VIDEOL'INIQUITE DES AVORTEMENTS AU SENEGAL
En dehors des adultes, des enfants mineures subissent parfois des viols ou des incestes, suivis de grossesses, mais ne peuvent pas avorter en l'état actuel de la loi, malgré la ratification du protocole de Maputo.

Les avortements clandestins et leurs lourdes conséquences continuent de miner la société sénégalaise. Malgré la ratification par le Sénégal du Protocole de Maputo en 2003, qui autorise l’interruption de grossesse en cas de viol, d'inceste ou de danger pour la santé de la mère, le mécanisme juridique pour concrétiser cet acquis n’est toujours pas en place.
Conséquence : non seulement des femmes continuent de mourir ou de se détruire en silence, mais cette situation favorise celles qui ont les moyens et les réseaux pour avorter en toute sécurité, tandis que celles qui sont pauvres sont soumises à un véritable calvaire.
Dans cet entretien avec le Pr Aida Sylla, psychiatre et cheffe du service de psychiatrie de l’hôpital universitaire national de Fann, celle-ci dresse un état des lieux de la situation et plaide pour l’application du protocole de Maputo, qui porte notamment sur la santé reproductive des femmes.
L’objectif est de mettre fin aux drames silencieux qui touchent de nombreuses familles, et d’en finir avec cette iniquité : les femmes nanties peuvent recourir à l'avortement clandestin en relative sécurité, tandis que les plus démunies, souvent confrontées à des cas plus dramatiques (viols, inceste), en sont empêchées, malgré l’existence de cet instrument juridique international initié par l’Union africaine.
La religion et la morale n’admettent pas l’avortement, certes. Mais que faire quand une femme, parfois mineure, ne peut pas porter l’enfant de son père, de son frère ou d’un bourreau ?, s’interroge le Dr Aida Sylla.