DIOGO HURLE SON DESESPOIR ET EXIGE D’ETRE ERIGEE EN COMMUNE
S’estimant victime d’une « erreur » de découpage administratif

Du fait d’une erreur de découpage administratif, le mal vivre et l’angoisse sont les sentiments les mieux partagés dans la zone de Diogo, une bande qui polarise plus de 50 villages et de nombreux hameaux, dans la commune de Darou-Khoudoss. Dans cette partie du département de Tivaouane, où le taux démographique ne cesse de s’accroître, les populations se sont fait entendre à travers une marche pacifique pour réclamer l’érection de leur localité en une commune de plein exercice. Elles trouvent « inadmissible » le fait de « parcourir 40 km jusqu’à Darou-Khoudoss pour se procurer un extrait de naissance ou un certificat de résidence ».
Toutes les forces vives de la zone, les vieillards, les jeunes, les femmes, les chefs de villages, les autorités religieuses et coutumières, entre autres, sont sorties prendre part à cette marche de protestation contre ce que ces manifestants ont appelé une « injustice notoire ». Avec la bénédiction des chefs religieux Serigne Moustakhine Mbacké, Serigne Ibrahima Sowrou Fall et Serigne Modou Mbenne Diouf, et l’accord de 34 chefs de village dans la zone, les populations, dans toutes leurs composantes, ont adressé un message fort aux autorités étatiques pour leur rappeler « les maux et les fléaux qui gangrènent notre zone ». Serigne Mbaye, coordonnateur du collectif des habitants de Diogo dénommé « Sunu commune », confie que que « nos problèmes sont visibles dans tous les secteurs ».
Selon lui, « la seule solution à ces problèmes reste un nouveau découpage au cours duquel la zone de Diogo sera érigée en commune de plein exercice ». Un souhait ardemment exprimé par les populations de par leur forte mobilisation. Des populations pour qui « l’érection de Diogo en commune est en effet une nécessité pour plusieurs raisons ». Et d’expliquer : « il est rare de voir à travers le pays deux chefs-lieux de commune, Mboro et Darou-Khoudoss, séparés de moins de deux kilomètres, pendant que des populations situées à l’autre extrémité de la commune parcourent injustement plus de 40 kilomètres pour se procurer un certificat de résidence ou un extrait de naissance ». Elles perçoivent cette incongruité comme « une erreur de découpage sur l’emplacement du chef-lieu », et pensent que « cela mérite rectification pour alléger les souffrances des populations de la zone que nous sommes ». Serigne Mbaye et ses concitoyens disent « avoir raison de marcher » d’autant plus que, soutiennent-ils, « la zone de Diogo, par ses nombreuses ressources agricoles, minières et halieutiques reste sans conteste le ‘’poumon économique’’ de la commune de Darou-khoudoss ».
Des retombées accaparées par la mairie de Darou-Khoudoss
D’après les habitants de Diogo, « notre terroir peine à jouir, en retour, de ces retombées qui sont toutes accaparées par la mairie ». Poursuivant, elles hurlent que « la zone de Diogo en a marre de la dépendance et de l’exploitation dont elle est victime alors qu’elle peut intégralement se prendre en charge. En effet, nous refusons d’abriter de grandes entreprises telles que la GCO qui est en train d’exploiter le troisième gisement mondial de zircon et tant d’autres sociétés d’exploitation de mines dont les phosphates de ‘’Ngouye Wade’’, sans que cela ne soit ressenti sur le plan économique et social à notre niveau, notamment dans le cadre de l’emploi local jugé très insuffisant par rapport aux attentes ». Et de s’étrangler : « le maraichage, principale activité de la zone est aujourd’hui plus que jamais menacé et la population est peinée de voir ses terres spoliées, bradées à des compagnies étrangères. Ce qui anéantit la zone des Niayes et traduit la situation précaire dans laquelle vit la quasi-totalité des jeunes de la localité réduits au chômage, lequel les plonge dans la pauvreté dont le seul exutoire reste l’émigration clandestine. La spéculation foncière fait rage dans la zone et constitue une sérieuse menace à la cohésion et à la quiétude des populations, d’où la nécessité pour la zone de Diogo, qui polarise plus de 50 villages et de nombreux hameaux, avec un taux démographique qui ne cesse de s’accroître, de devenir une commune ».
Des conditions de vie exécrables
L’amélioration de la qualité de l’eau impropre à la consommation, l’accès de tous les villages à l’électricité, le désenclavement de Diogo sur mer qui s’étend sur 7 kilomètres, l’installation d’un centre de groupage des produits agricoles, figurent dans le lot des revendications de la zone de Diogo qui veut désormais être maîtresse de son destin au lieu de le subir. Les populations de ladite zone, qui exigent dans les plus brefs délais un nouveau découpage administratif, souhaiteraient dorénavant gérer leurs propres ressources parce que, plaident-elles, « Diogo dispose d’une ressource humaine compétente qui comprend et connait parfaitement les priorités de sa population ». Et d’indiquer à l’attention du président de la République que « la zone de Diogo, longtemps assoupie, est aujourd’hui sortie de son long sommeil. Son érection en commune de plein exercice est une demande sociale pour l’émergence et l’épanouissement de ses populations ». Lesquelles disent vivre dans des « conditions exécrables marquées par une ‘’présence je-m’en-foutiste’’ d’entreprises particulièrement polluantes, parmi les plus géants du pays voire de la sous-région ». En tout état de cause, avec l’Acte III de la Décentralisation instaurant la communalisation intégrale et notamment la Phase III de cet Acte, ces « populations opprimées » disent garder toujours l’espoir d’une correction de toutes les incohérences territoriales constatées dans ce triste découpage. A les en croire, elles ne demandent que la réparation d’une « injustice » qu’elles disent « subir depuis plusieurs années ».