FINI L'ANARCHIE DANS LA RESTAURATION DE RUE
Deux guides de bonnes pratiques viennent d'être validés pour encadrer un secteur vital mais encore largement informel, responsable de nombreuses intoxications alimentaires en milieu urbain

Le lundi 26 mai 2025, le Sénégal a validé deux guides de bonnes pratiques d'hygiène et d'inspection pour encadrer la restauration de rue. Ces documents ont été réalisés dans le cadre du projet GCP/SFW/517/LUX, financé par le Grand-Duché de Luxembourg et mis en œuvre par la FAO, en partenariat avec le ministère de la Santé.
Le secteur de la restauration de rue, vital pour l'alimentation urbaine mais encore largement informel, est confronté à de nombreux risques sanitaires. Selon l'Organisation Mondiale de la Santé (OMS), plus de 91 millions de personnes tombent malades chaque année en Afrique à cause de maladies d'origine alimentaire, entraînant 137 000 décès.
Les deux documents validés, l'un à destination des services d'inspection, l'autre pour les vendeurs, sont le fruit d'un travail participatif basé sur un diagnostic dans une ville pilote. Ils visent à « harmoniser les pratiques d'inspection » et à « permettre aux différents acteurs de disposer d'outils qui leur permettent de travailler de sorte à ce que les aliments ne rendent pas malade », a expliqué Dr Amadou Ndiaye, vétérinaire consultant à l'Organisation des Nations Unies pour l'Alimentation et l'Agriculture (FAO), une agence spécialisée de l'ONU chargée de la lutte contre la faim, la malnutrition et la pauvreté rurale dans le monde.
Un secteur à formaliser
Lors de l'atelier de validation organisé à Dakar, hier lundi, Pr Amadou Diop, président du CODEX, a insisté sur la nécessité de structurer le secteur : « C'est un secteur vital qui mérite d'être encadré. Malheureusement, ça se fait de manière informelle. Il s'agit de formaliser non seulement du point de vue du contrôle, mais également harmoniser les pratiques des acteurs ».
Les guides prennent en compte la diversité des vendeurs, dont « le niveau de compétences ne sont pas les mêmes », précise Dr Ndiaye, vétérinaire consultant de la FAO. Ils abordent des aspects essentiels comme la maîtrise de l'eau, l'hygiène, les outils, les infrastructures et les types de produits. Quatre catégories d'aliments ont été ciblées : « la viande, les plats cuisinés, les jus locaux, les boissons chaudes » ; ce sont notamment les aliments les plus consommés et les plus exposés aux risques.
Une approche coordonnée et régionale
Le projet s'inscrit dans une dynamique régionale, impliquant également le Burkina Faso et le Mali, avec un Plan National de Réponse aux Urgences de Sécurité Sanitaire des Aliments (PNRUSSA) comme modèle. « Le CODEX est une plateforme multisectorielle ; c'est cette plateforme qui a la charge de coordonner cette activité », a expliqué Pr Diop.
Il a aussi évoqué la gestion des crises, comme celle liée récemment à la consommation de viande de chat. « Le travail que nous faisons, c'est un travail de coordination (...) pour prendre en charge ces aspects », a assuré le président du CODEX.
Aussi, une stratégie de formation des formateurs est prévue pour vulgariser les guides. « La phase qui va suivre, c'est une formation des formateurs (...) pour démultiplier ces informations vers les services de contrôle, mais également vers tous les acteurs de la restauration des rues », a indiqué Dr Ndiaye, le consultant de la FAO.