LA NOUVELLE GAMME QUI FAIT TABAC
Arômes fruités, packaging séduisant, marketing digital : l'industrie du tabac redouble de créativité pour attirer les jeunes consommateurs. À l'occasion de la Journée mondiale sans tabac, le pays tire la sonnette d'alarme sur ces nouvelles stratégies

Les industries du tabac sont plus créatives avec des produits incitatifs pour attirer plus de consommateurs, notamment auprès des jeunes accros à une gamme de produits attractifs et aromatisés comme les sirops, arômes sucrés et additifs.
Ce 31 mai, c’est la Journée mondiale sans tabac (Jmst), sur le thème : «Produits du tabac et à base de nicotine : démasquons les tactiques de séduction de l’industrie du tabac.» Pour les multinationales de tabac, il y a une tactique marketing bien pensée et huilée qui utilise des arômes, un marketing ciblé et un packaging attrayant pour rendre ses produits séduisants auprès des jeunes. «Un des grands défis de santé publique est aujourd’hui l’attractivité du tabac, de la nicotine et des produits connexes, en particulier pour les jeunes. L’industrie du tabac s’efforce constamment de trouver des moyens de rendre ces produits plus séduisants, en y ajoutant des arômes ou d’autres agents qui modifient leur odeur, leur goût ou leur apparence. Ces additifs servent à masquer l’âpreté du tabac afin d’en améliorer le goût, en particulier pour séduire les jeunes», expose ainsi le ministère de la Santé.
Il y a des statistiques pour corroborer tout cela : une enquête sur les Connaissances, attitudes et pratiques (Cap), menée par le Programme national de lutte contre le tabac dans les régions de Dakar et Thiès, a permis d’évaluer la perception et les comportements des médecins pneumologues, agents du commerce, agents de la Direction générale des Impôts et domaines, agents de la Direction générale des Douanes et des vendeurs face aux Produits du tabac nouveaux et émergents. «Ainsi, les principaux résultats relèvent que la cigarette électronique est aussi bien connue (80%) chez les personnes enquêtées que les produits chauffés du tabac (53%) et la nicotine pouche (33%)», dévoile le Msas.
L’industrie du tabac sert toujours des gammes plus additives
Aujourd’hui, l’industrie du tabac est devenue encore plus agressive chez les jeunes, en utilisant plusieurs stratégies afin d’attirer «une cible cruciale pour renouveler sa clientèle et compenser les décès liés au tabagisme». Il y a une gamme de produits attractifs et aromatisés comme les sirops, arômes sucrés et additifs. Sans oublier «les cigarettes électroniques et les produits du tabac (comme les cigares aromatisés ou les capsules mentholées) souvent proposés avec des saveurs attrayantes pour les jeunes (fraise, vanille, bonbon, etc.)».
Pour le ministère de la Santé, «l’industrie du tabac utilise des arômes et des additifs pour atténuer le goût âcre du tabac et rendre ces produits plus attrayants, en particulier pour les jeunes». Il y a aussi les arômes sucrés comme menthe glaciale, fruit de la passion, fraise, les arômes rafraîchissants, qui masquent l’âpreté du tabac, rendant la consommation plus agréable, et les additifs qui sont des «agents qui modifient l’odeur, le goût ou l’apparence des produits pour les rendre plus séduisants». Et, il faut ajouter à la liste les «designs modernes avec des emballages ressemblant à des produits de consommation courante pour adolescents (stylos, gadgets ou friandises)».
Par ailleurs, il est nécessaire de souligner aussi l’émergence d’un marketing digital sur les réseaux sociaux avec des publicités ciblées. «Certains vendeurs collaborent avec des influenceurs pour promouvoir discrètement leurs produits auprès des jeunes», détaille le ministère de la Santé. Cette stratégie est validée par l’accessibilité des prix. D’après l’enquête Cap détaillée par le ministère, le prix le plus bas sur les Produits du tabac nouveaux et émergents est de 2500 F Cfa. «Dans 67% des cas, les produits sont accessibles en ligne sans aucun contrôle. 33% des ventes se font en présentiel dans des boutiques à Dakar et Mbour. Chaque année, des millions de fumeurs actifs et passifs adultes meurent de maladies liées au tabac. L’industrie du tabac essaie de les remplacer avec un discours mensonger et, comme message, ces produits sont «plus sûrs que les cigarettes», en ciblant exclusivement les jeunes, créant une dépendance précoce. La nicotine produit une addiction rapide, garantissant des consommateurs à long terme. Les Produits du tabac nouveaux et émergents (Ptne) sont répartis en 3 catégories. D’abord, il y a les produits du tabac chauffé, qui sont utilisés à travers un dispositif qui chauffe le tabac à une température inférieure à celle de la combustion, libérant ainsi des émissions contenant de la nicotine et d’autres substances chimiques inhalées par le consommateur. Ensuite, les cigarettes électroniques, qui sont des dispositifs qui chauffent un liquide contenant de la nicotine ou non générant un aérosol destiné à être inhalé. Il existe 2 générations : les rechargeables et les jetables», rappelle le Msas.
Pour casser cette consommation, le Pnlt envisage de collaborer avec l’Oms, les ministères de l’Education, de la Famille et des solidarités, de la Jeunesse, des sports et de la culture pour assurer une meilleure protection des enfants «contre l’interférence de l’industrie dans notre pays». «La Journée mondiale sans tabac 2025 est l’occasion de faire le plaidoyer auprès des décideurs pour réviser le cadre juridique de la lutte antitabac et favoriser des campagnes de sensibilisation chez les jeunes dans les établissements scolaires et universitaires. Ensemble, levons le masque et protégeons la santé publique !», appelle le ministère de la Santé.