CHAMBRE CRIMINELLE : SEQUESTRATION ET DEMANDE DE RANCON
La chambre criminelle de Dakar a jugé hier une histoire digne d’un film hollywoodien.

Abdoulaye Faye, Saliou Diallo et Khadim Wagne ont été attraits hier devant la chambre criminelle de Dakar pour association de malfaiteurs, séquestration et tentative d’extorsion de fonds. Les accusés avaient séquestré le ressortissant malien Law Coulibaly, et demandaient une rançon de 900 000 francs. pour ce crime, ils risquent de rester 15 ans dans la citadelle du silence. L’affaire est mise en délibéré pour le 27 septembre prochain.
La chambre criminelle de Dakar a jugé hier une histoire digne d’un film hollywoodien. La trame de l’histoire avait les relents d’un film d’action dont les acteurs sont Abdoulaye Faye, Saliou Diallo et Khadim Wagne. Ils sont poursuivis pour association de malfaiteurs, séquestration et tentative d’extorsion de fonds. En fait, il ressort des débats que le 3 février 2018, la brigade de Keur Massar a été interpellée par la tante de Law Coulibaly qui faisait état de la séquestration de son neveu. Selon elle, les ravisseurs réclamaient 900 000 de nos francs pour sa libération. Ainsi, une filature a été mise en place par les limiers.
Le lendemain, Abdoulaye Faye, le cerveau de l’affaire, avait donné rendez-vous, pour l’échange, à Keur Massar, plus précisément à Mtoa. C’est dans ces circonstances que celui-ci a été arrêté ainsi que ses deux complices. D’après la victime Law Coulibaly, ses ravisseurs ont exercé sur lui des sévices corporels pendant 48 heures, et ils l’avaient obligé à les suivre sous la menace d’un couteau. Devant le parloir, Abdoulaye Faye nie avoir séquestré la victime. «J’avais remis 900 000 francs à Abida à Abidjan pour qu’il m’achète des tissus. Pendant deux semaines, il m’a fait courir. Quelque temps après, il m’avait donné rendez-vous à Rufisque. Il est venu en compagnie de Law Coulibaly qu’il a laissé là-bas. Il est resté chez moi pendant 24 heures.
En réalité Abida l’avait laissé chez moi en guise de gage», s’est-il dédouané. Le président lui fait savoir que sa défense est en train de l’inculper davantage. «La victime était au garage malien et tu es venu avec Khadim Wagne, sortant un couteau pour l’obliger à embarquer dans un véhicule pour le conduire dans une maison à 22h, où il a été torturé», a rappelé le juge.
Pour se faire bonne conscience, l’accusé jure sur tous les saints qu’il est venu avec Abida. « Le lendemain, une dame nommée Mariétou a appelé Law et a promis de lui apporter son argent. Mais je ne l’ai jamais kidnappé. C’est lui-même qui faisait le thé chez moi », dit-il avant de demander pardon à ses co-accusés.
A son tour, Khadim Wagne dira qu’il était près de la pharmacie Mtoa avec le ressortissant malien le jour des faits. «Quelqu’un a appelé Faye et il est parti à la station. Mais il est revenu avec les gendarmes qui sont venus nous appréhender. Je suis étranger aux faits. J’étais venu rendre visite à son jeune frère tout simplement», a-t-il renseigné. Même son de cloche pour Saliou Diallo. Il explique qu’il était venu rendre visite à Abdoulaye Faye.
En rentrant vers minuit, poursuit-il, il nous a demandé de l’attendre. «Sur ce, nous sommes restés avec la victime et les gendarmes sont venus nous arrêter», s’est-il défendu. Par contre, il avait confié dans le procès-verbal qu’Abdoulaye Faye avait séquestré le ressortissant malien.
Dans son réquisitoire, le ministère public révèle que c’est la tante de Law Coulibaly qui avait informé de la séquestration de son neveu moyennant la somme de 900 000 francs à la police. «C’est Abdoulaye Faye le cerveau de l’affaire qui a commandité le kidnapping pour se faire de l’argent. Il était convenu avec Saliou Diallo d’aller récupérer l’argent et que Khadim Wagne se chargerait de garder le ressortissant malien. Abdoulaye avait affaire avec Abida Diallo mais vu que ce dernier avait disparu, ils ont séquestré Law Coulibaly.
Le dessein criminel est avéré. Pis, c’est après leur arrestation que le téléphone de la victime a été retrouvé », souligne le substitut du procureur qui a requis 15 ans de travaux forcés. La défense a plaidé l’application bienveillante de la loi. Mais de l’avis de Me Macodou Faye, le dossier a été corsé par les éléments enquêteurs. Le délibéré est fixé au 27 septembre prochain.