«ON A ANNONCE LA MORT D’UN DETENU ALORS QUE SA FAMILLE IGNORAIT QU’IL ETAIT INCARCERE»
Agnes Ndiogoye, première et seule femme inspecteur

L’actuelle directrice de la Maison d’arrêt et de Correction (Mac) de Rebeuss, l’inspecteur Agnès Ndiogoye, nommée à ce poste en 2016 est non seulement la première femme à diriger cette prison mais aussi la seule et première femme de l’administration pénitentiaire à porter la casquette d’Inspecteur. Elle est entrée dans le corps en 2014 et est titulaire entre autre, d’un Master 2 en sécurité défense.
Sur la question de l’information sensible, l’Inspecteur a pris l’exemple d’une personne décédée à Rebeuss. Alors qu’ils en étaient juste aux formalités, l’Association pour le Soutien et la Réinsertion Sociale des Détenus (Asred) a annoncé la nouvelle, relayée dans la presse. Mais ce que les journalistes ne savaient pas, c’est que la famille du détenu ignorait que ce proche était en détention, ce qui a grandement perturbé sa quiétude. Cependant, l’Irap de Thiès Mohamed Lamine Diop estime que l’administration pénitentiaire doit communiquer, parce que si elle ne le fait pas, «les autres vont le faire à sa place et dire des inexactitudes». L’Irap de Ziguinchor, l’inspecteur Mbaye Sarr, a rappelé que la sortie irrégulière de correspondances est un délit en matière pénale.
«THIEP BI MO NEKH», 100 RECIDIVISTES PAR SEMAINE
Selon la directrice de Rebeuss, il y a 100 cas de récidivistes par semaine. Pour dire que la vie en prison est moins dure pour certains que celle de l’extérieur, elle a raconté qu’un détenu, qui refusait de jeûner pendant le Ramadan, interpellé par son père, a répondu : «Mais papa, ici nous avons du pain-chocolat». Certains, ajoute l’inspecteur, disent:«thiep bi mo nekh». En plus, ils disposent de matelas, ventilateurs, Canal Horizon... «Il faut comparer avec ce qu’ils ont à l’extérieur. J’ai eu un détenu qui passait la nuit dans une voiture aux Hlm».
REVELATION DE SALIOU FAYE, EDUCATEUR SPECIALISE
Un mineur maintenu au Ford B pour des soins sur sa jambe Saliou Faye, éducateur spécialisé à la prison pour mineur du Ford B, a évoqué le cas d’un mineur en situation de pré-amputation de l’une de ses jambes. S’il est jugé et libéré, il ne pourra plus être soigné par l’administration pénitentiaire et son état de santé risque de s’aggraver. Pour l’intérêt supérieur de cet enfant, il sera donc maintenu en prison. Un clin d’œil aux défenseurs des droits de l’homme pour dire qu’il ne s’agit pas d’une détention arbitraire. Le Colonel Bocandé lui demande pourquoi on ne mettrait pas l’enfant dans un centre d’éducation surveillé. «Parce qu’il ne dispose pas du plateau médical adéquat», répond Saliou Faye.
MOHAMED LAMINE DIOP, IRAP DE THIES
«Nous faisons les transfèrements à notre corps défendant» Abordant les effets pervers du transfèrement, l’inspecteur régional de l’administration pénitentiaire (Irap) de Thiès, Mohamed Lamine Diop dit que pour désengorger Thiès, ils ventilent des détenus à Diourbel, Mbacké et Bambèye. «Nous savons que cet éloignement est difficile pour les détenus et leurs familles, mais nous le faisons à notre corps défendant », explique l’Irap. En plus à leur libération, s’ils se retrouvent sans un rond pour rejoindre leurs proches ou subvenir à leurs besoins, ils récidivent et retournent en prison. Ce qui fait dire à l’Irap de Kaolack, l’inspecteur Souleymane Faye que la solution serait la construction de nouvelles prisons.
INSPECTEUR SOULEYMANE FAYE, IRAP DE KAOLACK SUR LA GREVE DE LA FAIM «ON A PARLE DE 600 DETENUS, ALORS QU’IL S’AGISSAIT DE 50»
Abordant le mouvement d’humeur à la prison de Kaolack, l’inspecteur Souleymane Faye explique : «Tout est parti d’une saisie de deux cornets de chanvre indien, le 28 novembre, au soir. Les détenus concernés ont été conduits devant le juge, placés sous mandat de dépôt, ramenés à la prison et directement conduits en cellule. Le lendemain, on a parlé de grève de la faim. Ce qu’ils voulaient, c’est poursuivre la détention de chanvre indien, ce que nous n’accepterons pas. On a parlé de 600 détenus, alors qu’il s’agissait de 50».