PROLIFERATION DES CHARLATANS DANS LA MEDECINE TRADITIONNELLE
Les acteurs prônent l’assainissement du secteur

Le secteur de la médecine traditionnelle est infesté de charlatans qui participent à ternir son image. A l’occasion de la Journée africaine de la médecine traditionnelle célébrée hier au Sénégal, les acteurs ont préconisé l’assainissement du secteur.
L’absence d’un cadre juridique a entraîné de multiples problèmes dans le secteur de la médecine traditionnelle. Faute d’un cadre juridique, les charlatans ont infesté le milieu, menant tranquillement leurs activités, sans faire l’objet de poursuites judiciaires. Ce vide juridique donne des urticaires aux acteurs du milieu qui exigent l’institution d’une loi portant assainissement du secteur.
Selon le président de l’inter ordre, Dr Amath Niang, la médecine traditionnelle telle que prescrite au Sénégal plonge les populations dans un sentiment de doute du fait du manque d’organisation et de l’absence de réglementation. «Il faut nécessairement assainir le milieu pour une meilleure visibilité des intervenants. On doit savoir qui fait quoi, qui est qui et comment il est organisé. Beaucoup de personnes semblent être revêtues de compétences pour guérir par des remèdes d’ordre traditionnel. Ce que je ne saurais renier ou remettre en cause, mais ma rigueur scientifique m’oblige à m’interroger sur les procédés ayant conduit à de tels résultats», souligne-t-il avant de préciser que la médecine traditionnelle est un patrimoine propre aux Africains.
«Lui accorder une attention requise peut nous procurer une nette amélioration de l’espérance de vie de nos populations. Personne ne doute de l’attachement de nos populations à cette médecine et leur orientation vers certains praticiens. Il est de notre responsabilité de pouvoir surveiller, contrôler cette activité en définissant les critères d’appartenance à cette médecine, ainsi que la profession d’exercice de cet art», dit-il.
A cet effet, Dr Amath Niang propose une formation diplomante pour professionnaliser le secteur. «Ce patrimoine riche doit être exploité en introduisant des modules de formation diplomante avec la possibilité d’une spécialisation soutenue par des générations d’universitaires qui assureront la pérennité de cette branche académique», plaide-t-il.
Considérant que la pandémie de Covid a révélé la nécessité, surtout pour les pays en voie de développement, de trouver des mécanismes qui seraient des alternatives à la dépendance pharmaceutique, Dr Niang affirme : «Notre environnement est tout à fait approprié pour nous permettre de nous soigner par nous-mêmes et pour nous». Par conséquent, il trouve pertinente l’idée d’aller vers la restructuration et la création d’un cadre réglementaire du secteur de la médecine traditionnelle.
Epousant la même thèse, le secrétaire général de la Fédération des tradipraticiens, Abdoulaye Ndir, plaide fortement pour l’assainissement du secteur. «On veut bien assainir notre secteur, mais s’il n’existe pas de cadre juridique, on ne pourra pas y arriver. On doit discuter du projet de loi, avancer sur la question afin de définir qui est qui», affirme-t-il avant d’accuser les autorités d’avoir une part de responsabilité sur la prolifération des charlatans. «Il est certes vrai que c’est l’Assemblée Nationale qui vote les lois, mais si vous ne nous rencontrez pas afin de nous associer à cette lutte, on ne pourra pas donner assez de garanties à l’institution pour qu’elle vote la loi», indique-t-il.
A défaut d’un fondement, insiste Abdoulaye Ndir, on ne pourra pas traduire les charlatans. On peut bien les traquer, mais sur quelles bases ? Nous n’en avons pas encore. Il faut que vous nous dotiez d’outils pour pouvoir lutter contre eux», clame le secrétaire général de la Fédération des tradipraticiens.