«EIFFAGE DEMANDE UNE PROLONGATION DE 10 ANS SUR SON CONTRAT»
Les conditions ayant prévalu à la diminution des tarifs de l’autoroute à péage ne satisfont pas le Collectif des usagers qui crie à une autre arnaque de la société Eiffage.

Selon le coordonnateur du Collectif Citoyen des Usagers de l’Autoroute à Péage (CCUAP), Cheikhou Omar Sy, Eiffage a revu à la baisse les tarifs du péage en échange d’une prolongation de son contrat de concession de 10 ans. Il l’a fait savoir hier, lors d’un atelier de restitution.
Une arnaque. Le mot n’est pas trop fort pour le CCUAP pour qualifier les nouveaux changements intervenus dans les tarifications de l’autoroute à péage. Face aux journalistes hier, le coordonnateur du CCUAP Cheikh Omar Sy a soutenu que ces changements concernent uniquement les sorties de Sebikotane et de Toglou. «L’aberration et l’indignation des populations, c’est le fait qu’aujourd’hui la société Eiffage ose demander une rallonge de 10 ans alors qu’elle est déjà entrée dans ses investissements», s’indigne l’ancien député. C’est pourquoi il demande au président de la République d’instruire son gouvernement pour la publication du nouveau contrat négocié par l’APIX au nom des contribuables sénégalais et ce, conformément à la loi de décembre 2012 portant Code de transparence des finances publiques.
Enfonçant le clou, il parle d’une arnaque et estime que c’est un montage qui n’a pas répondu aux normes PPP. «D’autant que dans ce cas de figure, 83% des ressources ont été mises sur la table par l’Etat et seulement 17% par la société Eiffage. Et s’agissant des infrastructures, on se rend compte que les coûts sont élevés car nous sommes à un montant de 5 milliards FCFA par kilomètre, alors que la norme internationale tourne autour de 3 milliards FCFA par kilomètre». De l’avis de M.Sy, l’arnaque a commencé le jour où on a dénommé l’autoroute Dakar-AIBD alors que ce devait être Dakar-Mbour. «La sortie de l’AIDB devait être facultative».
MEME COMBAT QUE LES GILETS JAUNES EN FRANCE
Fermement résolus à mener le combat contre Eiffage, les membres du CCUAP soutiennent que Gérard Sénac (patron d’Eiffage) est en train de faire tout ce qu’il veut sans que l’Etat du Sénégal ne pipe un mot. «C’est pourquoi, à l’image des gilets jaunes en France qui sont sortis pour dire au Président Macron : cela suffit, les Sénégalais ont le droit de dire au Président Macky Sall : nous ne voulons pas de ce système de péage», tonne Cheikh Oumar Sy. Par ailleurs, il trouve que ce combat devait être celui de tous les candidats à l’élection présidentielle de 2019 qui, selon lui, doivent se prononcer sur la question. «Ils parlent beaucoup du pétrole et du gaz, mais ce problème aussi est crucial et ils doivent en parler. S’ils peuvent se mobiliser pour aller au ministère de l’Intérieur exiger la tenue d’élections transparentes, ils doivent faire de même pour les Sénégalais qui demandent la réduction du tarif du péage», argue l’ancien parlementaire qui demande l’audit objectif des retombées économiques de l’autoroute à péage depuis le démarrage de l’exploitation. M.Sy invite aussi le gouvernement à respecter son engagement de créer l’Agence de gestion des autoroutes du Sénégal et de la confier aux Sénégalais.