CORRUPTION AU SEIN DE L’ADMINISTRATION PUBLIQUE
77% des populations ne sont pas satisfaites des mesures prises contre ce fléau

De 2014 à 2021, le niveau de corruption a pris des proportions inquiétantes au Sénégal malgré les nombreuses mesures prises par le gouvernement pour faire face à ce fléau. Et 77% des Sénégalais jugent «plutôt mal» ou «très mal » les performances du gouvernement en matière de lutte contre la corruption au sein de l’administration publique.
La corruption constitue l’un des plus gros freins au développement du continent africain. A en croire l’organisation Afrobarometer, elle cause, à elle seule, une perte annuelle estimée à 148 milliards de dollars, soit 25% du produit intérieur brut (PIB) de l’Afrique.
Le réseau panafricain de recherche par sondage, dans une dépêche parvenue à «L’AS», a d’emblée indiqué que l’Office National de Lutte Contre la Fraude et la Corruption (OFNAC) est le symbole de l’engagement de l’Etat dans la lutte contre la corruption. Cependant, regrette-t-il, comme la plupart des pays d’Afrique de l’Ouest, le Sénégal reste depuis 2016 dans la zone rouge en matière de lutte contre la corruption. «Classé 67ème sur 180 pays au niveau mondial en 2020 (Transparency International, 2020), le pays connaît une stagnation après une période de progression entre 2012 et 2015 », renseigne Afrobarometer qui, dans la foulée, rappelle son sondage d’opinions réalisé récemment sur la question et qui révèle que la majorité des citoyens jugent le niveau de corruption en hausse, surtout chez les policiers et gendarmes mais aussi chez les députés, les conseillers municipaux ou départementaux, les juges et magistrats, les officiels de la Présidence et les fonctionnaires.
«Des pratiques quotidiennes de corruption ont été signalées par les usagers des services publics à travers le versement de pots-de-vin », lit-on dans le texte dont «L’AS» détient une copie. Par ailleurs, il est indiqué que les Sénégalais jugent plutôt négatives les performances du gouvernement en matière de lutte contre la corruption au sein de l’administration publique. Bien qu’ils soient conscients des effets néfastes de la corruption sur l’économie, les citoyens redoutent des représailles en cas de dénonciation des actes de corruption, souligne la note de Afrobarometer parvenue à la rédaction.
Et près du quart (23%) des personnes qui ont cherché des documents tels que la pièce d’identité, le passeport ou le permis révèlent avoir fait un cadeau ou une faveur afin de l’obtenir, note-t-on. Toujours, d’après le réseau panafricain, plus de trois quarts (77%) des Sénégalais jugent «plutôt mal» ou «très mal » les performances du gouvernement en matière de lutte contre la corruption au sein de l’administration publique. «Ces résultats suggèrent la mise en place par les autorités de réponses institutionnelles impliquant davantage les Sénégalais dans la lutte contre ce fléau qui gangrène la société », révèle le document.
«77% DES SENEGALAIS AFFIRMENT QUE LES CITOYENS RISQUENT DES REPRESAILLES S’ILS DENONCENT DES ACTES DE CORRUPTION»
Revenant aux résultats clés, Afrobarometer a indiqué que la grande majorité (75%) des Sénégalais affirme que la corruption a augmenté dans le pays au cours des 12 derniers mois. «La hausse de la corruption est plus perçue chez les policiers et gendarmes : presque la moitié (47%) des citoyens estime que «la plupart d’entre eux» ou «tous» sont corrompus - une augmentation de 18 points de pourcentage depuis 2017. S’ensuivent les députés et les conseillers municipaux ou départementaux (+13 points de pourcentage), les juges et magistrats (+12 points), les officiels de la Présidence (+11 points) et les fonctionnaires (+7 points). Parmi ceux qui ont eu affaire à la police au cours de l’année écoulée, quatre personnes sur 10 (40%) déclarent avoir dû verser des pots-de-vin pour éviter des problèmes -une hausse de 35 points de pourcentage par rapport à 2014 », révèle la note. Malgré la conscience de l’ampleur du problème de la corruption, Afrobarometer estime en définitive que la grande majorité (77%) des Sénégalais affirme que les citoyens risquent des représailles ou autres conséquences négatives s’ils dénoncent des actes de corruption.