COMMENT LA CRISE DE L’EAU ACCENTUE LES DEPLACEMENTS DE POPULATIONS
Selon la Banque mondiale, le monde compte actuellement plus d’un milliard de migrants et que les déficits hydriques sont à l’origine d’une hausse de 10% des flux migratoires à l’échelle de la planète

La Banque mondiale a publié un document qui établit le lien entre la crise de l’eau et les flux migratoires. L’institution financière internationale révèle ainsi que les déficits hydriques sont à l’origine d’une hausse de 10%des flux migratoires dans le monde.
La Banque mondiale continue de documenter les facteurs qui poussent les populations à fuir leurs territoires. Elle a publié dernièrement un nouveau rapport en ce sens intitulé «Flux et reflux». Ce document, composé de deux volumes, est assez exhaustif sur l’eau, les migrations et le développement. Il révèle ainsi que le monde compte actuellement plus d’un milliard de migrants et que les déficits hydriques sont à l’origine d’une hausse de 10% des flux migratoires à l’échelle de la planète.
Selon toujours ce nouveau rapport phare de la Banque mondiale, les pénuries d’eau ont un impact bien plus important sur la migration que l’excès d’eau. Il laisse entrevoir également que le changement climatique rend les précipitations toujours plus aléatoires, et oblige les habitants à partir en quête d’une vie meilleure. Non sans informer que dix-sept pays dans le monde (abritant 25% de la population mondiale) connaissent déjà un stress hydrique extrême. «Les difficultés liées à l’eau sont ressenties de manière disproportionnée dans les pays en développement, puisque plus de 85% des personnes victimes de la variabilité de la pluviométrie vivent dans des pays à revenu faible ou intermédiaire », lit-on dans le document dont «L’AS» détient une copie. Cela ne signifie pas, dit-il, qu’il y a des vagues de « réfugiés de l’eau » pauvres contraints de bouger pour échapper à la sécheresse.
Dans la réalité, précise le rapport, les plus pauvres n’ont souvent pas les moyens de partir, même si cela leur permettrait probablement d’améliorer leurs moyens de subsistance et leurs perspectives d’avenir : «les habitants des pays pauvres ont quatre fois moins de probabilité de se déplacer que ceux des pays à revenu intermédiaire».
Par ailleurs, en ce qui concerne les zones en proie à des conflits, comme la région du Moyen-Orient et de l’Afrique du Nord (MENA), la Banque mondiale, à travers son rapport «Flux et reflux », a fait savoir que la situation est rendue encore plus complexe par deux facteurs supplémentaires qui poussent à partir : le conflit à proprement parler et le chômage. Non sans ajouter que ces pays de la région MENA connaissent le plus fort stress hydrique au monde. Pis, se désole la Banque mondiale dans son rapport, les infrastructures hydrauliques sont fréquemment ciblées pendant un conflit, privant des centaines de milliers de personnes d’accès à cette ressource vitale. «Mais contrairement à ce que l’on pense souvent, les conflits ne sont pas nécessairement une conséquence directe des risques liés à l’eau », laisse-t-il entrevoir.
«DE NOMBREUSES VILLES RISQUENT D’ATTEINDRE LE «JOUR ZERO», AVEC DES ROBINETS A SEC»
En définitive, l’institution financière internationale recommande dans son rapport «Flux et reflux » qu’il y ait des politiques intelligentes pour des villes intelligentes. Surtout que, note-t-il, à l’échelle de la planète, le phénomène migratoire est vivement ressenti dans les villes qui abritent désormais 55% de la population mondiale. «Les édiles doivent réfléchir aux conséquences de cette pression démographique sur leurs politiques, en termes de nombre de migrants à accueillir mais également d’apports sur le plan du capital humain», a relevé le document. Alors que le changement climatique et l’afflux de nouveaux habitants exercent une pression croissante sur les infrastructures hydrauliques existantes, souvent inopérantes, de nombreuses villes risquent d’atteindre le « jour zéro », avec des robinets à sec, prévient la Banque mondiale dans son rapport. «Les politiques et les infrastructures nécessaires pour renforcer la résilience hydrique reviennent cher, mais c’est sans commune mesure avec le coût d’une sécheresse qui peut amputer jusqu’à 12% de croissance économique dans une ville », souligne le rapport.