LA CASAMANCE SUSCEPTIBLE D’ETRE UN TERREAU FERTILE
Le conflit casamançais a servi de prétexte au CHEDS pour étudier l’extrémisme violent sous toutes ses formes au Sénégal et proposer des moyens de prévention.

Le Centre des Hautes Etudes de Défense et de Sécurité (CHEDS) a publié un document sur le rôle de la société civile dans la prévention de l’extrémisme violent au Sénégal en prenant le cas de la Casamance. Mieux, il fait état des nouvelles formes de menaces auxquelles le Sénégal est exposé et des stratégies à développer pour faire face aux défis sécuritaires.
Le conflit casamançais a servi de prétexte au CHEDS pour étudier l’extrémisme violent sous toutes ses formes au Sénégal et proposer des moyens de prévention. Selon l’organisation, l’apparition de nouvelles menaces dites «asymétriques» et l’échec des réponses exclusivement militaires ont mis en exergue la nécessité d’une approche holistique de la sécurité, mettant en avant l’individu à la fois victime et acteur.
Poursuivant, elle affirme que les manifestations de l’extrémisme violent ont fait ressortir un ensemble de facteurs complexes révélant non seulement l’idéologie religieuse, mais aussi et surtout des facteurs structurels liés à l’exclusion sociale, au chômage, aux problèmes liés à la santé et au développement, mais aussi à la démocratie et à la gouvernance.
Ainsi, à en croire le CHEDS, le Sénégal, malgré une relative stabilité, n’est pas à l’abri de l’extrémisme violent. Surtout que, dit-il, le contexte sécuritaire au sud du pays marqué par une situation ambigüe de «ni guerre ni paix», avec le conflit casamançais (à travers le Mouvement des Forces Démocratiques de Casamance (MFDC), peine à être réglé définitivement. «Si l’on sait que l’extrémisme violent se nourrit souvent de conflits non résolus, le risque existe de voir la Casamance devenir un terreau fertile à sa propagande, d’où la nécessité de l’instauration d’une paix définitive dans la région et de stratégies efficaces de prévention de l’extrémisme violent», prévient le CHEDS.
STRATEGIES POUR FAIRE FACE AUX DEFIS SECURITAIRES
Par ailleurs, le CHEDS alerte sur l’existence de facteurs endogènes et exogènes qui font que le Sénégal n’est pas à l’abri de l’extrémisme violent. De plus, note-t-il, le contexte actuel marqué par la porosité des frontières requiert l’harmonisation des stratégies de sécurité. Non sans indiquer que l’élaboration d’un Livre blanc sur le rôle de la société civile dans la sécurité pourrait aider à mieux appréhender les attentes parfois complexes des populations. Aussi, cela pourrait permettre de mener des études de perceptions indispensables à la prévention, afin d’éviter les écarts entre les attentes populaires et les réponses apportées par les décideurs politiques.
De même, à en croire toujours le CHEDS, il aiderait à harmoniser les actions des organisations de la société civile pour une plus grande efficacité. Il informe d’ailleurs que l’initiative a déjà été prise par les Femmes en Casamance avec le «Livre Blanc pour la paix durable en Casamance : Perspectives des Femmes et Populations locales» qui gagnerait à être mieux exploité. Le CHEDS de marteler également que le Sénégal gagnerait à élaborer et à consigner une stratégie de prévention de l’extrémisme violent dans un document de politique nationale qui permettrait d’harmoniser et d’établir un plan d’action structuré. Celui-ci sera ainsi fondé sur une approche inclusive de la sécurité et prenant en compte les causes profondes de l’extrémisme violent. Il a été aussi préconisé la création d’organes de relais entre décideurs politiques et communautés locales qui pourraient s’avérer utiles dans la collecte d’informations fiables sur les attentes populaires et les différentes perceptions.
De même, il a été conseillé d’introduire d’autres modules sur le civisme, le patriotisme, la tolérance et l’acceptation des différences dans les écoles élémentaires. Sans compter des initiatives telles que le lancement de programmes de relance économique pour lutter contre le chômage et le désœuvrement, en soutenant par exemple l’entrepreneuriat des jeunes ; la promotion des actions de bonne gouvernance et de démocratie dans la gestion des affaires publiques et locales ; la création d’espaces de partage entre les FDS, les populations et les politiques à tous les niveaux ; la conception et la mise en œuvre d’une stratégie nationale de prévention de l’extrémisme violent.
En définitive, selon le CHEDS, le Sénégal, qui se trouve géographiquement dans une zone ouest africaine lourdement affectée par l’extrémisme violent, devrait redoubler de vigilance et suivre de très près les expériences des pays déjà touchés et qui pourraient lui être utiles dans sa politique de prévention, notamment par l’implication de la société civile. «Il devrait aussi tirer profit de l’expérience casamançaise en matière de recherche de la paix, dans la mesure où la société civile, à travers les femmes, les jeunes, les médias, les représentants coutumiers et religieux, de même que certaines organisations, a joué un rôle déterminant», lit-on en définitive dans le document.