AU SECOURS DU BUS !
À 42 ans, Ousmane Sylla sera installé cet après-midi comme directeur général de la société Dakar Dem Dikk lors de la passation de service avec le directeur sortant Oumar Boun Khatab Sylla. Bés bi vous fait découvrir cet ingénieur des Mines et maire

À 42 ans, Ousmane Sylla sera installé cet après-midi comme directeur général de la société Dakar Dem Dikk lors de la passation de service avec le directeur sortant Oumar Boun Khatab Sylla. Bés bi vous fait découvrir cet ingénieur des Mines et maire de Kédougou qui a trimé pour se construire un fabuleux destin.
Par la force du travail et convaincu que le talent ne suffit pas, Sadio Mané est devenu un héros national et inspire au-delà du monde du football ou du sport en général. L’attaquant du Bayern Munich est aussi suivi par les politiques pour son courage, pour être parti de de zéro à héros. Sa consécration, hier, comme 2e au Ballon d’or France Football est la dernière note d’une symphonie harmonieuse. « Je suis beaucoup notre champion national Sadio Mané, de même que Kylian Mbappé, des jeunes qui montrent l’exemple », sourit Ousmane Sylla. Le nouveau en vous dit peut-être. C’est le nouveau directeur général de Dakar Dem Dikk qui prend le volant de la société de transport public ce mardi 18 octobre.
Le successeur de Oumar Boun Khatab Sylla part de loin. Il a mis de côté les clichés pour se faire une place au soleil, comme l’atteste son élection le 23 janvier dernier à la tête de la mairie de Kédougou. Ousmane Sylla n’était pas investi par une grande coalition. S’il est membre de la majorité présidentielle, il a été ignoré au moment de faire les choix dans Benno bokk yaakaar. Mais avec son abnégation, sa bravoure et son culte de l’excellence, il est parvenu à déjouer les pronostics des observateurs les plus avertis. Ousmane Sylla a dû user des tripes pour se sortir indemne des pièges inextricables du destin.
Self-made-man
En France, en Angleterre ou aux Etats Unis, l’ingénieur des mines a toujours avancé, la confiance en soi, pour faire partie des privilégiés de la société. Sourire contenu qui s‘étire sur son pale visage, il n’a pas l’air de vivre la mondanité. Il n’a pas une vie de riche même s’il pouvait l’incarner. Sa chemise bleue ciel boutonnée à peine, ses baskets témoignent d’une simplicité et de quelqu’un qui sait d’où il vient. « Je suis un fils de Kédougou, né à Kédougou et qui a grandi à Kédougou », lâche-t-il, moustache bien rasée au-dessus d’un visage rondelette. Après un Bac en Maths au Lycée de Kédougou, en 2001, Ousmane Sylla s’inscrit en Maths Physique à l’Ucad et passe sans difficulté la première année à la Faculté des sciences et techniques. Mais il obtient une préinscription en France. Aux pays de Marianne, le jeune Sylla s’active dans de petits boulots pour survivre. « Quand je suis parti en France, je n’étais pas boursier. Je travaillais dans la restauration au sein d’une colonie juive où j’étais dans la cuisine. Je faisais la plonge et je lavais les assiettes. Cela me permettait de gagner suffisamment d’argent afin de payer mes études », raconte-t-il d’une voix empreinte de fierté.
Titulaire d’un Diplôme universitaire de technologie en Génie industriel et maintenance, Ousmane Sylla a eu également le même parchemin à l’Ecole des mines de France comme ingénieur et major de la promotion. Depuis, il est devenu M. chargé du redressement des entreprises. « Je suis partie aux Etats Unis pour l’Université de Floride et je suis revenu en France dans l’automobile pour aller chez Arcelor Mittal en tant qu’ingénieur production dans une usine qui avait des difficultés qu’on a accompagné le redressement », explique-t-il. Il ajoute : « Je suis parti pour être directeur industriel de la France de toute l’Europe de l’Ouest. En 2015, il y avait des difficultés en Angleterre, je suis parti là-bas. C’était une usine qui perdait de l’argent et nous avons accompagné son redressement qui a fini à être profitable avec plus de 3 millions d’euros par an. »
Adepte de Nelson Mandela et de Mamba Guirassy
C’est le déclic, l’heure est venue de retourner au bercail. La prise de conscience est de mise chez Ousmane Sylla. L’autre raison vient d’une confidence du père qui résonne encore dans son cerveau : « Après le redressement de cette entreprise, je me suis dit pourquoi pas ne pas le faire au Sénégal. Deuxièmement, mon père avait 85 ans. Il avait toujours dit : ‘’Quand tu entends que j’ai 85 ans, si je suis malade et tu veux me voir reviens. Je peux accompagner ma région et mon pays.‘’ » Ainsi, cet idole de Nelson Mandela et de Mamba Guirassy, père de Moustapha ancien ministre, créé les Forces citoyennes du progrès en 2017 et s’engage aux côtés de Macky Sall jusqu’à son élection en 2017 alors qu’il n’était pas tête de liste de la coalition Benno bokk yaakaar. Mais il conduira de manière victorieuse la liste de cette dernière lors des dernières législatives.
Né le 30 août 1980, Ousmane Sylla est aujourd’hui chargé de redresser l’entreprise Dakar Dem Dikk, justement créée en 2001 comme l’année de son Bac. Une entreprise difficile qui est minée par des relations ultra conflictuelles entre la direction et les syndicalistes. « Je crois au capital humain, au leadership capable d’apporter du souffle aux employés en leur donnant cette confiance en eux et aussi améliorer les conditions de travail. Je pense que c’est à travers cela qu’on peut résoudre énormément de choses dans une entreprise », théorise-t-il. Fils d’un ancien chauffeur et de ménagère, il est convaincu de sa réussite comme chauffeur du bus Dakar Dem Dikk. « Mon père était un chauffeur. Donc, je connais les difficultés de ce que les conducteurs peuvent rencontrer. Je vois l’importance d’un conducteur au sein d’une famille », dit-il.
Ousmane Sylla pourra aussi s’appuyer sur les valeurs inculquées durant son enfance par ses parents. « Ma mère est ménagère, vendait au marché qui a fait tous les métiers du possible. C’est une femme rigoureuse pour qui il était admissible de ne pas se réveiller à 7h pour aller chercher du bois. Quand l’hivernage s’approchait, il fallait cultiver aux cotés de papa dans le Salémata. » Supporter du Psg et du Fc Barcelone, cet ancien footballeur et athlète est aujourd’hui au volant de la plus grande société de transport public du Sénégal.