dans cette histoire de coronavirus, la vente des masques constitue le bon côté de la pandémie », estime, cynique, le vendeur. Plus loin son collègue et compagnon pense évidemment que les gens doivent porter des masques en attendant que la situation sanitaire change. « Le port du masque reste la meilleure manière de se protéger, faute de médicament connu pour la maladie. Pourquoi les gens se compliquent-ils la tâche ? Les experts ont tous conseillé le port du masque. Donc les gens doivent en porter non seulement pour booster l’économie, mais également se protéger », conseille Baye Fall.
Au cœur du marché, les vendeurs de friperie, interrogés sur les instructions donner par le président de la République pour donner un coup de fouet à la lutte contre la pandémie, ne cachent pas leur colère. Parmi eux, une dame qui confie qu’« ils attendent l’approche de la grande fête pour sortir ce genre de mesures. Les hommes politiques ont tenu des manifestations et des rassemblements avec des foules sans respecter aucune mesure de distanciation. Ils sont responsables de la troisième vague » laisse entendre la dame Kiné.