L’AFRIQUE, LA POUBELLE DU MONDE
Le continent africain est devenu le réceptacle des produits chimiques dangereux. Un fait qui est lié surtout à la forte importation des produits dont l’utilisation n’est plus autorisée dans les pays occidentaux.

Le continent africain est devenu le réceptacle des produits chimiques dangereux. Un fait qui est lié surtout à la forte importation des produits dont l’utilisation n’est plus autorisée dans les pays occidentaux. L’annonce est du ministre congolais de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo, Arlette Soudan-Nonault. Elle prenait part à un webinaire de renforcement de capacités du Réseau africain des journalistes spécialisés en environnement (Anej).
Arlette Soudan-Nonault, ministre de l’Environnement, du Développement durable et du Bassin du Congo, dont le pays assure la présidence de la Convention de Bamako sur l’interdiction d’importer en Afrique des déchets dangereux et le contrôle des mouvements, s’indigne du fait que les déchets chimiques des pays développés soient reversés sur le continent. «Depuis quelques années, les nations du monde, en général, et africaines, en particulier, font face à des pollutions dues en grande partie à une mauvaise gestion des produits chimiques et déchets dangereux pour la plupart produits parles pays fortement industrialisés», a-t-elle dit hier, mardi 6 juillet 2021, lors d’un webinaire de renforcement des capacités du Réseau africain des journalistes spécialisés en environnement (Anej).
Mieux, a ajouté le ministre, «l’Afrique est l’un des continents les plus touchés, au regard de sa vulnérabilité et de ses moyens limités pour faire face aux défis environnementaux du moment. Comme nous le savons, les pollutions et dégradations des écosystèmes sont dues, en grande partie, à une mauvaise gestion des produits chimiques et par conséquent des déchets dangereux». Toujours dans ses dénonciations, elle souligne que «certains pays occidentaux qui ont des moyens de suivi et de contrôle plus performants ont adopté des législations visant à interdire certains produits chimiques, à cause de leur dangerosité avérée sur l’environnement et la santé humaine. Mais ces produits sont déversés en Afrique, avec des autorisations délivrées par les autorités habilitées. Parmi ces produits figurent les équipements électriques et électroniques qui franchissent nos frontières sous diverses formes, généralement en fin de vie et qui constituent le gros des déchets qui inondent aujourd’hui le sol africain». Selon toujours Arlette Soudan Nonault, «le déversement et le recyclage des déchets électroniques en Afrique représentent un risque particulièrement grave, puisque l’exposition des enfants aux produits chimiques toxiques ainsi libérés est particulièrement préoccupante. Une fois brûlés dans des décharges, plus de 1.000 substances telles que le Plomb, le Cadmium et le Mercure, présentes dans ces déchets, sont ainsi libérées dans les écosystèmes».
En outre, estime-t-elle, «la production agricole aujourd’hui suscite de plus en plus de questionnement sur l’utilisation de certains pesticides et engrais en raison de leurs effets néfastes sur l’environnement et la santé. Ces pesticides sont utilisés en Afrique depuis plus de 40 ans et, selon les estimations, le continent détient des stocks de plus de 27 000 tonnes de pesticides obsolètes à éliminer».
Face donc à l’aggravation de cette menace, tant pour les pays que pour leurs habitants, compte tenu des graves problèmes que ces produits pourraient causer en matière de santé et d’environnement, elle juge nécessaire «de renforcer les législations nationales, de manière à interdire l’importation de certains produits et équipements dangereux». Pour ce faire, dit-elle, «outre les mesures prises au niveau national, les pays africains disposent de plusieurs accords et programmes internationaux visant à lutter contre les risques liés aux produits chimiques et déchets dangereux». Parmi ces accords, il y a les Conventions de Bâle, Rotterdam, Stockholm et Minamata. Ces instruments juridiques ne suffisent pas ; d’où l’importance d’avoir, à son avis, «une coopération plus efficiente et dynamique de la part de la communauté internationale, directement concernée par la gestion des produits chimiques et des déchets dangereux».