L’HISTOIRE DE LA MEDECINE SENEGALAISE RETRACEE
Ecole africaine de médecine à la faculté de médecine

Créée en novembre 1918, la Faculté de médecine, de pharmacie et d’odontologie va fêter son centenaire le 1er décembre prochain. Cette faculté de renommée internationale a fait du chemin avant d’en arriver à ce niveau. C’est pour apporter sa contribution que le Pr Abdou Kane (cardiologue) a retracé l’histoire de la médecine africaine en général et sénégalaise en particulier dans un livre.
Cardiologue de son état, Professeur Abdou Kane est un produit de la faculté de médecine, de pharmacie et d’odontologie de l’université Cheikh Anta Diop qui fête son centenaire le 1er décembre prochain. En prélude à cet événement, le célèbre cardiologue a retracé l’histoire de la médecine africaine mais aussi sénégalaise. Il a tenu à rappeler le contexte de la création de l’école de médecine de Dakar. «Ce contexte n’était pas réellement un contexte guidé par un souffle humanitaire, il se trouve simplement qu’à l’époque pour rentabiliser les colonies, il fallait que les noirs soient en bonne santé, puisque c’est sur la force du noir que reposait l’exploitation des champs de café et cacao. C’est de là également que dépendait l’extrait des minéraux, c’est sur la tête des noirs que l’on pouvait mettre tous ces outils pour pouvoir fructifier les colonies. C’est ce contexte colonial qui a fait que l’on avait pensé qu’il fallait que le noir puisse être solide pour pouvoir faire le travail. C’est ainsi qu’est née l’école africaine de médecine, après beaucoup de doutes puisqu’à l’époque on pensait que le noir avait une sorte de faiblesse intellectuelle et que la médecine était une marche très haute pour qu’il puisse y accéder», explique-t-il.
A l’en croire, cela n’a pas pour autant contribué à la création de l’école de médecine de Dakar, il a fallu l’apparition de la grippe espagnole. «C’est un certain nombre d’évènements, c’est d’abord la prise de conscience des Africains. A la sortie de la grande guerre, les noirs avaient compris qu’ils pouvaient être aussi vulnérables que l’homme blanc. Et nous avons eu aussi beaucoup de décès dans les colonies mais aussi en métropole suite à la grande guerre. Il y a eu probablement ce qui peut être considéré comme la plus grande épidémie mondiale c’est la grippe espagnole qui a emporté 30000 âmes dont 3000 rien qu’au Sénégal. C’est ainsi que s’est imposé l’idée de créer l’école africaine de médecine», souligne-t-il. «C’est pour cette raison que la médecine en Afrique et au Sénégal a d’abord été une médecine militaire qui a été un outil de répression parfois et après un outil de légitimation et de pacification. Après la création de l’école africaine de médecine qui a été aussi celle des pharmaciens, des sages-femmes qui ont commencé en même temps que les médecins, celle des vétérinaires qui a été transférée à Bamako, il y a eu des mutations. Car là aussi ; l’idée était de dire : il ne faut pas que les noirs aient accès à certaines instructions parce qu’ils n’en sont pas capables ensuite parce que et surtout cela pouvait être un élément de l’éveil de la conscience politique», rappelle Pr Kane.
D’après Pr Abdou Kane, c’est par la suite que des intellectuels se sont réveillés pour dire il faut que cela change. C’est ainsi que l’on a passé de certificat d’études au baccalauréat, ensuite à une école primaire supérieur à une véritable école, à la création de l’université de Dakar, mais également à la création de la faculté de médecine. «Nous avons intérêt à nous réapproprier de notre culture et de notre médecine pour que nous puissions avoir cette médecine équilibrée au service de nos populations. Il nous faut faire preuve d’innovations car nous avons de nouveaux outils», prône-t-il