FACE A L’INJUSTICE, LES COMMUNAUTES ENTRENT EN LUTTE
Bandia, Diockoul Dieuwrigne, Dodel, Dya, Fanaye, Keur Mousseu, Ourour, Popenguine-Ndayane, Sandiara, Tobène, Toubab Dialaw… la liste est longue mais pas exhaustive.

Bandia, Diockoul Dieuwrigne, Dodel, Dya, Fanaye, Keur Mousseu, Ourour, Popenguine-Ndayane, Sandiara, Tobène, Toubab Dialaw… la liste est longue mais pas exhaustive. Les communautés ont décidé d’entrer en lutte contre les accaparements de leurs terres. Un combat pour leur survie et celle des générations futures.
Les ressources foncières jouant un rôle essentiel dans la sécurité alimentaire, la réduction de la pauvreté des populations et les phénomènes migratoires, les organisations de la société Civile comme Enda Pronat ou d’autres structures rassemblées au sein du Cadre d’action et de réflexion sur le foncier au Sénégal (Crafs) luttent pour la sécurisation des terres paysannes et contre les accaparements de terres. Ce à travers diverses activités de renforcement de capacités des communautés locales (formation, sensibilisation), de soutien aux victimes d’accaparement et de plaidoyer au niveau national pour un changement des politiques et une meilleure prise en compte des communautés locales. Des collectifs se mettent en place dans les terroirs concernés, sous l’impulsion des jeunes et parfois de ressortissants établis à l’étranger ou à Dakar, pour défendre le patrimoine foncier. Cette résistance est parfois couronnée de succès. Toutefois, les premières victoires des populations, du fait d’une forte mobilisation sociale comme dans le cas de Fanaye puis de Ndiael face au projet de l’entreprise Senhuile S.a, n’étaient que de partielles car même si l’agro-industriel n’a pas pu développer son projet, les terres ne sont pas encore revenues aux mains des communautés
2019, l’année des victoires judiciaires
En avril 2019, le Sénégal a assisté à une série de décisions successives de la Cour suprême, rétablissant les populations dans leurs droits. des populations qui, au-delà des mobilisations physiques et autres actions revendicatives, avaient saisi la justice pour se voir rétablies dans leurs droits. au total, 10.894 hectares de terres ont ainsi été « sauvées » judiciairement à Dodel, Dya et Sandiara. Durant ce moment historique pour la défense des droits des populations à travers la sécurisation des sociétés paysannes ouest-africaines OSIWA (open society Initiatives in West Africa du milliardaire Georges Soros) et Enda Pronat ont voulu réagir. Les deux organisations ont décidé d’essayer de comprendre, analyser et documenter ces cas où les communautés ont pu récupérer des terres spoliées, mais aussi de faire de ces cas une « jurisprudence » pour les autres communautés victimes d’accaparement de terres pour une appropriation des leçons tirées.
Enda Pronat et OSIWA apportent leur appui technique
Avec l’appui d’un expert foncier qui chemine depuis des années aux côtés des d’Enda Pronat et des communautés dont les terres ont été accaparées dans notre pays, et accompagnée d’une équipe de tournage, l’équipe d’Enda Pronat est allée à la rencontre de ces communautés à Dodel, Dya, Bandia et Sandiara. Objectif : approfondir la compréhension de leurs expériences respectives. Suite à ces visites de terrain, un atelier s’est tenu à Warang (Malicounda) pour renforcer la compréhension et la documentation des cas de saisines judiciaires par des communautés, en lien avec des accaparements de terres au Sénégal. Durant trois jours, des représentants des communautés à différents stades de leur combat contre l’accaparement de leurs terres, les membres du Crafs, des juristes et avocats ayant accompagné les communautés, des experts en gouvernance foncière, les avocats ayant accompagné les populations pour saisir les instances judiciaires mais aussi ayant effectué les constats de terrain, ont participé à ces travaux de Warang. Les deux organisations que sont Enda Pronat et OSIWA, à travers une déclaration commune, disent soutenir les victimes d’accaparement de terres et souhaiter que soient menées des politiques prenant en compte les préoccupations des communautés locales.
Selon Kader Fanta Ngom, expert en gouvernance foncière, notre pays a raté le coche de la réforme foncière car les espoirs qui étaient placés dans la Commission nationale de réforme foncière se sont envolés. Il reste maintenant une urgence pour notre pays : se doter le plus vite possible d’un véritable code foncier en phase avec les défis du moment, a-t-il indiqué.