EXTREMISME VIOLENT AU SAHEL, COMMENT GUERIR LE MAL !
Le forum régional sur l’État de droit et l’extrémisme violent au Sahel, tenu du 4 au 6 novembre 2020, a réuni une centaine de personnalités, issues du milieu universitaire, de la recherche

Le Think Tank Afrikajom center, en partenariat avec la Fondation Konrad Adenauer a tenu en novembre 2020 un forum régional sur la revue sécuritaire au Sahel. Cet évènement a permis de produire un rapport sur l’extrémisme violent dans la région dans lequel il est proposé une liste de solutions pour arriver à bout de ce mal qui consume le continent.
Le forum régional sur l’État de droit et l’extrémisme violent au Sahel, tenu du 4 au 6 novembre 2020, a réuni une centaine de personnalités, issues du milieu universitaire, de la recherche. Parmi elles, figuraient des experts en matière de défense et de sécurité, des membres de la société civile, des représentants des États, des institutions intergouvernementales (G5 Sahel, Misahel, Minusma, Cedeao). On peut relever entre autres Ouamar Meftali, chef de l’unité sécuritaire à la Misahel, Fatou Dieng Thiam, chef du bureau régional de la Minusma à Mopti, les professeurs Mamadou Diouf, Abdoulaye Bathily, Bakary Samb, Selma Belaala, Oumar Ndongo,… Ces deux jours de réflexion ont permis d’évaluer les stratégies sécuritaires au Sahel, d’examiner leurs forces et leurs faiblesses et de faire des recommandations aux États, aux institutions intergouvernementales et à la Société civile, sur les voies et moyens de la construction d’une paix durable au Sahel. L’une des premières recommandations faites par les experts et non des moindres était essentiellement de dépasser le concept restrictif de sécurité conçu comme une activité exclusivement militaire. Ainsi, ils préconisent de recourir à une approche basée sur la sécurité humaine, plus holistique et plus globale, englobant tous les droits fondamentaux de l’homme et mettant la priorité sur la protection des populations civiles. D’où l’intérêt, disent-ils, d’une stratégie régionale coordonnée, globale, inclusive, intégrée, fondée sur le concept de sécurité humaine et de développement durable.
NECESSITE DE REEVALUER LA REPONSE REGIONALE
Le rapport est ensuite clair sur la nécessité de réduire dépendance extérieure en matière de sécurité. Il estime que les pays du Sahel doivent prétendre au leadership auquel ils aspirent et s’organiser pour prendre en charge leur propre sécurité. Sur ce, la réévaluation de la réponse régionale par une plus forte implication de la Communauté Economique des États de l’Afrique de l’Ouest (CEDEAO) et de l’Union Africaine (UA) est fondamentale, préconise-t-on dans le document. Qui propose également de mutualiser les moyens notamment par le partage de renseignements et la conduite d’opérations conjointes. En même temps, les experts pensent qu’il faudrait appuyer les États membres du G5 Sahel pour instaurer la sécurité et la mise en œuvre des politiques publiques visant à réduire la pauvreté et l’exclusion plus particulièrement dans les localités défavorisées et les zones frontalières. Mieux, les experts recommandent de réexaminer les causes politiques, économiques et sociales de la faillite de l’État de droit ; et de mettre en exergue les causes profondes de l’extrémisme violent telles que les perceptions de l’injustice, de l’exclusion, le chômage des jeunes, la marginalisation des femmes, la mauvaise gouvernance et les violations des droits de l’homme ainsi que les lacunes constatées de l’État à fournir les services sociaux de base et y apporter les solutions idoines. Les différents panélistes du forum régional sur l’État de droit et l’extrémisme violent au Sahel ont, dans le rapport dont «L’AS» détient une copie, invité les États à lutter contre l’impunité et à veiller résolument au respect des droits de l’homme dans la réponse sécuritaire. Ils demandent également aux Etats d’élaborer un vaste programme de développement permettant de transformer positivement les économies, d’améliorer les services sociaux de base, de lutter contre la corruption, d’assurer et de renforcer la justice, la distribution équitable des richesses, de mettre en place des initiatives pourvoyeuses d’emplois rémunérateurs et valorisants des jeunes.
«IL FAUDRAIT ENVISAGER LE DIALOGUE AVEC LES MOUVEMENTS DJIHADISTES»
Sur un autre registre, le rapport appelle les uns et les autres à comprendre les motivations des groupes armés et de ne pas exclure systématiquement le dialogue avec certains éléments extrémistes. «Les groupes extrémistes violents sont segmentés. Les éléments au niveau de la base, des échelons intermédiaires et du leadership ne sont pas nécessairement mus par les mêmes intérêts. Cela rend possibles des discussions à différents niveaux», lit-on dans la note qui propose d’envisager le dialogue avec les mouvements djihadistes. Il attire l’attention sur la nécessité de ne pas stigmatiser des communautés données, au risque de contribuer à grossir davantage les rangs des groupes extrémistes. Les experts préconisent en définitive d’élaborer et diffuser des discours alternatifs à l’endroit des populations pour contrer les appels de l’idéologie djihadiste ; et de réfléchir sur un discours qui porte sur les préceptes d’un islam modéré et qui cible les jeunes dès la maternelle. Ils proposent aussi d’effectuer des études rigoureuses sur le terrain dans le but d’apporter des solutions idoines et non élaborées dans des laboratoires lointains. «Les solutions doivent être portées par les acteurs locaux, régionaux appuyés par les partenaires extérieurs et non l’inverse », relève le rapport. Qui indique pour conclure qu’il faut empêcher l’implantation des idéologies djihadistes par une promotion de la bonne gouvernance qui est une condition sine qua non pour la paix sur le long terme et le dialogue.