«EN 2035, NOUS DEVONS SORTIR DE L’INSECURITE ALIMENTAIRE»
Malgré les terres et plus de 35 milliards de mètres-cubes d’eau renouvelable chaque année dont il dispose, le Sénégal continue à recevoir des aliments des pays qui sont moins nantis que lui, en eau et en terres, pour nourrir sa population.

Malgré les terres et plus de 35 milliards de mètres-cubes d’eau renouvelable chaque année dont il dispose, le Sénégal continue à recevoir des aliments des pays qui sont moins nantis que lui, en eau et en terres, pour nourrir sa population. Pour inverser la tendance et réussir le pari de l’autosuffisance alimentaire, Jean Pierre Senghor, Secrétaire exécutif du Conseil national de Sécurité alimentaire (SE-CNSA) appelle à réinventer des méthodes et mécanismes permettant d’accélérer la marche du Sénégal vers l’élimination de la faim, l’adoption des pratiques agricoles durables et investir massivement dans l’eau et la terre pour produire suffisamment de céréales. Tout en restant convaincu qu’«en 2035, nous devons sortir de l’insécurité alimentaire».
LE SENEGAL PEUT-IL REPONDRE PRESENT EN 2030 ?
«Le gouvernement et ses partenaires sont en train de se battre pour répondre à 2 agendas. Le premier agenda est notre agenda domestique qui est le PSE. En 2035, nous devons sortir de l’insécurité alimentaire parce qu’un pays émergent, c’est un pays qui aura laissé (dépassé) ces questions d’insécurité alimentaire.
Deuxième agenda, ce sont les ODD 2 (Objectifs de développement durable de 2030, ndlr). Qu’est-ce que le Sénégal est en train de faire pour justement répondre présent en 2030 ? Ce travail qu’on fait, on ne peut pas le faire en restant vraiment dans les démarches classiques. Nous devons réinventer aujourd’hui des méthodes, des mécanismes qui nous permettent d’accélérer justement la marche du Sénégal vers l’élimination de la faim et l’adoption des pratiques agricoles durables. Si on le fait, ça veut dire qu’on veut avoir des critères, des indicateurs qui permettent d’avoir un tableau de bord qui nous permet d’avoir tout ça. Et c’est pour cela qu’on met en place des actions.
LEÇON A RETENIR DE LA COVID-19 : «SE RECONCENTRER SUR NOUSMEMES ET PRODUIRE CE QUE NOUS CONSOMMONS»
Pour parler des conséquences de la pandémie. La pandémie à Covid-19 nous a appris une chose fondamentale : c’est qu’il faut se reconcentrer sur nous-mêmes et produire ce que nous consommons. Si vous comptez sur quelqu’un qui a lui-même des soucis, ce quelqu’un ne peut pas vous donnez le produit. Je pense que quand c’est comme ça, alors vous avez de sérieux problèmes. Le pays est capable de produire ce que le Sénégal consomme. Le Sénégal est entrain de prendre des mesures pour que demain nous puissions compter sur nousmêmes, plutôt que d’importer des produits alimentaires. On ne peut pas avoir autant d’eau dans le pays, plus de 35 milliards de mètres-cubes d’eau renouvelable chaque année, (et continuer à dépendre des autres). La Vallée du Fleuve, à elle seule, c’est 1700 km d’eau douce, c’est 240.000 ha. Donc rien que dans la production de céréale, nous sommes capables d’être autosuffisant. Dans les analyses que nous faisons, nous laissons une porte ouverte pour dire : ‘’c’est ça qu’il faut faire’’.
«CE QUE NOUS MANGEONS NE DOIT PAS NOUS RENDRE MALADE»
«Nous avons trois (3) piliers que nous regardons. Combien de produits nous avons dans le pays pour nous alimenter ? C’est la disponibilité. Quel est l’accessibilité à ces produits qui sont disponibles ? L’utilisation qu’on fait des produits disponibles ? Voilà tout ce qu’on analyse parce que l’utilisation est oubliée. Tout le monde l’a vu, nous mangeons trop salé, trop sucré, trop huilé. Est-ce qu’on va rester comme ça et regarder les choses venir ? Non ! C’est ce qui justifie ce Forum («Prospectives Alimentaires du Sénégal à l’horizon 2035»), pour non pas dire aux gens ne mangez pas ceci, ne mangez pas ça, mais commencer à instaurer un dialogue avec le peuple, un dialogue du peuple sur les défis de notre alimentation. Si nous voulons, au plan macroéconomique, que l’émergence soit une véritable émergence, il faut que ces questions soient prises en charge par l’Etat. Et ce dialogue est un dialogue que nous allons continuer. Pendant les deux jours, nous allons décortiquer un peu les résultats de ces situations que nous avons vues. Mais, le vrai travail va commencer après le forum. Comment l’Etat va prendre les dispositions pour que ceux qui savent puissent dire à ceux qui ne savent pas, la ménagère qui va acheter un certain nombre de bouillons et un certain nombre d’aliments dont elle ne sait rien et qui contribuent à l’explosion incroyable de ces maladies contre lesquelles l’Etat est entrain de prendre ses responsabilités. Ce que nous mangeons ne doit pas nous rendre malade.
QUELLES SONT LES SOLUTIONS ?
Ce qu’il faut, c’est investir et innover dans la production, dans la transformation de la mise en marché. Nous sommes un pays qui recevons des aliments des pays qui sont moins nantis que nous en eau et en terres. Il faut qu’on investisse massivement dans ces secteurs et que ce pays puisse produire suffisamment de céréales».
Abdoulaye A. SAKHO (Stagiaire)