LE MFDC PERD UNE DE SES FIGURES EMBLEMATIQUES
Entre ses positions maquisardes et sa reconversion dans la recherche de la paix, Ousmane Niantang Diatta aura marqué le Mouvement des Forces Démocratiques de la Casamance (MFDC) par ses revirements.

Décédé dans la nuit du jeudi à vendredi à plus de 70 ans à Nioro, ce chef rebelle dirigeait les bases rebelles de Sinkoume dans la zone du Balantacounda (dans la partie ouest de la région de Sédhiou). A un moment donné, Niantang comme l’appelaient ses frères d’armes était même pressenti pour diriger le maquis après le départ du chef rebelle Sidy Badji dans les années 90. Mais Ousmane Niantang se heurta à la résistance farouche de Salif Sadio qui s’impose et parvient à se hisser à la tête du maquis.
Contraint à quitter la zone, Niantang se réfugie dans le village Bissau guinéen de Eramé où il mène des activités de guérisseur. Il soigne traditionnellement des malades et met en exergue ses « pouvoirs mystiques ». Il mène des campagnes de circoncision dans la zone devenant du coup un guérisseur réputé
Quelques temps après, il renoue d’avec ses convictions indépendantistes et migre vers le Balantacounda dans le département de Goudomp où il contrôle les bases rebelles de Sinkoum .Même s’il n’a jamais revendiqué certaines attaques et braquages dans la zone, il reste que certains soupçonnaient la responsabilité de ses hommes dans ces forfaits. Mais à la faveur du déclenchement du processus de paix, le chef rebelle change de fusil d’épaule et entame une mue vers le plaidoyer pour la paix. C’est d’ailleurs ce qui, selon certaines indiscrétions, aurait favorisé son évacuation vers l’Espagne lorsqu’il était malade et très affaibli.
De retour, il peine à convaincre ses hommes qui le soupçonnent même de flirter avec l’Etat du Sénégal. Ses éléments ne lui faisant plus confiance, les portes du maquis lui sont alors fermées. Niantang se reconvertit totalement, dépose les armes et tente de convaincre ses frères d’arme de la nécessité d’œuvrer pour la paix en Casamance. Il s’engouffre dans le cercle des artisans de la paix et s’éloigne du maquis même s’il effectue des voyages secrets dans la partie sud du pays. Beaucoup plus au nord du pays que dans le sud, Niantang était entre Dakar et Nioro où il a tiré sa révérence à plus de 70 ans.
Avec sa mort, le Mfdc perd un de ses chefs rebelles, une de ses figures emblématiques qui laissent désormais derrière un mouvement divisé et orphelin de quelques-uns de ses anciens chefs.