CONTENTIEUX FONCIERS AU SENEGAL, ZOOM SUR UNE BOMBE A RETARDEMENT
Le dénominateur commun à la plupart des localités de notre pays, surtout si elles sont balnéaires, c’est que les populations y sont victimes ou y vivent sous la hantise d’une spoliation foncière.

Le dénominateur commun à la plupart des localités de notre pays, surtout si elles sont balnéaires, c’est que les populations y sont victimes ou y vivent sous la hantise d’une spoliation foncière. Marches de protestation et sit-in sur fond de port de brassards rouges voire saisines judiciaires : les combats sont multiples contre l’accaparement des terres des habitants. Exemples de ces localités où la spéculation foncière fat rage : Bandia et Sandiara, dans le département de Mbour.
A Bandia, ce patelin du pays Saafi niché dans la commune de Diass, célèbre pour sa réserve animalière, c’est une entreprise se disant « citoyenne » qui veut délester les populations de leur espace vital. « les Ciments du sahel », l’une des trois cimenteries leaders de notre pays, nourrit le funeste dessein de faire main basse sur 236 hectares de terres dans l’emprise de la forêt classée du village qui, depuis 1933, permet aux habitants de mener leurs activités pastorales et paysannes. C’est donc tout naturellement que l’association pour le développement de Bandia, (adb), structure citoyenne, est sortie de sa réserve pour s’ériger contre cette « forfaiture ». en rassemblement samedi dernier sur l’emprise de la surface convoitée par Latfallah Layousse, le P.D.G. des Ciments du sahel, ces bandiois, toutes griffes dehors, ont déversé leur bile sur leur tout-puissant voisin. pour Abdourahmane Niang, leur porte-parole, le plus courrouçant dans tout cela, c’est que la cimenterie s’est déjà octroyé 1000 hectares dans la forêt de Thiès, en plus de 200 autres hectares à Thicky, dans la commune de Diass. Selon notre interlocuteur, le cimentier aurait un plan caché sur le site de Thicky car depuis 2003, année du début de l’exploitation du site, même pas 10 hectares n’ont été mis en valeur jusqu’ici. Saliou Faye, son compère, renchérit en soulignant que pour ce qui est de l’affectation des 236 hectares, aucune audience publique ne s’est tenue. Pis, soutient-il, aucune étude d’impact environnemental n’a été réalisée. pour le moment, du fait d’une tranchée qui entoure la surface convoitée, le nombre de bêtes qui y ont perdu la vie ne se compte plus, enrage Faye.
La presse agressée à Sandiara...
De l’autre côté, à Sandiara, c’est le maire qui ne désespère pas de disposer de 50 hectares sur l’ancien site de la Caritas pour la réalisation d’une cité HlM, en dépit de la décision de la Cour suprême qui s’y est opposée. Pour Nakhla Tine, Pape Faye et autres membres du Collectif pour la défense des Intérêts de Sandiara (CdIs), le combat ne fait que débuter. le maire serigne Guèye Diop, conseiller aux affaires agricoles du président de la république, a eu le toupet de faire interpeller des notables du village dont un ancien président du défunt conseil rural de Sandiara, Hamath Ndiaye, pour, dit-il, avoir commis du faux dans la cession de ces 50 hectares en 1974. sacrilège ! Au total, 17 personnes opposées au projet du maire ont déjà fait l’objet d’une arrestation dans ce dossier, dénonce Nakhla Tine. Pape Faye, lui, se dit encore traumatisé par l’agression dont il a été victime pour son engagement dans cette lutte. Même des journalistes ont été agressés en mars 2018 sur le site par des ouailles du maire clairement identifiées ! le plus étonnant dans cette affaire, c’est que le procureur, en dépit de la décision de la Cour suprême du 19 avril 2019 qui cassait la délibération du conseil municipal de Sandiara en date du 11 octobre 2014, portant sur les 49 hectares en question, se soit opposé à la restitution des terres aux villageois qui en avaient hérité.