«IL Y AURA 1000 NOUVELLES PLACES POUR LES DETENUS D’ICI LA FIN DE L’ANNEE»
Ismaila Madior Fall, ministre de la justice

Présidant l’ouverture de l’atelier de sensibilisation des acteurs de la société civile et des médias sur la situation carcérale, organisé par la Direction de l’administration pénitentiaire, le garde des Sceaux Ismaïla Madior Fall a annoncé qu’il y aura d’ici à la fin de l’année 2018, 1000 nouvelles places dans les prisons de Sébikotane et de Koutal.
L’atelier de sensibilisation des acteurs de la société civile et des médias sur la situation carcérale, organisé hier, mardi 11 décembre 2018 par la Direction de l’administration pénitentiaire, a été une occasion pour le ministre de la Justice Ismaila Madior Fall d’annoncer qu’il y aura moins de surpeuplement carcéral avec 1000 nouvelles places dans les prisons. Sur les 1500 places prévues à Sébikhotane, 500 sont disponibles, le même nombre l’est pour la prison de Koutal à Kaolack.
Pour 1600 agents de l’administration pénitentiaire, il y a 10 622 détenus. Si l’on considère que le Sénégal a 15 millions d’habitants, ce n’est pas beaucoup, mais dans certains pays scandinaves où il y a un mécanisme de réinsertion sociale, il y a zéro prison. Parmi cette population carcérale, souligne le garde des Sceaux, 6 275 sont condamnés, 4 387 sont en situation de détention provisoire, soit 41 %. «Il y a 20 ans, c’était l’inverse. Nous avons enregistré 219 mineurs et notre ambition est de faire en sorte que les mineurs ne soient plus dans les prisons et qu’ils soient pris en charge dans les centres de réinsertion. Il y a 10 375 hommes sur 306 femmes. Les Sénégalais sont au nombre de 9600 à la date du 3 décembre 2018 et les étrangers font moins de 10 % de la population totale». La presse, selon le ministre de la Justice, relate les cas de longue détention avec beaucoup d’émotion. «On a fait état d’un jeune en détention depuis 4 ans, des Thiantacounes en prison depuis 6 ans, c’est une réalité, mais il faut relativiser. Il y a des dossiers en matière criminelle qui prennent du temps. Les détenus qui ont fait trois ans et plus dans les prisons sont 289 soit 2,71 %», minimise t-il. Quant à la torture, poursuit le ministre de la Justice, les «les rares cas allégués et dont la preuve doit être apportée concernent les commissariats de Police et les brigades de Gendarmerie. Les cas de torture prouvés sont sanctionnés». L’indemnité journalière d’entretien du détenu de 635 Fcfa en 2012 a été portée à 1023 Fcfa en 2018, et sera à 1100 Fcfa par détenu et par jour en 2019. Les principaux problèmes dans les prisons sénégalaises, concède le Pr Ismaila Madior Fall, concernent d’abord le surpeuplement carcéral principalement à la Maison d’arrêt et de Correction (Mac) de Rebeuss.
De 800 places, elle est passée à plus de 2000. Par ailleurs, l’infrastructure n’est pas renouvelée. «Une bonne politique pénale doit aboutir à la baisse de la population carcérale, mais les nombre de places à l’intérieur est en train d’être augmenté». Le garde des Sceaux a aussi relevé le processus de «sévérisation» de la répression (vol de bétail, trafic de drogue, délits sexuels ) qui a largement contribué à la hausse de la population carcérale. «Si on avait une politique de «décriminisation», 90 % de ces 41% ne resteraient pas aussi longtemps en prison».
L’oisiveté, la mère des vices, est souvent évoquée par les détenus. Le ministre de la Justice propose des formations qui permettront aux prisonniers de décrocher des diplômes et d’être mieux préparés à la réinsertion sociale. «Nous devons moderniser les prisons, humaniser la vie carcérale. Celui qui est en détention ne doit être privé que d’une seule chose, sa liberté d’aller et de venir. Nous devons briser ce signe indien qui dit que si vous construisez une prison, vous irez en prison». Conscient du fait que la science pénitentiaire évolue sans cesse, le Directeur de l’administration pénitentiaire, le Colonel Jean Bertrand Bocandé, initiateur de cet atelier (une première dans ce secteur) a soutenu que le corps qu’il dirige «s’est résolument engagé dans la création d’un environnement propice au développement d’une communication interne et externe (…) La prison est un milieu fermé, mais en brique de verre».