VIDEOL'INTÉRÊT SUSPECT DE LA BANQUE MONDIALE ET CIE
La ZLECAF ne risque-t-elle pas d'être le respectable de produits étrangers? Pourquoi un tel niveau d'enthousiasme de l'Union européenne, de la Banque mondiale et Cie pour ce projet ? Comment l’Afrique gère-t-elle sa coopération avec la Chine ?

Le lancement, l’an dernier, de la Zone de libre échange continentale de l’Afrique (Zlecaf) est un pas important vers l’intégration économique du continent dans un monde de grands ensembles. Beaucoup d’Africains, quelle que soit leur position, saluent et se félicitent de cet acte posé en 2020, même si pour certains, tous les préalables n’auraient pas été remplis. En revanche, l’enthousiasme qu’affichent les institutions de Bretton Woods (FMI, Banque Mondiale), ainsi que l’Union européenne, les États Unis ou autres puissances occidentales par rapport à ce projet, est suspect, voire inquiétant. C’est en tout cas l’avis exprimé par l’économiste anti capitaliste Demba Moussa Dembélé. Ce chercheur affiche sa méfiance d’autant plus que ni le FMI ni la Banque mondiale, «en 70 ans n’ont jamais développé un seul pays» alors que le développement est censé être leur cœur de métier. Enfin… prétendument !
Dans cette quatrième et dernière partie de l’entretien avec AfricaGlobe Tv et AfricaGlobe.net, l’économiste Demba Moussa Dembélé décrypte la mise en œuvre de cette zone de libre échange continentale et la coopération sino-africaine. L’économiste pose un regard sur les relations sino-africaines pendant que l’influence de la Chine sur le continent est imparable et que l’Occident est, de plus en plus, en perte de vitesse en Afrique.
Pour mémoire, la Zone de libre échange continentale africaine (Zlecaf), qui est vieux projet, intégré dans l’agenda 2063, a été actée en 2020. Il est censé réduire, voire supprimer les taxes douanières afin de parvenir à une intégration économique du continent de Rabat au Cap et de Djibouti à Dakar.
La Zlecaf sur le papier, c’est un marché commun énorme de plus de 1,3 milliard d’habitants, 3400 milliards de dollars de création de richesses, des dizaines de millions d’Africains sorti de la pauvreté d’ici 2035 et presque au moins autant d’emplois créées comme rappelle la journaliste Marie Roger Biloa du Groupe Africa international. Si beaucoup d’Africains saluent le projet, certains estiment qu’il est lancé un peu trop tôt avant quelques préalables. Et pour cause, le tissu industriel du continent reste peu développé. En outre, certains y subodorent le risque d’importation et de réexportation de produits non africains sur le continent. Ce qui ne profiterait qu’aux pays étrangers. C’est le cas de l’invité d’AfricaGlobe Tv et AfricaGlobe.net, le chercheur Demba Moussa Dembélé. Mais tous les États africains sont-ils vraiment engagés pour faire réussir ce projet. Rien n’est sûr quand on sait que les petits nationalismes prennent trop souvent le pas sur les projets continentaux voire régionaux ?
S’intégrer économiquement et se livrer une concurrence sans merci
Dans une Afrique où ces dernières années, il y a une course effrénée à la création de nouveaux ports, d’autres encore s’interrogent sur l’opérationnalité de la Zone de libre échange continental de l’Afrique (Zlecaf). En effet, la multiplication des ports dans nos pays a pour visée la compétitivité et donc la concurrence. Alors peut-on viser l’intégration en se livrant à une concurrence sans merci entre partenaires plutôt que de s’organiser pour que chaque pays ou région se spécialise dans un domaine ?
Sur ce point Demba Moussa Dembélé relève pour s’en désoler de ce qu’en général, les pays africains signent un tas d’accords aussi bien à l’échelle régionale que continentale, mais ils ne se préoccupent pas de leur mise en application à l’échelle nationale conformément aux engagements pris lors de la signature. Ce qu’on signe n’est pas ce qu’on applique localement.
En d’autres termes, les nationalismes prennent trop souvent le dessus sur les projets intégrateurs des ensembles (régional, sous régional ou continental). Sous prétexte d’émergence, on privilégie les projets nationaux court-termistes au détriment des projets continentaux qui ont besoin d’un temps long. Dans un contexte où la coopération avec la Chine s’intensifie comment est-ce que les pays africains peuvent tirer profit de cette coopération sachant la puissance de feu avec laquelle opère la Chine au nez et à la barbe des Occidentaux clairement jaloux de perdre leur influence en Afrique.
Et pourtant, c’est l’avènement d’un partenaire aussi important avec une puissance de feu qui devrait justifier une meilleure intégration de l’Afrique sur tous les plans : économique, politique, culturel, etc. afin de tirer meilleur profit de la coopération. Autrement des négociations individuelles avec Pékin sont sans lendemain et va continuer à désavantager globalement l’Afrique, faute de pouvoir parler d’une seule voix. Voir l’entretien de Demba Moussa Dembélé dans cette entrevue