LA COPEOL AU BORD DE LA FAILLITE
Si rien n’est fait, la compagnie nationale de Production des oléagineux (copeol) va déposer le bilan. L’huilerie, qui s’est séparée de 200 agents contractuels pour motif économique, est presque dans l’obligation de licencier des travailleurs permanents

Si rien n’est fait, la compagnie nationale de Production des oléagineux (copeol) va déposer le bilan. L’huilerie, qui s’est séparée de 200 agents contractuels pour motif économique, est presque dans l’obligation de licencier des travailleurs permanents. Selon Ibrahima Diallo de l’intersyndicale des corps gras du Sénégal, les 7 milliards fcfa de dette que l’etat lui doit, ainsi que les arriérés de l’Asprodeb estimés à 4 milliards fcfa ont entraîné l’entreprise dans un profond gouffre.
Qu’est-ce qui peut sauver la Copeol de la faillite? En tout cas, cette huilerie est au bord du précipice, de l’avis du porte-parole de l’intersyndicale des travailleurs des corps gras du Sénégal, Ibrahima Diallo. Asphyxiée par les dettes de l’Etat estimées à 7 milliards Fcfa, les arriérés de paiement de ses contractants de l’Association Sénégalaise pour la Promotion du Développement à la Base du Sénégal (Asprodeb), victime de la concurrence «déloyale» des opérateurs chinois et d’un laisser-aller du gouvernement, la Copeol invoque des raisons économiques pour se séparer de certains travailleurs permanents qui ont travaillé pendant 25 ans dans la boîte. Ce, après que 200 contractuels ont été déjà licenciés. Plus de 1 300 personnes travaillent autour de l’huilerie. Ce sont des chauffeurs, des apprentis, des journaliers, des prestataires de services et des gargotes etc. «Plusieurs familles risquent d’être disloquées parce que la Copeol ne peut pas embaucher des gens à ne rien faire», souligne le porte-parole de l’intersyndicale des corps gras affiliée à la Confédération Nationale des Travailleurs du Sénégal/Force de Changement (Cnts/Fc).
Selon Ibrahima Diallo, cette situation est la conséquence de la mauvaise politique du régime qui, d’après lui, a tardivement réagi en décidant de suspendre les exportations. Malgré les alertes de l’intersyndicale, dénonce-t-il, le gouvernement a laissé des gens écouler des graines sur le marché extérieur avant même l’ouverture officielle de la campagne. «Nous, on achète le kilogramme à 210 Fcfa, plus le frais de transport. Si on calcule le Taux sur la valeur ajoutée (Tva), on se retrouve à plus de 300 Fcfa. Le Chinois qui achète à 300 ou 275 Fcfa ne paie pas de taxes. Il envoie la graine dans son pays pour créer du travail, il génère une plus-value au bénéfice de l’économie de son pays. Nous, nous sommes là à regarder les gens exporter les bonnes graines. Après la circulaire, il ne restait plus de bonnes graines», se plaint Ibrahima Diallo. A ses yeux, le ministre de l’Agriculture, Moussa Baldé, fait un mauvais procès aux opérateurs économiques nationaux et cela ne se justifie. «Il est inadmissible qu’on donne les récoltes à des opérateurs chinois alors que nos camions ne peuvent même pas aller jusqu’au Mali. Au contraire, ce sont les camions venant du Mali qui traversent notre pays. Au Sénégal, il n’y a plus de grands transporteurs qui possèdent un parc automobile, parce qu’ils ne sont pas soutenus. Tout cela concourt à mettre notre économie à terre», fulmine Ibrahima Diallo.
La tête de Moussa Baldé réclamée
Pour Ibrahima Diallo, le ministre de l’Agriculture a montré ses limites et il doit rendre le tablier. «Tous les acteurs, à l’unanimité, demandent le départ du ministre de l’Agriculture. Cela fait 32 ans que je suis dans le secteur, mais je n’ai jamais vu un ministre aussi nul. Il a lamentablement échoué», tonne Ibrahima Diallo. Pour lui, la filière arachidière est victime du fast track. «D’autant qu’à chaque campagne, on a tenu un Conseil interministériel associant tous les acteurs pour s’entendre sur le bon déroulement de la campagne. Ce n’est plus le cas depuis qu’on a supprimé le poste de Premier ministre», déclare le syndicaliste qui estime que le secteur ne peut pas être bien organisé sans concertation avec les producteurs et les techniciens qui connaissent mieux le terrain.
L'intersyndicale réclame les assises de la filière
Les assises de la filière arachidière s’imposent actuellement pour sauver le secteur, d’après l’intersyndicale des corps gras du Sénégal. Selon Ibrahima Diallo et ses camarades, il est impératif de réorganiser le secteur. «Si on n’organise pas les assises de la filière pour revenir au dialogue et à la concertation, la prochaine campagne sera encore hypothéquée», prédit-il