NOS HOPITAUX MALADES D’INGENIEURS BIOMEDICAUX POUR LA MAINTENANCE
Des médecins plaident pour la formation de cadres techniques

Le gouvernement de Macky Sall, en 7 ans, aurait consenti d’énormes efforts dans le relèvement du plateau technique dans les structures de santé qui regorgent d’excellents médecins. Rien qu’en imagerie médicale, l’Etat aurait investi 10 milliards francs Cfa surtout pour l’acquisition de deux accélérateurs de particules et des scanners dans tous les chefs-lieux de région. Seulement dans nos hôpitaux, les professionnels de la santé dénoncent le manque d’ingénieurs qualifiés pouvant assurer la bonne maintenance des machines de dernière génération. D’où les nombreuses évacuations sanitaires à l’étranger qui coûtent encore trop cher à notre pays.
Un scanner à Touba, Un lithotripteur à l’hôpital général de Grand Yoff (Hoggy), des équipements pour le bloc opératoire de l’hôpital d’enfant Albert Royer de Fann, 10 générateurs d’oxygène pour l’hôpital régional de Ziguinchor et les établissements public de santé de niveau 1. Cinq mammographies, 12 échographes, quatre radios panoramique dentaires,13 tables de radiographie avec numériseurs, cinq appareils de radiographie mobiles, huit armoires mortuaires, 22 autoclaves, quatre centrales de fluides médicaux. Une colonne de célioscopie et matériel de buanderie de stérilisation, des matériels d’inventionet14motos pour le service national d’hygiène pour les différents hôpitaux et centres de santé du pays. Du matériel d’orthopédie et de kinésithérapie pour le centre Talibou Dabo, du matériel de pédagogie et informatique pour les centres régionaux de formation en santé (Crfs). Neuf groupes électrogènes, des équipements dentaires, de laboratoires, de bloc opératoire, de chaine de froid, d’ondulateurs et transformateurs pour les structures de santé. Last but not least, une acquisition d’équipement de deux salles de bloc opératoire des hôpitauxde Fatick et Ziguinchor.
L’équipement de la maternité de l’hôpital Aristide Le Dantec, le relèvement du plateau technique des structures dans les régions de Kédougou dans le cadre du projetminier. Une acquisition de trois appareils de radiothérapie dont deux à l’hôpital Dalal Jamm et un à l’hôpital Aristide LeDantec…Ce sont, entre autres réalisations faites parle gouvernement, en termes d’acquisitions et d’installation en 2017 pour relever le plateau technique des hôpitaux et centres de santé du pays, selon un document de la Direction des Infrastructures, des Equipements et de la Maintenance (Diem) du ministère de la Santé et de l’Action sociale. Sur ce, dira le chef du service de radiologie de l’hôpital Aristide Le Dantec , depuis 2012, date d’accession du président Macky Sall à la magistrature suprême, beaucoup d’argent ont été investis dans la santé. Notamment à Dantec, à Dalal Jamm avec les accélérateurs de particules, des systèmes de télé-radiologie et de télé-scanners. Le plateau technique, dit-il, n’est pas si malade qu’on pourrait le penser. Pour Oumar Bâ du Syndicat autonome des Médecins du Sénégal (Sames), beaucoup d’efforts ont été faits pour doter nos hôpitaux de matériels médicaux.
Rien qu’en imagerie médicale, l’Etat, en 7 ans, a investi 10 milliards francs Cfa, a dit son collègue médecin de l’hôpital Aristide le Dantec, Pr Elhadj Niang, chef de service de radiologie dudit hôpital selon qui, le Sénégalais regorge de bons médecins qui servent dans des structures bien équipées de matériels dernier cri. Ces deux praticiens de la santé sont unanimes. Le plateau technique n’est pas si malade qu’on le pense. Le potentiel humain est donc là, de même que les équipements techniques. Qu’est-ce qui est donc à l’origine des multiples évacuations sanitaires vers d’autres pays ? Le Dr Oumar Bâ du Sames situe le problème à deux niveaux.«Beaucoup d’efforts ont été faits ces dernières années pour équiper les établissements publics, selon leur niveau en termes de plateau technique notamment de dotation de scanner, d’imagerie pour mieux prendre en charge le diagnostic des patients. Mais on a beau acheter le matériel le plus performant qui souvent coûte extrêmement cher, si derrière, il n’y a pas de service après-vente, des ingénieurs, des biomécaniciens, des électrotechniciens qui soient capables de maintenir ces matériels en état, et qu’on puisse l’amortir dans les délais qui sont prévus, cela pose problème. Malheureusement, dans nos structures, nous avons un matériels dernier cri, par exemple des échographes haute définition qui pour une banale manipulation, même pas deux ou trois mois de fonctionnement, fait que l’appareil devient utilisable. Et on ne peut pas le changer. On achète du matériel sans pièces de rechange. On nous livre le matériel, mais les petites pièces de rechange, pièce de rien du tout, ne sont pas sur le marché. Alors cela ne sert à rien. Il y a deux choses: quand on achète du matériel, il faut qu’il y ait des pièces de consommables. Aussi il faut des ressources humaines. Il faut former et adapter les gens à la maintenance technique hospitalière et des matériels dans un monde où maintenant tout est informatisé.»
Si on en croit à cette blouse blanche, il n’y aurait donc personne pour bichonner le matériel médical dans les hôpitaux. « Le vrai problème, c’est le problème de la maintenance hospitalière. L’imagerie médicale et les appareillages biomédicaux ont évolué. D’appareils de type bioélectronique vers des appareils de type électroniques et mieux encore vers des appareils informatiques. Cette complexité malheureusement n’a pas été suivie par nos cadres. Nous avons besoin de former des agents de maintenance. Récemment à l’école polycliniques, nous avons créé une filière de formation d’ingénieurs biomédicaux. Là où il faut faire beaucoup d’effort, c’est au niveau de la maintenance et de la formation des utilisateurs. On doit former des ingénieurs biomédicaux, des cadres techniques capables de maintenir ce matériel et de les utiliser à bon escient, de les utiliser dans leurs meilleures performances», a renchéri le Pr Niang de Dantec qui pense qu’«il nous manque aujourd’hui une école digne de ce nom qui forme des paramédicaux à la hauteur des besoins des grands médecins dont nous disposons ».